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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Kill Bill : volume 1

Tarantino est tout de même un tantinet mégalo. Il le dit en gros et à renfort d’effets et de musique, avec placardé en plein milieu de l’écran pendant le générique : « LE QUATRIEME FILM DE QUENTIN TARANTINO ». Mais il est difficile de critiquer plus avant le type qui m’a donné du plaisir pendant 1h52. Néanmoins, ce n’est pas un Tarantino classique à deux égards. D’abord, le scénario est du genre primitif… « elle doit se venger en tuant Bill ». Ensuite, les dialogues sont minimalistes alors que le verbeux Tarantino nous avait habitué à des échanges logorrhéiques entre de charismatiques personnages qui finissaient toujours par s’entendre à coups de flingues.

Comme j’ai vu Zatoïchi récemment, je n’ai pas pu m’empêcher de faire une comparaison. Et autant Kitano a filmé une histoire japonaise avec des réminiscences de cultures occidentales, autant Tarantino a filmé une histoire américaine nourrie d’une intense culture nipponne, qu’elle soit dans le domaine cinématographique ou de l’animation. Il s’agit bien du talent syncrétique de Tarantino qui mélange les genres avec une manifeste jubilation, qu’il transmet aisément au public. La bande-son est fabuleuse et d’un éclectisme rarement rencontré. Ce film est la rencontre de l’occident avec l’orient, du western et du samouraï (je pense aux « Sept samouraïs » Kurosawa et son remake occidentalisé : les « Sept mercenaires » de John Sturges) , des femmes à la beauté transcendée par une habile caméra et des tueuses impitoyables et cruelles. Et il mixe le tout pour donner une oeuvre pleine de reliefs et de dynamique, les combats aux sabres sont des duels au soleil sur fond de musique de western dans un jardin d’hiver japonais, tandis que le récit de l’enfance d’une des tueuses est narré par la mise en abîme (si si si si, j’ai le droit de le dire là) d’un film d’animation.

C’est un film violent, extrêmement violent même, mais finalement drôle et ironique dans l’excessivité. Il utilise des tonnes d’hémoglobine conformément aux films asiatiques desquels il s’est inspiré, ou pour des gens de ma génération, on a l’impression que certaines scènes sont directement issues de « Ken le survivant ». Au début, certaines scènes sont difficiles à soutenir, mais rapidement on émerge dans un monde de manga et de violence à outrance qui confère au film et au scénario un caractère tout à fait improbable, et laisse donc la liberté d’en rire (sinon il vaut mieux quitter la salle comme certains ont fait). Et au final, j’ai donc trouvé que ce film était beaucoup moins violent que « Jackie Brown » ou « Pulp Fiction ». Les femmes sont les guerrières dans le film, et ce sont des sauvageonnes de chez sauvageonnes ! Elles se saucissonnent, se découpent au sabre ou au couteau, se démembrent pour se venger, et n’ont aucune miséricorde, de vrais yakuzas au féminin que Kitano ne renierait pas.

Le scénario est minimal dans ce volume 1. Clairement, s’il s’était agit d’un seul et unique film, j’aurais été déçu et l’aurais jugé comme un exercice de style qui manque de souffle et de fond. En fait, c’est un teaser génial, qui se termine en donnant une énorme frustration au public. Je n’ai pas trouvé que c’était trop long du tout, j’ai au contraire pris cela comme une exquise mise en bouche, et l’opportunité quand on s’appelle Tarantino d’utiliser tout un long-métrage pour simplement poser le décors, les personnages et son univers. C’est pour cela que je suis impatient de voir la suite, et que j’attends d’en avoir encore plein la vue et être autant subjugué par cette approche esthétisante, ce dans quoi il excelle. Néanmoins, le scénario doit prendre plus de consistance et les personnages de nuances. J’espère qu’il saura allier les qualités plastiques, musicales et scéniques de ce premier volume, avec une histoire et des rebondissements qui me feront exulter de plus belle.

Kill Bill Volume 1

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  • Bon ben voilà, la critique que je voulais pondre depuis une semaine pour ce film, tu as réussi à la faire. :-D
    Donc je pense tout pareil. (juste en rajoutant que la violence de ce film est une violence belle et chaude, pas froide, et ça, c’est rare)

  • Je ne crois pas que l’histoire ait la moidre importance. Comme toujours chez Tarantino, ce qui compte, ce n’est pas ce qui se passe, mais comment cela se passe. D’où un scénario minimaliste qui tue tout embryon de suspense dans le premier 1/4 d’heure.

  • moi, je reste fan des Soeurs Soleil. le chef d’oeuvre absolu du cinéma avec Clémentine Célarié et Marie-Anne Chazel, dans les rôles surprenants de vieille salope pour la première et vieille bourge pour la seconde. Un film imprévisible d’une profondeur absolument invraissemblable.

  • Aaaah, “Les Soeurs Soleil”… :berk: Je l’avais critique sur mon site quand cette divine oeuvre d’art avait refait surface une enieme fois a la television le 1er juillet dernier. Histoire de feter l’ete, je ne sais pas, mais c’etait un grand moment.

    Sinon, je ne trouve pas que les personnages de “Kill Bill” (la transition est douloureuse quand meme) soient si denues de fond. Au contraire, pour moi, la maniere dont tout est agence (flash-backs, scenes apparemment anodines, combats, etc.) en apprend beaucoup plus que de longs dialogues, car ca passe plus par le ressenti que par le demontre.

  • et maintenant il veut me droguer pour abuser de moi. c horrible. bouhouhou :'(

    je ne suis pas un sodomite moi monsieur. non mais. contrairement à toutes ces petites tarlouzes qui trainent sur ce blog. non mais. je suis pas du style à écarter les jambes sous prétexte qu’on m’a offert de délicieux chocolats fourrés de chez Léonidas et qu’on m’a préparé un petit thé “Fleur de la jungle” et qu’on me fait pleins de câlins au chaud devant un film romantique légendaire (comme les Soeurs Soleil par exemple) :p

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