J’ai lu ce bouquin, « Boy », de James Hanley qui fut interdit par la censure anglaise lorsqu’il est sorti en 1931. En effet, il était considéré comme obscène, malgré la défense qu’il reçu de personnalités telles que E.M. Forster ou H.G. Wells. Donc je me suis dit que ça valait le coup d’y jeter un oeil.
C’est un bon bouquin mais qui souffre un peu de son genre : du réalisme irlandais des années 20. On y trouve une pauvreté et une misère omniprésente, des personnages qui vont de Charybde en Scylla et dont la souffrance est porté au pinacle jusqu’à une fin forcément tragique. Wow. Dur. Et la pire des configurations est évidemment lorsqu’un traitement pareil est appliqué sur un personnage enfant. On obtient alors un Oliver Twist puissance 10 dans le désoeuvrement et les péripéties malheureuses.
Pour faire court, Arthur Fearon a 13 ans. Il aime l’école et peut même avoir une bourse pour continuer ses études, mais ses parents l’émancipe avant même l’âge obligatoire (14 ans) afin qu’il travaille avec son père sur un chantier naval. Ses parents sont violents et le forcent à aller travailler dans des conditions miséreuses (riveter des chaudières à 100°C dans le noir, ou écoper l’eau pleine de rats et de déchets nauséabonds des cales de bateau en rade etc.) afin de joindre les deux bouts. Arthur décide de s’enfuir, il trouve refuge sur un bateau en partance pour l’étranger en tant que clandestin. Il pense devenir matelot, et s’en sortir ainsi. En fait, il devient l’esclave attitré de tout le bateau en tant que mousse, et pour couronner le tout, subit les agressions sexuelles de plusieurs marins. Bien sûr, il meurt comme un chien à la fin, à même pas quinze ans (dans des conditions… oh là là). Wow. Dur.
Ce bouquin m’a filé le bourdon pendant quelques jours, mais je dois avouer qu’il est plutôt bien écrit, et que les personnages sont vraiment inspirés. Le récit se lit facilement, et les intrigues sont assez simples et linéaires. Ce n’est pas vraiment un immense roman, et j’imagine que sans le scandale qui l’a auréolé d’une certaine légende, il ne serait certainement pas passé à la postérité. Mais ça n’en reste pas moins le genre de bouquins qui aurait du sortir à son époque, car, comme Zola l’a fait en France en son temps, ces livres sont aussi des témoignages d’une force extraordinaire, et un véritable levier politique. On imagine en lisant ce roman tragique et poignant, la vie des enfants pauvres de l’époque et c’est vraiment à donner des frissons dans le dos, autant dans ce qui arrive à Arthur, que dans les réflexions que nourrissent les adultes de l’histoire.
En effet, tragique! Et surtout pas le genre qu’écrivent les auteurs ces jours-çi. Je viens justement trouver ton blog. Bien écrit avec des bonnes histoires. Ciao.
Je lisais Sylvie de Nodier il y a peu de temps, dans une édition scolaire. Courte chronologie en début de livre, et cette simple phrase qui m’a démoralisée: “1841: interdiction du travail des enfants de moins de huit ans”.
Arf, des “immenses romans” peuvent être simples à lire, non ? :-) Mais ce n’est peut-être pas ce que tu voulais dire. Bizoo au Matoo
à chaque fois que je lis ce type de livre, j’essaie d’arrêter de ma plaindre de sortir du boulot à 18h30 au lieu de 18h.
“un bon bouquin mais qui souffre un peu de son genre”
C’est aussi et surtout sa force. Dénoncer les conditions de vie déplorables du moment. Effectivement un genre qui manque de nos jours. Bon bah va falloir trouver le bouquin maintenant… :mrgreen:
tain matoo il deviendrait rentier en vendant ses bouquins sur priceminister !
(T’as remarqué que ton url c’est http://manu.lecentre.net/b2trackback.php/224 depuis des moooooooois ! lol)
Où peut-on le trouver ce livre, alors ? A la Fnac ? Sur amazon ?
Et bien oui, je suppose ! Moi je l’ai acheté dans une librairie vers Bastille !