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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Des aveux

J’ai le premier ouvrage de Gonzague de Larocque qui est autobiographique et est sous-titré : « chronique d’une enfance homo ». Il s’agit d’un roman qui flirte avec l’essai, et qui, partant de l’expérience de l’auteur, postule qu’il n’existe pas que des adultes homosexuels, et que l’orientation n’apparaît pas comme par enchantement à 20 ans. Ainsi, il narre son enfance et adolescence d’homo, et nous fait part de son histoire avec sa singularité et ses banalités, mais aussi avec un point de vue original puisqu’il évoque des émotions et moments que pas mal d’homos ont du ressentir, et qu’une majorité d’hétéros doit ignorer ou occulter.

J’ai été bouleversé par certains chapitres car il met des mots et une sincérité touchante sur des périodes de l’enfance que j’ai similairement vécu. Aussi, je me suis senti particulièrement interpellé par son récit, et surtout la manière dont il pose son regard sur son passé (pas si lointain) et son habilité à décrire ses sentiments et décrypter ses comportements. Il démarre sa chronique par ses premiers souvenirs d’émoi envers la gente masculine (moi c’était en maternelle), et la confrontation douloureuse de ce qu’il ressent avec son milieu social et son environnement quotidien. On évolue ainsi avec lui dans son enfance et ses tâtonnements. Il nous montre la manière dont il a peu à peu appréhendé sa vie et sa « condition », comment il s’est d’abord flagellé et a nié son homosexualité, comment il a tenté de s’exorciser avec l’aide de la religion et comment toutes ses tentatives ont échoué, lui ont confirmé son aliénation, et surtout l’ont confiné dans des sentiments d’autodépréciation.

C’est étrange comme je peux faire des comparaisons entre son parcours et le mien, alors que nous sommes issus de deux milieux complètement différents. Mais en fait, l’homosexualité n’est pas plus taboue dans un milieu que dans un autre. La seule différence est que, bénis soient mon pôpa et ma môman, je suis athée et donc, j’étais au moins débarrassé de la sempiternelle culpabilité chrétienne. Mais bon, je n’ai pas cherché longtemps avant de m’infliger un autre joug aussi sclérosant. Et j’ai tant de souvenirs pénibles ou même d’extrême détresse, et sans pouvoir me confier à personne, concluant sur ce que je pensais incarner : une véritable engeance. La lecture du bouquin a eu deux effets contrastés, l’un assez désagréable, de me remémorer une enfance aussi douloureuse que la sienne (seulement à ce propos car comme lui je n’étais pas non plus Cosette), et l’autre plus gai, de constater avec bonheur la finalité de cet embrouillamini que fut mon apprentissage de la vie.

Et il décrit ainsi, au fur et à mesure, son éveil et son émancipation par rapport à lui-même, puis à sa famille et son entourage. Certaines rencontres ou moments charnières émaillent sa chronique et nous font comprendre son cheminement de l’acceptation à l’affirmation, et lui-même illustre cela en disant qu’il passe alors de la crainte de l’homosexualité à celle de l’homophobie qu’il ressent de la part de la société. Gonzague a un truc vraiment puissant, c’est qu’il ne livre pas ici un manifeste pour la défense des homos. Il ne fait pas sa gaypride perso dans son bouquin, il est même plutôt du genre anti-communautariste. C’est un garçon simple et modeste, qui veut simplement expliquer sa manière d’aimer et ne demande que la reconnaissance de ce sentiment si noble, même entre hommes. Son message est universel et devrait rencontrer un écho chez des gens de toute obédience. En outre, il écrit très bien, et notamment il exprime ses sentiments avec une authenticité qui touche directement le lecteur.

Des Aveux - Chronique d une enfance homo

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