MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Je ne me doutais de rien

Hier, dans le métro, une dame évoquait à sa comparse le cas de son fils qui doit avoir sept ou huit ans et qui est relativement angoissé de nature. Notamment, elle décrivait, un peu en souriant, une attitude assez singulière chez lui. En effet, il est déjà très préoccupé et soucieux de son avenir et il stresse énormément quant à sa scolarité, et généralement il pose beaucoup de questions sur son avenir. Il demande à sa mère ce qu’il va devenir plus tard, où va-t-il habiter, que sera son job etc. Elle racontait cela plutôt comme une anecdote, une simple lubie de gamins qu’elle règle à coups de « mais tu as bien le temps de voir », « ne t’en fais pas pour le moment, c’est quand tu seras adulte que tu regretteras l’insouciance de l’enfance » etc. J’espère d’ailleurs qu’elle était un peu plus explicite avec son fils, parce que sinon je doute qu’il ait saisi toute la portée des réponses laconiques et humoristiques de sa maman.

J’avais envie de lui dire qu’elle avait en effet besoin de lui répondre mais de ne surtout pas lui mentir. Je crois qu’il faut simplement lui expliquer que, ni elle, ni lui, ni personne ne peut connaître l’avenir, mais qu’il sache simplement que le futur est une conséquence du passé. On récolte ce qu’on sème, en positif comme en négatif. Du coup, il faut simplement savoir qu’au mieux on agit, au mieux on devient. Et aussi expliquer à ce bout de chou que quoi qu’il arrive dans sa vie, ses parents seraient là pour lui, et que les sentiments qu’ils se portent sont avec certitude passés, présents et futurs.

Je ne sais foutrement pas si ce sont les bons mots, mais instinctivement c’est ce qui me vient quand j’y pense. Et finalement, j’ai pensé à mon enfance et à mes craintes de l’époque. J’ai des souvenirs saisissants de mon passé et notamment de la maternelle et l’école primaire (ce qui à priori n’est pas un cas général). Je me souviens également mais de manière parcellaire de ce que je pensais à l’époque. J’avais peur que mes parents soient au chômage car la conjoncture était dégueulasse (influence télévisuelle inexorable) et du jour au lendemain cela pouvait leur arriver. Du coup, j’avais la flippe qu’on se retrouve au dépourvu et qu’on devienne indigent. J’ai toujours eu cette fébrile sensation d’être sur le fil, et de tout juste échapper au vide sans fond de la misère. C’est pourtant étrange car, bien que venant d’une famille modeste, je n’ai jamais manqué de rien. Et pourtant l’environnement plutôt humble où j’ai passé mon enfance reflétait cette crainte atavique. Cet effroi a perduré dans la suite de mon parcours, puisque je n’ai pas voulu vraiment poursuivre des études classiques uniquement car je pensais que mes parents ne pourraient pas assumer cela, et que je devrais me mettre à bosser rapidement (assertion totalement stupide mais à laquelle je croyais sincèrement). Depuis que je travaille et encore à présent, j’ai assez peur de l’avenir, et je suis un garçon plutôt pessimiste et fataliste. Je peux difficilement m’imaginer sans travail (en changer par contre oui, heureusement) car cela me ferait grave paniquer, alors qu’il n’y a pas vraiment de raisons objectives à cela.

Et je me dis, en effet, en tant que môme, est-ce que je me doutais de tout ça ? De moi, là, avec mon parcours scolaire, puis professionnel, mes expériences de vie, mes espoirs et mes convictions ? Non, je voulais être archéologue. Je voulais faire des recherches dans les fouilles précolombiennes pour trouver les cités d’or (avec Esteban, Zia, Taooooo les cités d’orrreuuuuh !). Est-ce que je savais que j’étais pédé comme un foc ? Bon… ouai ouai, faut avouer que oui. Bien sur, j’étais amoureux de ma copine Morgane en CE2, mais je kiffais bien aussi Laurent en CM1 sans mettre de nom sur ça. Mais je ne me voyais pas l’assumant comme aujourd’hui, je me considérais plutôt comme un suppôt de Satan, une engeance de la nature, un être doté de pulsions bizarres et qu’il fallait réprimer (et encore je suis né dans une famille prolo de gauche et laïque !). Déjà qu’en tant qu’adolescent on a pas idée de ce qu’on sera dans six mois, vu qu’à cet âge on rencontre des gens nouveaux tous les week-end et que les orientations se font un peu au gré des envies, alors pour un enfant je comprends le stress que cela peut représenter.

