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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Ainsi va le jeune loup au sang

On ne se refait pas, un de mes auteurs favoris est homo et c’est Christophe Donner. Il signe ce bouquin que je viens de finir, et qui m’a encore énormément plu. A la base, c’est drôle mais j’ai seulement découvert ce type par le coloc de M. qui le connaissait personnellement. J’avais alors acheté un bouquin par curiosité : « L’empire de la morale », et je suis resté scotché par cet opus qui est une petite merveille de littérature. Je me suis senti extrêmement proche du narrateur de ce bouquin en particulier.

On retrouve dans ce livre-ci la superbe plume de Donner. Loin du maniérisme ou de la complexion des auteurs français traditionnels, il manie le verbe avec une précision et une virtuosité hallucinante, et pourtant je ne pense pas qu’il fasse cet effet à tous, non je crois plutôt que j’ai un vrai coup de coeur pour cet écrivain dont les phrases me prennent directement aux tripes. Par contre, j’y ai aussi trouvé le défaut que j’avais remarqué dans ses autres ouvrages, je n’aime pas la manière dont les bouquins se finissent. C’est presque bâclé, on se demande s’il n’a pas manqué d’imagination pour finir ses intrigues. Ses bouquins se terminent souvent très abruptement et sans discernement, du moins c’est ce que j’en perçois (pas, justement). On est pris dans une histoire et hop en une page et demi c’est fini, ou bien l’auteur se perd en conjectures fumeuses et digressions purement littéraires qui me gonflent un peu. C’est dommage car je suis un fan intégral du reste ! Il décrit à chaque fois des personnages passionnants et à la psyché intense et complexe, des personnages qui pataugent dans la vie, aussi bien avec leurs proches que leur environnement. Il met assez souvent en scène des personnages homos dont on sent la proximité avec l’auteur et auxquels je m’identifie plus ou moins.

Le personnage central est un garçon déchiré par la mort de son père et qui, pas vraiment pris en charge par sa mère qui finit internée, trouve refuge dans la résistance qui anime son quartier devant les travaux de la Tour Montparnasse en pleine construction, et le risque grandissant d’expropriation. C’est un roman d’initiation d’un jeune complètement paumé qui finit par essayer de dynamiter la tour et par aller en prison (où il se fait violer par des taulards immondes). Il se drogue avec des héroïnomanes qu’il héberge dans sa maison aux fenêtres murées devenue squat à défoncés. Il oscille entre l’abandon de lui-même et la quête de sens dans les bras d’un couple, alternativement la femme et l’homme. Enfin c’est une histoire complètement ouf, mais narrée avec un talent incroyable, beaucoup de poésie et d’authenticité.

Ce passage qui décrit l’effet de la drogue est sordide et sublime, j’adore :

Après, quand ça monte, ça devient autre chose, ce n’est pas du bien-être, même l’histoire du planer c’est très exagéré, publicitaire, l’héroïne ferait plutôt l’effet d’une gomme, le passage d’une gomme sur les pensées douloureuses, sur l’ennui, la fatigue, la haine, tout ce qu’il y a de lourd, de chiant, ça disparaît, et au réveil, il n’y a aucun souvenir, juste le passage de la gomme, les heures en poudre, desquamation d’une existence à effacer. Cette sensation d’effacement, c’est ça que j’aime et que je cherche. Je ne ramène de ces trips aucun mot, ni quoi que ce soit d’artistique ou des conneries comme ça, le passage de la gomme est ineffable, et celui qui prétend que ce n’est pas merveilleux est un escroc, ce qui est déjà trop en dire, mieux vaut se taire et en reprendre.

Ainsi va le jeune loup au sang - Christophe Donner

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