MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les Internautes et la toison d’or

Lundi soir, nous sommes allés dînés avec M. chez des potes que nous connaissons du net depuis quelques années. En fait, ce sont des personnes que j’ai connu sur feu Yarps, puis sur gayvox (terre d’asile pour Yarpsien en quête de zone d’expression). Yarps a été une expérience majeure pour le marketing des sites gays. Ce sont les premiers à avoir lancé leur site en grande pompe, à renforts de pub télé, radio, affichages, pendant cet âge d’or de l’internet bien caduc aujourd’hui. A l’époque, cela m’avait interloqué et j’étais partagé entre enthousiasme et scepticisme, car d’une part, c’était un site dédié aux gays et lesbiennes avec une vocation qui apparaissait plutôt saine et de bon aloi, un site qui revendiquait son appartenance et ne se dissimulait pas. Mais d’autre part, j’ai toujours été indécis sur le fait que Yarps était un service de Spray (grand groupe web à l’époque), et qu’il avait donc choisi d’intervertir les lettres de leur site « grand public » pour les bien nommés invertis ! J’ai toujours été indécis sur cette stratégie tout à fait habile pourtant de se placer en chantre du pédécopinage (toujours mon néologisme pour traduire gay-friendly), tout en se positionnant avec un nom différent et une communication bien distincte entre les homos et les hétéros (SprayDate).

Néanmoins, l’expérience de la migration des Yarpsiens vers Lycos a prouvé les limites actuelles de l’intégration. En effet, lors de mon arrivée sur Lycos (quand Yarps a mis la clef sous la porte et a été racheté par le ienche), j’ai été surpris de la levée de boucliers que j’ai du affronter pour être un homme qui « cherchait » un homme (déjà on devait se qualifier en tant qu’homme ou garçon… distinction assez complexe… question de pilosité peut-être… et faire des requêtes en cherchant un homme ou un garçon). La plupart des pédés sont alors partis car l’homophobie était vraiment pugnace, et c’était encore pire pour les goudous (sollicitées évidemment que par des hétéros). Et gayvox est donc devenu un des sites où nous avons atterris et continué notre périple. Citegay était déjà un pilier du net et avait déjà une solide réputation dans le domaine de la boucherie en ligne assez efficace.

Les personnes présentes à cet excellent dîner (on a mangé un plat asiatique des plus fameux) sont donc des usagers de ces divers sites gays depuis pas mal de temps. Mais au final, je me suis rendu compte qu’aucun d’eux n’avaient payé pour aller surfer sur gayvox. Depuis quelques temps, les sites gays comme leurs homologues hétéros doivent affronter la réalité de l’économie et tenter, sinon de rentabiliser, d’au moins amener leurs clients à payer pour certains services. Citegay a essuyé les plâtres et tous s’y mettent au fur et à mesure. Or la « rencontre » est le phénomène internet pour lequel les gens ont une certaine propension à mettre la main au portefeuille. Apparemment, Citegay arrive même à équilibrer son bilan depuis peu… et c’est vrai que dialh est toujours blindé (Quoi comment je sais ça !? Heu… bin je fais de la veille marketing, c’est très important d’être au courant de ce qui se passe chez les célibataires lol).

Ce qui est marrant concernant gayvox, c’est que manifestement les gens en ligne sont toujours aussi nombreux en moyenne, mais que les forum ont notoirement été désertés. Les forum ont été pendant deux ans le lieu de rencontres plutôt convivial d’une bande de joyeux drilles pas vraiment là pour draguer (ou alors en dilettante, arf !), mais plutôt pour échanger, communiquer, se poiler et ronchonner sur tout et n’importe quoi. Et clairement, lors du passage au payant, ce sont ces personnes là qui se sont fait la malle. C’est dommage car c’était un peu la fenêtre visible du site et une preuve d’un dynamisme plutôt rare sur ce genre de site où la communauté revêtait tout son sens. Mais payer pour amuser la galerie, il est assez logique que ça ne fonctionne pas vraiment. Et pourtant, ce n’est vraiment pas cher, mais on est vraiment retors à payer pour des services qu’on a eu gratuit pendant longtemps. En Angleterre ou au US, c’est depuis longtemps une habitude et une logique économique implacable qui rend toutes les entités payantes et des abonnés usités à la relation mercantile. En fait moi je me sens plutôt comme un papillonneur qui a envie d’aller butiner à droite et à gauche sur des sites et plutôt en flânant. En conséquence, je me vois mal payer pour cela. Je profite donc des périodes de gratuité et autres possibilités d’accès pour indigents. Mais j’ai tout de même acquis un certain nombre de points sur gayvox pour y accéder quand je veux, et surtout en tant que remerciement pour services rendus. ;)

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  • Hum, 15 euros par mois c’est la moitié de l’abonnement ADSL : oui, c’est cher, s’il faut payer ~30 euros par mois pour avoir tout l’Internet chez soi, d’en payer 15 pour un site de rencontre. Une association quelconque (autre moyen de rencontrer des gens), c’est 15 euros par an, typiquement (et pour avoir été trésorier d’une association je sais que même là il y en a qui rechignent beaucoup).
    Ce n’est pas tout. Même si on n’est pas réticent soi-même à payer, on peut se dire que plein de gens le seront, donc il y aura beaucoup moins de monde que sur les trucs gratuits, donc c’est moins intéressant, donc je n’y vais pas. Et on peut se dire que plein de gens feront le raisonnement ci-dessus (même s’ils ne sont eux-mêmes pas réticents à payer), donc encore moins de gens, donc j’y vais encore moins. Etc.
    Je dirais que l’avenir appartient à deux choses : au semi-gratuit, où on a des services de bases réellement utilisables, mais on peut payer pour avoir des choses en plus (ceci dit, il faut faire très attention à bien équilibrer les deux, pour que les deux soient vraiment attractifs), d’une part, et au distribué d’autre part. « Le distribué », je veux dire des schémas comme FOAF, où on n’a pas un site qui centralise tout, mais on peut se répartir sur plusieurs sites (et idéalement faire des recherches sur tous à la fois) avec un mécanisme d’interopérabilité : c’est encore tout nouveau, mais ça pourrait bien donner des choses vraiment fortes.
    Sinon, gayvox m’avait surtout énervé parce qu’ils refusaient les URL externes dans les portraits, ou quelque chose de ce genre : faut pas se foutre du monde, non plus, dans la tentative de garder les usagers captifs !

  • Ouai vous avez raison, 15 euros par mois au fond c’est cher ! C’est plus abordable quand on considère un achat à l’acte, vu que ce sont très souvent des sessions offertes qui sont dispos !

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