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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Sous la dalle

Encore un « Motifs » de plus dans mon escarcelle, cette collection recèle vraiment de petits bijoux de littérature française ou étrangère. Cette fois, il s’agit d’un petit bouquin à la couverture en « motifs » (justement) toujours aussi réussie où se croisent opportunément cercueils et téléphones mobiles.

(Je me demande d’ailleurs où en est cette maison d’édition, le Serpent à Plumes, après avoir été brutalement phagocyté par Le Rocher l’année dernière, et quelques scandales qui ont suivi…)

En effet, ce livre d’Henri-Frédéric Blanc raconte l’histoire d’un type qui se réveille et qui réalise qu’il est simplement dans un cercueil. Voilà, ce mec est tout bonnement enterré comme un vulgaire macchabée, et il se demande ce qu’il fait six pieds sous terre alors qu’il est vivant. Il ne se sent évidemment pas très bien, et n’a même plus le souvenir de son propre nom et de ce qui l’a amené le pied dans la tombe. Il réalise soudainement qu’il a son mobile sur lui et il va donc passer les prochaines heures à essayer de se sortir de cette « mauvaise passe ».

Il s’agit d’un petit bouquin à l’intrigue bien ficelé et à l’ironie corrosive, avec un subtil mélange d’humour noir, de dérision et de philosophie (métaphysique) à travers l’introspection d’un mort-vivant dans son tombeau. J’ai trouvé l’histoire en elle-même assez intéressante et intrigante, on se demande vraiment qui est cet homme, pourquoi il est là, et s’il va s’en sortir ou pas ? On suit ses élucubrations intérieures avec toutes les phases de réflexion, introspection, méditation, délire, hallucination etc. Et puis, il y a ses tentatives de se secourir en passant quelques coups de fil tout en ne bouffant pas toute l’énergie de sa batterie.

Cette alternance entre les périodes où il réfléchit tout haut et celles où il appelle des gens permet une vraie dynamique au récit, et malgré l’incongruité de la situation, on se met à ressentir ce que le type peut vivre. Les appels sont aussi le lien, tangible et virtuel à la fois, entre le royaume des morts et celui des vivants. Or, lui est exactement entre les deux, d’où ses difficultés à communiquer avec les deux mondes. Ces échanges téléphoniques sont alors très drôles mais aussi terriblement cruels et frustrants. Et puis, l’air se raréfie, il se fait dessus, son esprit s’embrume et le lecteur perd aussi pied, ne sachant plus trop si le héros est encore vivant ou en plein délire.

L’auteur fait montre d’une belle plume qui interpelle autant qu’elle fait sourire. Il déploie tout son art de la rhétorique dans des tournures et des expressions drôles et sagaces. Et au final ce récit original, petit conte philosophique et ironique, laisse une très bonne impression.

Sous la dalle - Henri-Frédéric Blanc

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