Je sortais du RER un peu à l’ouest, pas très bien dans mes baskets, un peu déprimé, un peu déphasé. J’allais rejoindre M. avec un couple de potes pour aller dîner quartier Montorgueil. Je me mets un peu de musique dans les esgourdes, histoire de m’aérer un peu les synapses. Je prends la sortie Place Carrée, je file sur la droite en sortant, croise le type qui essaie tous les soirs de fourguer les journaux du jour, grimpe l’escalier mécanique Saint-Eustache pour m’extraire des sous-sols infernaux des Halles, et m’expurger de cette langueur.
Ô bonheur, en passant devant le forum des Images, je croise exactement la personne qu’il me fallait rencontrer : Ornella. C’est très bête, car Ornella est la soeur de mon meilleur pote Diego, et je ne la connais pas tant que cela. Mais j’ai beaucoup de considération et d’affection pour elle, je la trouve tellement belle, fraîche, intelligente et fine, et toujours avec ce sourire qui éclaire son visage et son optimisme à toute épreuve. Enfin bref, ce fut une illumination dans la brume de ma neurasthénie passagère. Nous avons échangé quelques mots, quelques nouvelles et puis j’ai continué mon ascension pour rejoindre la nuit parisienne, l’âme un peu plus éthérée.
Je rechausse mes écouteurs, et là, autre révélation : Luz Casal qui décide de s’y mettre.
Lo nuestro se acabo
Y te arrepentiras, de haberlo puesto fin
A un ano de amor
Si ahora tu te vas
Pronto descubriras
Que los dias son eternos y vacios sin mi
Mon coeur chavire… je continue à monter avec chaque parole qui s’imprime en moi.
Y de noche, y de noche
Por no sentirte solo
Recordaras, nuestros dias felices
Recordaras, el sabor de mis besos
Y entenderas, en un solo momento
Que significa
Un ano de amor
Je sors enfin du forum, la nuit est noire, le fond de l’air est doux, malgré un vent puissant qui a poussé les nuages et laisse apparaître une toile d’ébène percée de pointes d’épingle au-dessus de Saint-Eustache. L’église est magnifiquement illuminée, et la musique renforce encore mon émotion à la vision nocturne de cette merveille. Je tourne mon visage sur la gauche, et là, je vois un ensemble qui me stoppe dans ma progression.
Te has parado a pensar
Lo que sucedera
Todo lo que perdemos
Y lo que sufriras
La colonne Médicis pointe son paratonnerre vers le ciel, au-dessus un mince croissant de lune souligne le panorama céleste, et encore au-dessus l’étoile du Berger éclaire de mille feux ce décor surréaliste. Putain que c’est beau.
Alors le sourire me revient, le moral aussi, et je repars d’un pas plus guilleret vers mon rendez-vous. Deux personnes me croisent en regardant bizarrement l’olibrius que je suis avec son sourire niais greffé en plein milieu de la tronche. Et pourtant je n’ai rien vu de concret, rien de significatif, ou plutôt même des trucs qui auraient pu contribuer à nourrir mon spleen. Mais la conjonction de ces éléments hétéroclites a par hasard provoqué un apaisement salutaire à mon âme en berne.
Je visualise très bien le sourire béat naissant sur ton visage. N’est-ce pas l’expression du sentiment que l’on fait parti du monde, que l’on en est le spcet-acteur ? Il m’arrive souvent aussi de me rendre compte que l’on me regarde d’une manière un peu zarbi juste parce qu détail m’a fait sourire. En tout cas, tu décris admirablement cette sensation. J’en suis encore ému…
c’est tellement beau, matoo… :roll:
Serait-ce l’illustration de “prendre la vie du bon côté des choses” ? :-)
Bonjour !!*
*Voilà, maintenant, je dis bonjour quand je rentre sur un blog.
:-)))))))
:langue: :salut:
Winky, tu n’es qu’un mobcracker !!!
:mrgreen:
En parlant de Luz Casal, peut-etre que tu aimerais Lhasa… :cool: A bientot :) Elliott
:shock: mwa?
non non ;-)
j’aime bien tes emoticons
message qui n’a absolument rien a voir avec le reste mais bon…. :mrgreen:
dis, tu pourrais pas me faire une photo de l’eglise st eustache illuminé en passant une fois stp?
c’est très beau tout ce spleen…(et tellement intime au fond qu’on n’ose intervenir…)
Je m’en vais directement me procurer du Luz Casal (que je ne connais pas, mais ça ne saurait durer)
Et j’l’ai pas encore emmenè a Dysneyland Paris ! ;-)
cool les photos en illustration
Bonsoir, mon pseudo sur GA, c’est le_coutelier.
La chanson de Luz Casal, sublimissime, est l’adaptation espagnole de “Un an d’amour” écrit, composé et chanté par… Nino Ferrer !