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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Dr Kinsey

Une très bonne surprise pour ce film dont je redoutais un petit peu le traitement. Je ne connais du Dr Kinsey que le fameux rapport qui porte son nom (un relevé statistique scientifique des pratiques sexuelles des américains en 1948) et aussi l’échelle de « mesure » de l’orientation sexuelle qui va de 1 (seulement hétérosexuel) à 6 (seulement homosexuel).

Le côté faiblard du film vient d’une forme excessivement convenue et un fil narratif parfois un peu bâclé pour un film qui est vraiment la biographie de Kinsey. Le scénario démarre à sa jeunesse et se focalise sur la vie professionnelle et intime de ce personnage controversé et avant-gardiste. Mais deux choses rattrapent carrément cette forme parfois chétive, ce sont les comédiens et l’histoire en elle-même.

Liam Neeson et Laura Linney sont extraordinaires dans les rôles de Kinsey et de sa femme. Ils endossent avec beaucoup d’authenticité et de complicité ce couple autant dans les aspects « historiques » que dans leur propre relation. Ce sont des personnages du coup rendus très attachants et dont on a envie de suivre l’évolution. Et le fond de l’histoire qui est cette première enquête nationale sur les pratiques sexuelles des américains donne un scénario palpitant, drôle, surprenant et perspicace (sur les moeurs d’hier et d’aujourd’hui).

En 1948, Kinsey est un entomologiste qui étudie les guêpes à l’université. Il se rend compte du manque de connaissance et de la manière dont les moeurs puritaines ne représentent à priori pas la majorité des pratiques des américains, et la nature humaine “profonde”. Le professeur milite pour le caractère unique de chaque homme ainsi que le respect que l’on doit à cette différenciation des êtres. Seulement, lorsqu’il essaie de conseiller ses étudiants et étudiantes qui lui demandent de l’aide car ils ne savent pas comment avoir du plaisir (ou s’il est normal d’en avoir ?), s’il est normal ou pas de se masturber, la juste interprétation des règles morales de l’époque en termes de sexe, il ne peut que conjecturer puisqu’il n’existe pas d’étude dans le domaine. C’est comme cela qu’est né son projet insensé afin de savoir une bonne foi pour toute ce qui se passe dans les alcôves américaines.

Il décide donc de pratiquer des interviews précises et détaillées sur le passé sexuel de centaines de milliers de participants et participantes dans tous les USA. Et c’est marrant de voir ces administrations de questionnaires car les gens sont tellement candides et peu habitués à parler de leur sexualité, qu’ils se lâchent et racontent tout avec moult détails.

Le premier bouquin de Kinsey sur la sexualité masculine est un succès extraordinaire malgré la bombe que cela représente pour la société entière. Il démontre que statistiquement « 50% des hommes mariés ont des liaisons extra-conjuguales, 92% des hommes ont une pratique de la masturbation et que 37% des Américains ont eu au moins une expérience homosexuelle ». Par contre, plus tard il publie l’équivalent pour les femmes et c’est un fiasco. En effet, ce qu’il produit est perçu comme extrêmement choquant pour l’époque, un peu comme s’il traitait les américaines de traînées. « 62% des femmes avouent se masturber, 50% d’entre elles ont eu des relations sexuelles avant le mariage et 26% reconnaissent avoir une liaison en dehors du mariage. » Ce livre sonne le glas pour la carrière et la célébrité de Kinsey.

Ainsi, en plus de toutes les informations précieuses que l’on pioche dans ce petit événement historique (on ne peut pas dire qu’on nous en ait pourtant parlé à l’école…), la trame romanesque de l’histoire n’est absolument pas en reste. En effet, Kinsey expérimente sur sa propre famille ses règles de « libération de la parole » en terme de sexe et cela ne vaut pas l’approbation de toute la famille (notamment son fils). De même en terme d’échelle Kinsey, ce dernier affirme ne pas être exactement au niveau 1… et le prouve.

Le film est très juste sur l’homosexualité, et je comprends que cette étude ait contribué à une libération globale des moeurs. J’aimerais bien savoir la part de fiction dans ce film, tant on pourrait difficilement croire une bio aussi « hollywoodienne ». Le mot de la fin (lesbien cette fois-ci) est très touchant, et je l’ai beaucoup apprécié malgré le côté « sentiment facile ».

Dr Kinsey

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  • Tiens, pour une fois que tu te trompes : l’échelle de Kinsey :
    0 : hétérosexuel stricte
    1 : hétérosexuel ayant des penchants/rêves/fantasmes homosexuels
    2 : hétérosexuel ayant ces mêmes penchants mais passant à l’acte
    3 : bisexuel
    4 : homosexuel ayant des rapports sexuels avec l’autre sexe
    5 : homosexuel ayant des rêves/fantasmes/penchants hétérosexuels (notamment des envies de parentalité…)
    6 : homosexuel stricte
    Voilà :)
    J’ai beaucoup apprécié, aussi, malgré le côté trop narratir et parfois un peu, heu, trop simple eu égard à la complexité des faits et personnes.

  • Euh, apparemment, le film est assez proche de la réalité, sauf que Kinsey a eu plus d’amants et de maîtresses que ce qui est montré… c’est un choix politique du réalisateur qui ne voulait pas qu’on “décrébilise” trop Kinsey, surtout en ce moment, vu le retour de la moral puritaine version Dabaya

  • Voir ton post Tchou tchou en mai 2003…

    Impossible de nier l’influence chrétienne dans tout cela: il n’y a dans la Bible que des vierges, des mères ou des putes.
    Si un certain nombre de saints ont fait la java dans leur jeunesse (Augustin, François d’Assise, Ignace de Loloya, etc.), ce n’est jamais le cas pour les femmes (sauf Marie-Madeleine, bon.)
    C’est bête, mais ça m’énerve.

  • quand 1 film parle ou montre du cul ou du trou de cul, c fou ce que ça attire la merde. moi j’ai pas vu le film et je ne le verrai pas. j’en ai marre des histoires de trou du cul. ça finit par mettre la merde partout. je suis attristée de voir que le trou du cul, ça fait intelligent ou up to date. merdique.

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