MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les blogueurs en communautés

Zurban a publié la semaine dernière un papier sur les blogs. Dans ce cadre, pas mal de gens ont été interviewés, et j’y ai aussi participé en tant que pédéblogueur manifeste. Evidemment, je trouve que le mec n’a pas dit que des choses justes, voire des trucs nazes, mais bon… c’est toujours comme ça les articles. Et Zurban n’est pas exactement un magazine d’investigation sociologique !

En tout cas, le journaliste a retenu que j’étais un blogueur très « parisien » qui fréquentait des lieux branchés. Je suppose qu’il fait allusion au Paris-Texas, mon-bar-à-putes-colombien-favori, ce qui va leur faire plaisir car je crois qu’ils ont quelques problèmes de fréquentation malgré la branchitude absolue de leur backroom. Mais surtout, quand j’ai parlé au type au téléphone, il est venu avec quelques opinions assez découpées à l’emporte-pièce, et ce notamment concernant la vocation communautaire des blogs. Il m’a dit tout de go avoir constaté que les blogueurs se regroupent par affinités et qu’ensuite ce ne sont que des sous-groupes imperméables qui se frottent les uns aux autres.

J’ai acquiescé sur le fait même qui est indéniable. J’ai aussi expliqué ce qu’était l’endogamie des blogs en termes embrunsiens pour qu’il comprenne que la manière dont les blogueurs s’agrègent est moins évidente qu’elle en a l’air. Certains ne se lisent en majorité qu’entre fournisseurs de blog par exemple (évident à l’étude des blogrolls des gens de 20six ou u-blog), et cela est directement lié au système qui favorise la communauté d’utilisateurs. Ensuite, j’avais un peu été décontenancé par la teneur des propos du journaliste, et j’avais essayé d’expliquer que les blogs ne font que représenter ce que nous sommes, et plus ils sont nombreux plus leur représentativité s’améliore.

Ainsi le sentiment d’appartenance à une communauté s’exerce à tous les niveaux. Pour moi, il n’y a qu’un facteur qui importe : « le nombre ». Du moment que la masse critique est atteinte pour une population donnée, alors elle créé sa propre existence en tant que sous-ensemble homogène. Elle affine alors ses codes culturels, qui ne sont pas différents de ceux de la population-mère, mais simplement plus détaillés, plus spécifiques, plus déterminants.

Par exemple, considérons deux français au hasard (sexe, âge, CSP indéterminés etc.) qui se rencontrent en plein middle-west. Eh bien, forcément ils vont se trouver énormément de points communs… une langue, des valeurs, le sentiment d’appartenance à la nation, la bouffe, etc. Ensuite, si on se focalise sur la France, il est évident que deux personnes prises au hasard se considèreront comme extrêmement différentes voire diamétralement opposées. Mais encore une fois : « tout est relatif ! ». On retrouve donc alors toutes les composantes d’une population, et si certaines caractéristiques sont communes à un nombre suffisant, il y a une forte chance pour qu’une communauté s’en dégage.

Après, les raisons fondamentales de constitution de ces groupes sont diverses. On peut avoir le côté lobby à l’américaine, où « l’union fait la force » est le leitmotiv de ces communautés. On a aussi le côté plus superficiel qu’on trouve en France dans le « réseau », réseau d’influence, réseau de connaissances, réseau familial, réseau d’écoles etc. Et puis, on a la communauté gay qui mélange avec plus ou moins de bonheur tout cela. A Paris par exemple, on est tellement nombreux qu’on a la « liberté » de se segmenter à loisir. D’abord de manière dingue, on y sépare drastiquement les lesbiennes et les gays. On y trouve aussi en une segmentation plus fine, des regroupements professionnels type SNEG ou bien d’origines et de cultures (Kelma pour les reubeus, Lusogay pour les gens qui parlent portugais, AGLA pour les gays arméniens). Mais il suffit d’aller en province pour aussi se rendre rapidement compte que les clivages existent beaucoup moins entre les homos. Simplement parce que les populations ne sont pas assez nombreuses pour s’organiser ainsi. Il est alors tellement naturel de rentrer dans un bar où l’on trouve mélangés les lesbiennes, les gays, les bis, et puis des mecs de tous les genres (de Cox à Open en passant par Amnésia) etc.

De la même manière, si on prend deux personnes complètement au hasard, et qu’il se trouve qu’elles soient blogueuses, alors elles auront forcément un point commun supplémentaire, et partageront toute une gamme de valeurs. Mais il est évident pour moi, que dans le domaine du blog, j’aime lire des carnets de gens avec lesquels j’ai des « choses » en commun. Du coup, on a tendance à, en effet, lire des blogs pédés et à se fédérer en groupuscules plus ou moins homogènes.

Mais je pourrais aller plus loin, et me restreindre aux pédéparigoblogueurs, ou même plus au pédéparigoblogueurs du 11ème arrondissement ou bien du nord de la ligne 11. Mais bon dans le dernier cas, apparemment, on se retrouve juste Freaky et moi en tête-à-tête, ce qui est limite pratique pour se communautariser (Dis Freaky, tu veux bien être ma soeur de la communauté FreakyMatoo, ça change de MadCow ?).

Enfin voilà, tout ça pour dire que ces histoires de regroupement de gens sont pour moi vraiment liées à la taille d’une population. C’est aussi pourquoi je considère que les blogueurs ne sont pas plus ouverts d’esprit que les autres. Au début, peut-être puisqu’il n’y avait pas assez de monde pour se regrouper selon des spécificités autres que celles qui pouvaient nous amener à bloguer. Mais aujourd’hui, on peut facilement juger des blogueurs selon leur degré d’endogamie dans tel ou tel domaine (orientations sexuelles, fournisseurs de blog, géographies, langues, sexes, cultures etc.). Je suis d’ailleurs un élève médiocre avec une liste peu oecuménique. :mrgreen: Manifestement, je suis assez étroit d’esprit, et je n’en suis pas très fier.

Par contre, je donne du coup une énorme valeur à ces quelques blogues qui ne sont pas des pédéblogs et que je lis avec une grande délectation. Et j’essaie le plus possible de ne pas m’enfermer dans ce carcan, même si c’est tentant. Un peu comme je fais des efforts pour continuer à prendre autant de plaisir à fréquenter mes ami(e)s hétéros, et à ne pas m’aliéner à ne fréquenter que des homos. Du coup, c’est aussi pour cela que je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée de faire un ParisPédéCarnet. Il faut que je m’atèle à plutôt rendre la sauterie mensuelle du Capitaine un peu plus gay friendly, hé héhé.

Bloggeurs, bloggeuses

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