MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Human Punk

J’ai donc fini ce bouquin de John King hier soir. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à le lire et à me laisser submerger par cet univers purement britannique.

Il s’agit d’un roman tout à fait anglais dans le fond et dans la forme, et surtout dans le thème puisqu’il s’agit d’une peinture de la société anglaise avec pour pierre d’achoppement la culture Punk. C’est une peinture des milieux prolos des années 70 à nos jours, vu au travers un garçon qui est un représentant tout ce qu’il y a de banal du punk de la grande banlieue londonienne. Le bouquin se compose de trois parties, trois époques distinctes et la manière dont la société a évolué et donc ce personnage, Joe, et ses potes grandissent et se transforment. La première partie se passe en 1977 lorsqu’il a une quinzaine d’années et est un punk de base plutôt imbécile, soulard, du genre hooligans et raciste sur les bords, qui zone avec ses potes et se bastonne régulièrement. La seconde c’est en 1988 où il revient dans sa ville après 3 ans de périple en Chine car il a appris le suicide de son pote Smiles, et la dernière en 2000 où Joe est DJ et a plus ou moins stabilisé son existence malgré une rencontre qui lui remet en mémoire son ami Smiles et le bouleverse.

Ce bouquin est terrible car il traite aussi bien de ce milieu punk qui rime avec une politique délétère thatchérienne et un profond désespoir sur fond de lutte de classes, que d’une histoire fascinante et haletante dont on veut connaître le dénouement (ce qui n’est pas évidemment dans ce format « saga » qui peut vite tourner à la chronique sans fil conducteur). Et pourtant c’est un gros bouquin qui ne se lit pas en une fois, mais qu’on ne lâche pas dès qu’on est bien rentré dans l’intrigue.

John King décrit aussi bien les sentiments de Joe que ses pensées en matières de politique, mais de manière instinctive et subtile. Ainsi il effectue une critique au vitriol de l’Angleterre mais étayée par la vie menée par son personnage. Et ce dernier ne jette pas la pierre gratuitement, en fait il crédibilise même le mouvement punk par la simple expression de son mal-être, et le peu de réconfort qu’il trouve dans la musique, la drogue ou l’identification à ce mouvement controversé.

Ce livre est aussi un joli exemple de psychologie masculine, les mecs qu’on peut voir en apparence comme des rustres avec deux neurones, dotés d’un comportement normalisé et binaire, mais qui se révèlent beaucoup plus sensibles et subtiles en réalité. On y voit aussi comment les affres de l’existence peuvent changer une personne, qu’une vie ce n’est pas forcément un processus linéaire et fatal mais qu’on se transforme à bien des étapes, et qu’on ne doit pas présager de ce qu’un homme deviendra. En outre, le style de l’écrivain est génial. Il s’envole dans des descriptions de sentiments troublantes et complexes qui ne laissent pas indifférents. Et puis, on a l’impression qu’il parle juste et vrai, ça fait du bien.

Human Punk - John King

Les publications voisines

Post navigation

Répondre à Matoo Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

:sourire: 
:clindoeil: 
:huhu: 
:bisou: 
:amitie: 
:mainbouche: 
:rire: 
:gene: 
:triste: 
:vomir: 
:huhuchat: 
:horreur: 
:chatlove: 
:coeur: 
:doigt: 
:merde: 
:ok: 
:narval: 
:mitochondrie: 
:croa: