MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Mystic River

Le film débute et s’achève sur cette même vision qui à la fois explique, initie et conclut l’intrigue. Une dalle de béton avec des noms gravés dans le ciment frais, une connerie de trois mômes, trois copains de l’époque. On lit JIMMY, SEAN et DA pour Dave. Ce dernier étant incomplet car Dave a été enlevé puis séquestré par deux hommes qui, en se faisant passer pour des flics, l’admonestent et le font entrer dans sa voiture sous le regards ébahis mais résignés des deux autres compères. Dave s’échappe 4 jours après, 4 jours de sévices qui le marquent à jamais et qu’il tente d’oublier pour continuer à vivre.

Toujours la dalle de béton, toujours ces noms, toujours ce nom incomplet, et les trois amis des années plus tard, Sean Penn (Jimmy) est plus ou moins voyou et ex-taulard, Kevin Bacon (Sean) est un flic de la criminelle qui vient de se faire larguer, tandis que Dave (Tim Robbins) s’est marié et a eu un enfant. Le drame retentit et la machination infernale se (re)met en route lorsque la fille de Jimmy est retrouvée assassinée, et un faisceau de soupçons tendent à incriminer Dave.

Ce film est un des meilleurs opus de Clint Eastwood, autant dans la réalisation que dans la direction d’acteur. Mais il est aussi terriblement bien servi par une brochette d’acteurs qui fait des merveilles, Sean Penn, Kevin Bacon et Tim Robbins rivalisent en excellence dans ce film délicat. Les seconds rôles tenus par Laurence Fishburne et Marcia Gay Harden (déjà formidable épouse de Pollock) ne sont pas en reste dans cette pléiade de talentueux comédiens. Et puis simplement et terriblement, l’intrigue est excellente. On est engoncé dans un présent qui suinte des traumatismes du passé, un présent où l’amitié qui lie les protagonistes n’est plus qu’une mascarade avec une même excoriation morale : ce qui est arrivé à Dave et le sentiment de culpabilité qui en découle. On suit donc l’évolution des trois personnages tout au long du film, où se révèlent leurs peurs, leurs faiblesses et leurs singularités.

Les rebondissements du film en font un excellent thriller avec notamment cette culpabilité qui passe de suspects en suspects, et dans le fond on a une peinture pleine d’acuité de la violence urbaine et de ce milieu populaire de Boston. Enfin, j’ai été particulièrement marqué par le jeu de Tim Robbins qui est la victime ultime du film, celle qui souffre depuis le commencement et qui n’est jamais vraiment sorti de son cauchemar. La manière dont il se projette en tant que gamin, poursuivis par des loups dangereux, et l’exposé de son psychisme perturbé et de ses angoisses sont brillamment décrits et mis en scène. Comme si dès le début du film, le sort s’était abattu sur ce gamin, comme si ce meurtre devait lui retomber dessus par le plus malheureux des hasards. Un film écorché vif, brutal et angoissant sur la fatalité, où un des derniers plans remontre ce pavé de ciment avec ces noms, et ce dernier nom jamais achevé.

A lire aussi, la critique de mon aquoiboniste favori…

PS : Un bémol technique qui m’a vraiment choqué : quand Sean Penn vient voir sa fille à la morgue des pompes funèbres, il lui pose une robe sur elle. Alors on voit la robe qui se soulève au rythme de respiration de la fille… pas top crédible donc…

Mystic River

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  • Doc> Ben j’ai fait attention à pas en raconter factuellement plus que le résumé d’allocine. :euh:
    Cyril> Moi j’y vais seul la plupart du temps en fait. Il faut prévoir je ne sais combien de temps à l’avance avec mes potes… moi c’est du spontané.

  • J’adore ta conclusion [et en suis jaloux :D] sur la destiné fatalament tragique du personnage de Tim Robbin. Et avec le recul je me dis que c’était fatalement prévisible, pourtant on se fait avoir. Vraiment j’ai adoré ce film.

    Garfieldd: il le dit ici aussi, ce doit donc être vrai!!! :lol

    PS: Matoo: tu as l’oeil, j’avais remarqué cette “erreur” également. Le monteur gît-il au fond de la Mystic River les pieds dans un bloc de béton? :mrgreen:

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