Ce documentaire sort en salles en France le 1er Avril, mais j’ai eu la chance d’être invité par « relation bloguesque » à une projection. Il s’agit d’un documentaire d’une veine assez revendicative un peu à la Michaël Moore, mais dont le fondement même n’est qu’une gigantesque supercherie. Je subodore d’ailleurs que la date de sortie n’est pas innocente, et est même totalement idoine !
The Yes Men dans le documentaire, ce sont ces deux hurluberlus, Andy et Mike, dont l’épopée est racontée avec beaucoup d’humour. Et comme dans tous ces documentaires qui traitent de la globalisation et de l’altermondialisme, on se retrouve face à des situations ubuesques qui prêtent vraiment à se bidonner, qu’en même temps à pleurer sur notre triste sort de pantins désarticulés. Andy et Mike, donc, sont deux mecs (pédés ? humm j’en donnerais ma main à couper… et pour l’un d’eux miaaaam) qui militent pour que la vérité soit dite à tous les citoyens du monde sur ce bel écrin de respectabilité dans lequel nous sont présentées certaines organisations, l’OMC notamment.
Le documentaire raconte d’abord un peu le parcours de ces pros du sabotage et du canular. Deux exemples particulièrement symptomatiques et très marrants sont mis en exergue, ce sont deux premiers éclats médiatiques aussi qui ont inspirés à ces types des blagues à la portée de plus en plus large. Je me souvenais vaguement de cette histoire d’échange des circuits vocaux des barbies et des GI Joe dans des magasins de jeux afin de lutter contre la standardisation et le conformisme. On voit alors des petites filles avec des barbies qui scandent de leur voix de stentor : « J’vais t’éclater la tronche Cobra !! », tandis que des petits garçons étreignent des mannequins surarmés qui susurrent en pouffant de leur voix de fausset : « Oooouh arrête Ken, l’eau de la piscine est si froide ! ». Un autre vandalisme « philosophico-commercial » est aussi celui du jeu vidéo : Sims Helicopter. Un type a fait que les personnages des plans secondaires sont tous des mecs en maillots de bain qui s’emballent à pleine bouche, ce qui avait apparemment fait couler pas mal d’encre outre-atlantique.
Mais le meilleur est à venir puisqu’ils se sont plutôt fait une spécialité dans le détournement de site web. Ils ont notamment designé gwbush.com qui reprenait le layout du vrai site de G. W. Bush mais avec des informations un peu plus dérangeantes. De la même manière, ils ont acquis gatt.org et en ont fait une vitrine tout à fait réaliste de l’OMC (WTO – World Trade Organization). En effet, les deux sites sont tout à fait similaires, sauf que celui des Yes Men ne contient que des éléments qui démontent les théories de l’OMC et dénoncent des exactions de grandes entreprises, ainsi que la politique de paupérisation de grandes organisations telles que le FMI. Or, en tant que possesseur de ce site web, ils reçoivent des visiteurs plus ou moins éclairés. Comme les gens ne lisent pas les sites, Andy et Mike se sont rapidement retrouvés avec des invitations à des conférences sur le développement économique.
Les deux complices nous montrent alors la préparation de ces meetings, et on voit avec effarement des plans complètement dingues avec des discours factices complètement vides et ridicules. Mais l’habit fait le moine et ils prennent des noms grotesques, racontent des conneries grosses comme eux mais avec un chouette costard-cravate (acheté à Auchan) et un vrai talent de rhéteur de « bullshiet ». Et ils sont applaudis à la fin, et réinvités ailleurs.
On assiste même à un débat sur CNBC où vraiment ils racontent n’importe quoi, mais les gens n’y voient que du feu. Le paroxysme étant atteint lors d’une conférence en Finlande où ils présentent une combinaison adaptée aux patrons, un truc doré moulant avec une grosse bite gonflable… et applaudissement à la fin (ainsi que des articles de journaux “sérieux”). Ils proposent lors d’une conférence à une université un système pour entraver la faim dans le monde, en vendant aux pays du Tiers-Monde des hamburgers produits grâce au recyclage de merde… ENORME !
Ces images et performances sont évidemment à se bidonner, et on rit de très bon coeur. Mais ce qui est génial et qui est leur objectif, c’est aussi qu’on hallucine complètement sur la crédulité des gens qui les écoutent, et à qui ils arrivent à faire avaler leurs couleuvres. Et alors de voir des professionnels qui acceptent sans piper mot qu’un mec de l’OMC présente un plan qui compare l’esclavage et l’emploi dans le Tiers-Monde en en faisant évidemment l’apologie, c’est à la fois triste et révoltant. Ils parviennent donc sans mal à jeter le discrédit, et on en vient à se réjouir que de tels personnes osent ainsi mettre un petit grain de sable dans les rouages de ces organisations.
L’heure et demie que dure ce film passe extrêmement vite tant on suit avec intérêt et ébahissement les exactions de ces deux rigolos. Et pour que cela soit possible, c’est que le montage est vraiment très efficace et met vraiment bien en valeur la narration globale ainsi que les anecdotes qui l’émaillent. Et puis les deux « comédiens » sont simplement géniaux. Hyper drôles, attachants et singuliers, on sent des mecs drôlement simples et à la raison humaine toute aiguisée. Ils donnent un souffle très particulier au documentaire, et on a envie de les suivre… même une fois que le film est terminé.
tiens, c’est amusant, la représentante m’a présenté le livre hier matin. Dans l’argu, il y avait même un site internet. A suivre, pour voir si le livre va être un succès.
Vous écrivez <>. Il nous arrive à peu près la même chose ici au Centre d’Etudes Mazarine Pingeot (http://cemapi.free.fr/). Nombreux sont les visiteurs à s’imaginer que nous constituons un fan-club, alors que seule l’analyse sociolinguistique de l’oeuvre de l’écrivaine française nous intéresse.
Vous écrivez “Comme les gens ne lisent pas les sites, Andy et Mike se sont rapidement retrouvés avec des invitations à des conférences sur le développement économique.” Il nous arrive à peu près la même chose ici au Centre d’Etudes Mazarine Pingeot (http://cemapi.free.fr/). Nombreux sont les visiteurs à s’imaginer que nous constituons un fan-club, alors que seule l’analyse sociolinguistique de l’oeuvre de l’écrivaine française nous intéresse.
il parait que plus c’est ” gros ” plus ça marche … je n’aurais pas cru que ça s’appliquerait aussi a une bite gonflable dorée … :eek:
en meme temps je me rends compte que ma phrase , sortie du contexte , craint un peu quand même :doute:
Je l’ai vu!
J’ai eu du mal à le regarder tellement les exposés sont atrocement ridicules. J’ai rarement autant rigolé. Ce qui est absolument attroce, c’est l’indifférence générale dans laquelle se passent leurs exposés (qui sont proprement à gerber). Et vas-y que je te compare l’esclavage au travail dans les pays en développement, le caca de mc do qui peut être recyclé pour faire des burgers pour ces sales pauvres. C’est du grand nimporte quoi et je tiens à féliciter nos deux gaillards pour leur calme car je n’aurais pas été capable de conserver mon sérieux en débitant de telles anneries.
Pourtant, sous le rire, on ne peut s’empêcher de se dire que les grandes entreprises ont perdu toute forme d’humanité et que des organisation comme l’OMC conduisent le monde à sa perte.
Il ne reste qu’à espérer que ces soi-disant “grands de ce monde” se réveillent avant que le monde ne leur fasse la leçon.
Plus dure sera la chute…