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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Coulez mes larmes, dit le policier

Voilà bien un titre de roman bien digne de Philip K. Dick, il adorait donner ce genre d’intitulé à rallonge comme pour le bouquin qui a inspiré le film « Blade Runner » : « Do Androids Dream of Electric Sheeps ? » (Est-ce que les Androïdes Rêvent de Moutons Electriques ? certes un peu plus original non ?).

Il s’agit d’un roman bien classique dans le style et les thèmes chers à K. Dick, mais habituellement cela n’aurait donné lieu qu’à une nouvelle. Aussi je trouve que l’intérêt majeur de cet oeuvre est d’en avoir finalement tiré un véritable roman, donc un peu plus de place pour une expression romanesque plus étoffé qu’à l’habitude.

On suit donc l’histoire de Jason Taverner qui est un célèbre animateur de talk-show, et qui fort de ses 30 millions de spectateurs se la coule douce dans une société complètement fliquée, où l’on est envoyé en camp de travail à vie pour ne pas avoir ses papiers sur soi. Et puis Jason a une autre particularité, il est un « six », le résultat d’une ancienne expérience génétique ayant pour but de créer des êtres supérieurs physiquement et intellectuellement. Or, un jour il se réveille la gueule de bois dans un hôtel et sa vie n’est plus la même. Il n’existe plus dans cette espèce de monde parallèle ou rien n’a changé sauf ce simple fait annihilant toute trace de lui. Aussi, il se retrouve rapidement dans la panade puisqu’il y a des contrôles de police tous les 50 mètres, et que s’il ne récupère pas rapidement des papiers d’identité, il risque de se faire tuer sans sommation.

Comme je disais, du K. Dick classique dans la chute d’une personne dans un monde parallèle ou dans une réalité altérée. Et en fin de compte, cette réalité ne serait-elle pas simplement un mauvais trip sous acide de Jason ? Ou bien est-ce au contraire que Jason vient de se réveiller à la réalité tangible d’une longue montée de drogue, et que sa vraie vie est celle d’un minable anonyme ? Ou pire… le trip d’une autre personne qui projette Jason dans sa propre défonce ?

Le roman délivre peu à peu des indices, et est beaucoup plus précis et détaillé que d’habitude sur les personnalités des différents personnages, ainsi que sur les intrigues amoureuses secondaires. Ce n’est certainement pas un livre majeur dans l’oeuvre de K. Dick, mais toujours aussi efficace et plaisant à lire.

Coulez mes larmes, dit le policier - Philip K. Dick

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  • Il s’agit là de deux oeuvres de la fin de sa vie.
    Je trouve Flow down my tears… fabuleux, et Scanner Darkly d’une noirceur et du’n pessimiste absolu…
    Si j’avais du temps et du courage, j’en parlerais…

  • K Dick a longtemps fréquenté les monstres et a su pour l’essentiel cacher qu’il était devenu monstre.. Ses romans révèlent sa capacité à nous expliquer les dénominateurs communs de notre folie d’une façon si simplement infantile qu’elle confine au génial.
    N’est-ce pas là le talent des grands écrivains; nous rallier à l’évidence de leurs démonstration ?
    A chaque fois que j’ai regardé au fond de l’abysse une terreur difficile à préciser m’a envahie. K Dick a su la préciser mais avec une bienveillance apaisante. Cette bienveillance c’est pour moi SA caractéristique. Elle née de sa capacité à l’empathie.
    Après l’avoir lu, nous ne sommes plus les mêmes. Nous sommes mieux.

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