J’aurais bien aimé être rassuré sur pas mal de points en tant que gamin. Mais bon, je sais bien qu’en tant que parents, on repart à zéro et on refait toujours les mêmes conneries. En outre, je comprends tout à fait qu’il est difficile de mettre en perspective les problèmes qu’on a résolu depuis longtemps. Et d’ailleurs obstacles franchis sans difficulté puisque dans le cas de l’incertitude, il a suffit d’attendre que le temps passe et les craintes se sont naturellement estompées… pour laisser place aux regrets. Donc je pense qu’un gamin à besoin d’être rassuré mais pas seulement en le faisant vivre dans un conte de fées, ou bien en molletonnant son existence, mais plutôt en faisant preuve de franchise et de confiance en son exercice de la raison. Ouai, on ne sait pas ce qu’on va devenir. Bien sur le faisceau des possibles se réduit comme peau de chagrin avec le temps, mais nous-mêmes que serons-nous dans quelques années ? Heu…. ?

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  • “je pense qu’un gamin à besoin d’être rassuré mais pas seulement en le faisant vivre dans un conte de fées, ou bien en molletonnant son existence, mais plutôt en faisant preuve de franchise et de confiance en son exercice de la raison.”
    :ok: y’a des moments je vais regretter que tu ne sois pas “parent”, cher Matoo…
    (et je ne rigole même pas en écrivant ça…)

  • entre ce que l’on pense que l’on écrit et ce que l’on est capable de mettre en place ya souvent un fossé sans vouloir être trop pessimiste…j’ai toujours été comme matoo dansma vie aussi et maintenant je me rend compte que ça venait et viens toujours d’un caractère à la base trés angoissé…
    Il ya des gamins que l’ont responsabilise trés difficilement et d’autres que l’on arrive jamais à rassurer suffisament sans que les parents y soient vraiment pour quelque choses…je crois qu’un parent ça doit tout simplement aimer son gosse ..;le lui faire sentir et faire son possible pour l’élever au mieux selon ses possibilités…et je crois pas qu’il y ait de solutions miracle pour ça malheureusement…
    J’ai connu des parents qui ont fait tout leur possible pour élever leur gosses au mieux et qui on l’impression d’avoir échouer en fin de compte…
    Finalement les pédés sans gosse se verront cette épreuve épargnée…
    Malgré tous les bon sentiments dont je me sens capable…je crois que je ne pourrait jamais élever sereinement un gamin…ça me remettrait trop souvent face à mes propres angoisses et les amplifierait de manière insupportable

  • C’est ce que vivent chaque parents Lulu. Ils vivent ce stress malgré tout. Et projetent souvent (inconsciemment) leurs propres angoisses sur leurs enfants. Si ceux-ci sont hypersensibles alors…

  • ” mais qu’il sache simplement que le futur est une conséquence du passé. On récolte ce qu’on sème, en positif comme en négatif “

    donc si je te suis bien, ceux qui sont dans la merde aujourd’hui, c’est qu’ils ont mal agit dans le passé ? c’est qu’ils ont péché et qu’ils le paient ?
    je pense que l’on peut être malheureux sans avoir jamais rien “semé” de négatif.

  • Maman- Tu veux connaitre ton avenir ?
    Fifils – Ouii!
    Maman – C’est simple. tu iras à la fac, car nous n’avons pas les moyens d’autres choses. Ensuite, tu rateras une ou deux années car tu découvriras les plaisirs de la chair. Tu choisiras un métier un peu au hasard, en fonction de tes facilités (dans le meilleur des cas). Tu te feras exploiter pendant 45 ou 50 ans au boulot pour finir dans ton studio HLM sans argent ni retraire. Tu finiras tes jours dans ce meme studio, seul, en pleine période de canicule alors que tes enfants seront sur la côte d’azur.

  • Bradshaw> On peut avoir déconné ou bien avoir rater le coche, ou bien parfois c’est simplement un effet du hasard bien sur ! Je n’ai pas du tout parlé de culpabilité dans tout ça. Seulement même quand on a eu tort, et qu’on est pour cela en échec, c’est bien de se dire qu’on a eu tort et qu’on utilise son expérience pour être plus heureux. Et être heureux c’est sans aucun sentiment de jugement, on est pas tous heureux de la même manière et quant aux mêmes facteurs…

    paumé> Oui et non. Oui car statistiquement, c’est certainement le cas. Non car on ne peut présager de rien, la fatalité n’existe pas ! :-)

  • Le tout petit arnold , un enfant malingre et timide du Tyrol, demandait souvent à ses braves parents de quoi était fait l’avenir, il angoissait beaucoup, il imaginait plein de scénarios possibles …. que lui dire ? que lui conseiller ? évidement si on lui avait dit qu’un jour peut être il serait gouverneur de californie , après avoir été mister monde et blockbuster à hollywood, puis qu’il sera prix nobel de la paix … non il ne fait pas raconter des sornettes aux enfants °°°^^^°°°

  • Alors, dépité, ne sachant que faire, le petit arnold poussa sur ses petits bras qui se musclerent et tout plein de bonnes gonzes se mirent entre ses cuisses et Arnold devint celebre par ces biceps et sa queue. Demain il sera président…

  • pas crédible un instant. faut pas oublier que les gens vont voir des films et votent en leur âme et conscience après avoir réfléchi puis choisi un film/candidat. Pfff, n’importe nawak!

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