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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Pas assez de volume (notes sur l'OMC)

Hier soir, je suis allé voir ce film qui a déjà un an, mais qui était spécialement programmé au Cinéma des Cinéastes vers Place de Clicly. Il s’agit d’un film d’un jeune réalisateur engagé, Vincent Glenn, qui a joué les Michael Moore français et a tenté d’expliquer l’OMC tout en mettant en exergue ses contradictions.

Le film part plutôt d’un bon sentiment, mais il a été reprogrammé en prévision du referendum, et en définitive c’est un documentaire qui est complètement à charge contre l’OMC. Et c’est un procès d’intention tellement énorme que ça frise la tartuferie et parfois le poujadisme de bas étage. Pourtant la plupart des arguments sont valides et les intervenants sont intéressants et crédibles. Mais il n’y a personne en face des responsables d’ATTAC et autres ONG « anti » sinon le directeur de l’OMC dont les propos sont montés de manière surréaliste pour mieux le mettre en défaut.

Ainsi tout est mis en oeuvre dans la forme pour mettre d’une part le côté obscur de la Force, et de l’autre le bon côté. Séparer le bon grain de l’ivraie n’a jamais été plus simple ! Il y a des musiques et des cadrages qui visent à diaboliser les gens de l’OMC, et tout le contraire pour les altermondialistes. Eh bien cela ne contribue pas à me donner confiance en eux. On ressort plutôt avec une étrange impression de bonnet blanc et blanc bonnet entre deux factions que tout oppose, symétriquement.

Malgré tout, certaines explications du directeur de l’OMC valent leur pesant de cacahouètes, et on hallucine à maintes reprises sur des déclarations aussi énormes. On en apprend aussi beaucoup sur cette organisation, et sur des détails que j’ignorais carrément.

La seconde partie qui se focalise sur l’AGCS, l’Accord Général sur le Commerce des Services, est beaucoup plus intéressante. Il s’agit de la partie de l’OMC qui s’occupe de la dérégulation des services publiques, autrement dit de la libéralisation et de la privatisation des secteurs de santé, éducation, audiovisuel, énergie, télécom etc. On comprend bien à quelle sauce on va être mangé, et cela fait très très peur.

Les témoignages des africains sont particulièrement intéressants et ne laissent pas indifférents. Vincent Glenn interviewe des hommes et femmes qui témoignent de la manière dont l’exploitation de leurs ressources et leurs peuples n’a pas diminué, mais prend au contraire des dimensions effrayantes. On retrouve dans cela des échos très prégnants du magnifique et terrible « Cauchemar de Darwin ». Ils évoquent aussi la manière dont les services publiques africains ont été bradés à des entreprises (françaises très souvent) qui commercialisent aujourd’hui l’électricité ou les télécoms plus chers qu’en France. Il est très simple d’imaginer pareille dérégulation en France avec la manière dont l’énergie et les transports sont en train de se faire privatiser, et qui me font redouter le pire.

La contradiction pure entre les valeurs prônées par l’OMC et les résultats sur le terrain prend alors toute sa valeur, et donne un fort impact à cette partie du documentaire. Outre cela, un documentaire de deux heures et demi, c’est long. Et là clairement, c’est trop long, malgré l’intérêt manifeste que j’ai pu y porter.

Pas assez de volume (notes sur l\'OMC)

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  • Perso maykel moore j’ai été dégoûté par la grosse propagande puante, manipuler les faits et la vérité est la base du despotisme
    Faut arrêter la parano du genre “ils” nous préparent qqchose, “ils” veulent ca et ca : il y a à la tête de l’OMC depuis hier un petit français socialiste, alors faut commencer à s’y intéresser et à faire bon usage de l’OMC et déjà à comprendre comment ca fonctionne et à quoi ca sert.
    En matière politique il y a du bon à prendre dans a culture anglosaxone, par exemple le terme EMPOWERMENT, qui désigne l’appropriation de son propre pouvoir.

  • De façon générale, il n’y a pas les démons d’un côté et les gentils de l’autre. L’altermondialisme relève bien souvent autant de l’idéologie que le libéralisme ambiant. Idéologie ? Très rapidement – parce que je n’ai pas épluché la question – : lorsque le discours politique au sens large – ce qui détermine le vivre-ensemble – s’appuie sur l’autorité d’une vérité qu’elle ne se donne que plus ou moins partiellement le loisir de mettre à l’épreuve des fait et, lorsqu’elle le fait, le plus souvent en oubliant les hypothèses qui ont permis de déterminer le fait comme tel.

    Le libéralisme contemporain, qui ne conserve des théories économiques que le mots d’ordre, et des résultats généralisés à partir d’un ensemble d’hypothèses qu’on ne rappelle jamais – tant elles sont confondues avec des axiomes -, est une idéologie aussi massive que put l’être le communisme soviétique. Il me semble que souvent, l’altermondialisme fonctionne de la même façon.

    A la décharge de ce dernier cependant : il est minoritaire, quoique de plus en plus entendu. Il fonctionne donc plus à la manière des utopies socialistes du XIXè siècle que d’un bain idéologique plus ou moins visible – souvent moins que plus – déterminant les façons courantes de penser – le fameux “réalisme” du libéralisme économique, euh, financier, pardon.

    En ce sens, l’altermondialisme a un rôle intéresant à jouer, come vecteur d’idées neuves et agitateur, donc, à l’intérieur des idées réçues. Ne pas oublier cependant que toute sle sutopies du XIXè, lorsqu’elles ont été mises en oeuvre, ont échoué. Elles trouvaient leur fondement dans une vision idéaliste de l’homme. Le arxisme est plus ambigu sur ce point. Il a critiqué les courants utopistes : il a toujours fallu pour Marx repartir de la situation conrère des rapports de production, et non d’un idéal abstrait de ce que devait être la société. en même temps, le marxisme soviétique, en proposant un modèle d’homme nouveau fondé sur les aspirations du prolétariat à l’époque de sa naissance, trouvait à la fois un levier puissant pour s’inscrire comme mouvement politique d’importance, et ré-idéalisait ce qui n’aurait jamais du l’être – création d’une Idée : le prolétariat, là où il ne faudrait sans doute voir qu’une identité conjoncturelle (peut-être était-ce déjà le cas chez Marx, je ne sais pas).

    Mais bon, je dis tout ça de façon assez imprécise, comme une invitation à ddévelopper, si quelqu’un veut. je en suis guère versé là-dedans, c’est juste l’image que j’en ai. Attention simplement à ne pas laisser telles quelles aboutir les utopies.

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