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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les amants réguliers

Bon alors là évidemment, je m’attaque à un gros truc. Des étoiles en veux-tu en voilà, de l’Huma en passant par Télérama, le Fig, Libé, le Monde, les Inrocks ou même Première : ils ont adoré. Lion d’argent à Venise… Un film d’Art et d’Essai avec un grand A et un grand E ! Mais ça aurait pu le faire, si le film avait duré une heure et demie et qu’il avait été un peu moins intello… Le hic c’est qu’il dure trois heures, avec un rythme lénifiant au possible, et que c’est une allégorie du film intello.

Donc dur, dur, même si je dois y reconnaître pas mal de qualités (si, si). D’abord les comédiens qui sont plutôt bons et qu’on croirait vraiment débarquer de mai 68, et puis cette image noire et blanche, surexposée, très arty et soignée. En plus d’une photo somptueuse qui donne à certains moments (lors de plans fixes notamment) de véritables clichés d’art. Et puis l’histoire tient la route et donne envie qu’on s’attarde. Il s’agit d’une rencontre amoureuse entre un jeune garçon et une jeune fille, soixante-huitards idéalistes, pendant et après les événements de 68. On suit les péripéties d’un groupe de potes, la vingtaine balbutiante, à moitié révolutionnaires mais surtout losers et défoncés à tout ce qui se fume. Ce sont des gens qu’on sent entre-deux mondes. Ils ne sont pas salariés ni bien étudiants, ils se définissent plus aisément artistes et sont déçus de la manière dont la révolte tourne en eau de boudin. Du coup, ils se retrouvent dans l’appart de l’un d’eux qui est plein aux as, et ça glande à mort. Se détachent de là, François (Louis Garrel) et Lilie (Clotilde Hesme) qui vivent une idylle assez singulière mais passionnée.

On voit de très belles images de Paris, et sous forme de chapitres, le film égrène différentes périodes pendant et après mai 1968. Désillusion et immobilisme saisissent les héros, et le film par la même occasion. Quelques notes de piano scandées à des moments précis viennent hanter des scènes d’une extrême sobriété, et il faut lutter pour ne pas s’endormir. C’est dommage car je n’ai pas trouvé ça nul, simplement « too much », trop long, trop m’as-tu vu, trop parisien.

Il y a une matière qui est sensationnelle, mais cette forme maniérée et précieuse a ruiné tout cela. Pourtant quelques scènes viennent redonner un peu de souffle, on ricane même certains moments, et la relation amoureuse entre les deux principaux protagonistes est très belle et formidablement photographiée. Trois heures… argh.

Les amants réguliers

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  • Le film est passé le mardi de soir, veille de sa sortie, sur Arte, vers 23h, en version longue. J’ai tenu 90min avant de capituler: film intello-chiant dont l’enjeu et la trame narrative se dissolvent dans la longueur et la langueur du film. Au moins, j’ai économisé un ticket de cinéma…

  • J’ai vu le film 2 fois : d’abord à la télé, par curiosité : parfois je trouvais que c’était long, mais bizarrement long ; parfois je trouvais les dialogues inaudibles ; mais je n’ai eu envie de dormir à aucun moment, malgré ce jour-là une très grande fatigue. Première impression donc : le film ne m’enthousiasme pas, mais finalement, ce que je trouve intéressant, c’est sa lenteur (qui n’est pas du tout de la langueur). En outre, la façon d’évoquer Mai 68 me plaît beaucoup : rien ne semble se passer : on attend l’événement ; quelques courses fulgurantes qui s’arrêtent comme elles ont démarré. Mutatis mutandis, c’est comme Fabrice à Waterloo : une vision du réel très juste.
    J’ai eu envie de voir le film dans une salle, et là j’ai été subjugué par la beauté de l’image et ses mouvements. J’ai compris qu’il y avait une mise en scène subtile, qui résiste à tous les poncifs du moment, seulement attentive à la “nécessité” du récit, au jeu des acteurs (qui sont très forts : capables de donner à leurs expressions physiques un “air” qui est celui de l’époque évoquée – en tout cas, décalé par rapport à aujourd’hui). Enfin, le rythme du fim convient exactement au déroulement de l’histoire : une histoire qui “prend” le temps et le déborde : en quoi ce film est très fort.
    Il n’a rien de racoleur, ne semble dépendre d’aucun impératif économique (de rentabilité), exige une certaine attention …

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