Plutôt que de parler de la condition des femmes au Pakistan sous forme d’essai ou de libelle politique, la féministe américaine Cheryl Benard a choisi une forme plus originale mais tout aussi efficace : un roman policier.
Les femmes pakistanaises, à l’instar des femmes afghanes, sont obligées de s’affubler d’une burka ou tchadria (qui est ce qu’on a l’habitude de voir en photo, c’est-à-dire une femme entièrement recouverte de cet habit avec une sorte de grille qui lui permet de voir ou plutôt apercevoir) selon la loi islamique en vigueur là-bas. En situant son intrigue dans cet univers machiste et impitoyable pour les femmes, Cheryl Benard en profite pour décrire les rouages complexes de cette société, où les choses ne sont pas si monolithiques qu’elles en ont l’air.
L’auteur prend le parti de littéralement raconter son histoire, c’est-à-dire qu’elle s’adresse directement au lecteur et raconte les faits, en faisant moult digressions philosophiques et politiques avec une jolie verve militante féministe. Elle égrène ainsi un récit tel qu’elle pourrait oralement le narrer à un public ou dans un quotidien. C’est une forme vraiment très particulière, qui lui permet d’ajouter toutes ses remarques et ses humeurs, mais fait perdre un peu de force au récit, et limite grandement le recours aux dialogues.
Tout commence par la disparition d’un occidental qui est venu à Peshawar pour faire du business avec le Pakistan. On a juste aperçu une femme avec un tchadri vert dans les parages. Et puis, c’est le début d’une série de meurtre qui découle du premier, mais sans vraiment réussir à faire une connexion claire entre les meurtres. A part les paroles d’une chanson indienne féministe, qu’on retrouve ver après ver, auprès de chacun des corps. Mais une femme serait alors la coupable ? Difficile à croire, et impossible enquête pour le progressiste enquêteur Ikbal, qui sait pertinemment qu’il lui est impossible de fouiller des femmes voilées ou d’enquêter sur elles dans son pays. Ce roman est résolument un roman où les femmes sont omniprésentes, et de tous les types. Ainsi, Ikbal est aidé par sa femme, Gul, et son amie Lilly, une journaliste pakistanaise militante. Il y a aussi Julia, une reporter battante qui vient pour enquêter sur la disparition et la mort éventuelle de son frère (la première victime), et Mara une américaine qui a épousé un riche pakistanais, qui travaille dans l’aide humanitaire, et qui se retrouve mêlée à cette affaire. Enfin, cette histoire repose sur Fatima, une jeune pakistanaise de 16 ans, un personnage poignant que l’écrivain utilise pour faire passer un maximum d’informations sur les conditions féminines dans ce pays. Fatima est violée par un prédicateur célèbre, puis devient prostituée dans des conditions sordides, elle est une femme innocente bafouée et rendue esclave de cette société aux moeurs viciés. Elle porte un tchadri vert, et elle connaissait chacune des victimes…
Là où le bât blesse pour moi c’est que les digressions de l’auteur finissent par desservir l’intrigue, qui pourtant est vraiment originale et haletante. Et je suis gêné par la fin du bouquin qui ne conclut pas vraiment la série de crime et son élucidation. Aussi, je me demande si je n’ai pas raté le coche, car je n’ai pas lu de mot de la fin (je n’ai pas compris qui est vraiment le meurtrier… ?!).
Cela reste un roman original et bien écrit, avec une plume leste et militante qui m’a ravi. Cheryl Benard n’a même pas l’air excessive dans ses remarques, on sent que la simple vérité est déjà bien assez cruelle et grave. On en apprend donc beaucoup sur cette société où une certaine interprétation de la religion a fait des femmes des objets inertes complètement asservis et victimes des pires bassesses de l’homme. Instructif et révoltant.
Y’a pas de meurtrier, c’est la société qui les a tués !
:ben:
Comment ça ? C’est une métaphore ??
:gne:
ben je pense oui…
ai pas lu le boukin mais d’après ce que t’en dis je l’ai compris comme ca :book:
Top pour le moral ce genre de bouquin, exactement ce qu’il me fallait :)
:mur:
Bon siouplé vite, lisez-le :book: et dites moi !!!! :help:
lisez-le et dites moi !!!!
“Moi”.
:help: c koi un tchadri??
Assez d’accord avec cette analyse, mais comme policier je ne le trouve pas terrible.
Et puis, dans cette analyse, j’aurais mis des s à ver (“qu’on retrouve ver après ver”) https://blog.matoo.net/wp-images/smilies/b-icon_lol.gif