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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Métropolis

J’ai enfin vu le chef d’oeuvre de Fritz Lang hier soir avec mon collègue Greg. Je suis sur le cul ! C’est un film extraordinaire ! Il est incroyable de penser que tout cela date de 1925 tant il est moderne par sa réalisation et son scénario. Et puis les décors et les effets spéciaux sont drôlement crédibles pour l’ époque. J’imagine que les gens qui l’ont vu la première fois au cinéma ont du être plus que fascinés par cette vision tangible directement tirée de l’imaginaire fantasque de son auteur.

Nous sommes dans un monde futuriste, mais avec des décors qui ont un relent Art-Déco futuriste de l’époque, ce qui est très drôle. Certains plans ne sont pas vraiment éloignés des panoramas de villes futuristes comme dans le « Cinquième Elément » ou « Immortal » ou bien même « Minority Report », et cela souligne encore plus la facette avant-gardiste assumée et réussie de Lang. Des ouvriers vivent dans les sous-sols ténébreux et mornes d’une ville au mille lumières en surface et à la modernité contrastante qui est habitée par des nantis. Le modèle est simple, les hommes exploitent les hommes, dans une société totalitaire où la caste supérieure s’amuse tandis que la base trime pour leur assurer confort et bon plaisir. Mais le fils du maître de Métropolis succombe au charme d’une jeune et jolie fille d’en bas qui exhorte les ouvriers à avoir confiance en l’avenir et en la paix pour un monde plus équitable. Le fils décide alors de la rejoindre et échange sa place avec un ouvrier. Il découvre alors le monde dans toute son horreur et décide de changer la donne. Le film est assez long (deux heures) et déroule une intrigue aux ressorts plutôt complexes. Il y a aussi le savant fou qui crée un automate à qui il donne la forme humaine de la fille afin qu’elle sème la discorde chez les ouvriers.

Je ne peux pas m’empêcher de voir les prémices du nazisme dans la manière dont les ouvriers sont déshumanisés, et sous le joug d’une classe qui les opprime. On y reconnaît aussi la même désincarnation de l’homme dans la mécanisation et l’industrialisation, comme dans les « Temps Modernes » où l’ouvrier n’est qu’un élément de production typiquement tayloriste. J’ai été épaté du jeu remarquable des comédiens, et notamment la fille qui joue deux rôles aux antipodes, celui de la jeune prédicatrice un peu naïve et illuminée, et celui de l’automate lubrique et semeuse de zizanie.

Evidemment, le film a vieilli, et la morale du coeur qui est l’élément médiateur entre le cerveau et le bras… aheummm.

C’est dingue de constater que l’on a irrémédiablement perdu certaines scènes, c’est un truc qui est compréhensible pour des textes d’Aristote, mais qui m’épate toujours pour des supports « récents », or si on a perdu des choses dans l’histoire récente de l’art, c’est bien dans le domaine cinématographique justement ! Les scènes manquantes sont expliqués par des sous-titres et ne gâchent pas trop la narration, mais c’est dommage. Et la construction même du film, comme une pièce musicale, avec Prélude, Intermède et Furioso indique bien la manière dont l’auteur a monté son histoire, et justement on retrouve une structure classique et fiable du récit. Un peu comme dans un récit, on a la structure Situation initiale, Perturbation, Suite d’actions et de pensées, Situation finale (parfois égale à la Situation initiale).

Metropolis

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  • J’adoOore ce film, sans doute mon préféré parmi ceux de Fritz Lang que j’ai pu voir. D’après mes souvenirs (flemme de chercher, le net rame au boulot), l’actrice qui joue Maria et l’automate s’appelle Brigitte Helm, et j’avais été impressionné par son jeu, ses grands yeux, et son visage qui fait penser à une chouette dans sa phase “prêcheuse”, et à un rapace dans sa phase “robot”. Non, je n’ai rien fumé :gene:
    Sur grand écran… MMmmh…

  • Comprends pas…Je l’ai pourtant vu 3 fois ce truc, plein de bonne volonté, mais je n’arrive pas à trouver ça bien. La première fois j’ai pensé que je devais être fatigué ou mal luné, la seconde que que j’étais distrait ou juste pas sensible aux vieux machins…je me suis donc retapé le truc une troisième fois en me disant c’est forcément bien puisque tout le monde le qualifie de chef-d’oeuvre…mais j’ai toujours pas pigé le truc…enfin, je vais vous épargner ma critique (qui serait impitoyable), vous crieriez surement au blasphème !:gene:

  • Z! ils viennent de le sortir en DVD, une version intégralement revue, avec un montage plus proche du désir de Frizt Lang grace à la découverte de bobines perdues…

  • Argh, brûler Klimt, rien que d’y penser j’en ai des frissons…
    La version dvd est vraiment TREs différente de ce que j’ai déja pu voir ?? :doute:

  • Moi j’aimerais avoit ta critique Z! parce que je pense que je m’y reconnaitrai. J’ai trouvé ce film effectivement intéressant au point de vue esthétique, en particulier le jeu de Maria, mais j’ai trouvé le scénario totalement tarte, comme le disait l’ami avec qui je l’ai vu: c’est un hommage à la social-démocratie, qui bien que préférable sur le plan politiquen’est pas très fascinante d’un point de vue épique… Bref je me suis ennuyé ferme pendant ce film, ne parvenant pas à m’intéresser à ce qui s’y passait.

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