Les expositions du Grand Palais sont toujours d’une grande qualité, autant dans les oeuvres présentées, dans l’originalité des thèmes, la scénographie ou la pédagogie. Par contre, cela reste très cher pour un musée national, c’est dommage (rien que par principe, même si ça marche ainsi, 10 euros l’entrée, je trouve ça cher).
Il ne faut pas être déprimé pour aller visiter cette exposition, car elle traite bien, comme son titre l’indique, en long, en large et en travers, de la mélancolie. On découvre à travers 8 salles, et de l’Antiquité à aujourd’hui, la manière dont ce sentiment (affection ?) a été peint ou représenté par les artistes. On se rend compte aussi de la manière dont les acceptions mêmes de la mélancolie ont influencé ses représentations artistiques.
La mélancolie comme qualité philosophique, comme péché capital, comme propice à la méditation, comme maladie biologique ou nerveuse, psychique puis psychiatrique, on passe par toutes les époques et les courants artistiques. De la mélancolie la plus romantique, poétique, des élans étranges et sombres du coeur aux affres de la dépression ou de l’aliénation, on est plongé dans une singulière atmosphère avec 250 oeuvres pour illustrer ce thème.
Le voyage temporel que l’on effectue est très impressionnant, mais encore plus est la découverte « sociologique » qui accompagne les représentations artistiques du thème. En effet, j’ai été très sensible à la manière dont la société pouvait être si différente d’aujourd’hui selon la manière dont elle considérait ces « affections du coeur ». L’exposition ratisse très large avec même une partie très intéressante consacrée au temps où sont présentés des objets qui le mesurent. J’ai aussi été assez impressionné par les objets d’art morbides avec des squelettes ou des foetus, des oeuvres bien singulières et à la puissante évocation de la Mort.
On ne ressort pas forcément de là guilleret, mais indéniablement c’est réussi.
Voir aussi la critique d’Alex et Greg.
Voilà pourquoi je vais voir les expos à Beaubourg sans toi. Parce que tu vas voir les expos au Gd Palais sans moi :-p
10 euros, c’est rien comparé aux 20 dollars d’entrée du MoMA !
Une des réussites de l’exposition est la présence à plusieurs salles de distance, et plusieurs siècles, de la gravure de Dürer “Melencolia I” qui évoque non sans mystère la sourde puissance de l’humeur noire, et l’énorme bonhomme assis de Ron Mueck, dans son inquiétante nudité rosâtre, la joue appuyée contre sa main, et le regard noir en coulisse.
Ces deux oeuvres, parmi beaucoup d’autres aussi passionnantes, montrent la permanence du thème et la capacité créatrice de l’art à en renouveler la représentation.
Tu dois ressortir de cette expo aussi mélancolique et déprimé que moi lors de visa pour l’image à Perpignan ou les salles sont remplis de photos de tchéchénie et de charnier irakien.:pleure:
Et pour compléter cette excellente exposition, je ne saurais que trop vous conseiller le hors-série du Magazine Littéraire “Les écrivains et la mélancolie” encore disponible en kiosques.
Zeugma> Rolalala, j’ai adoré l’énorme bonhomme, je suis resté captivé par son expression !
Heu… Greg a quand même vérifié si l’énorme bonhomme avait des poils aux coucougnettes….:boulet:
trop la chance! (d’habiter paris, on peut ainsi chroniquer un million d’expos et autant de galeries (si tant est qu’on en ait le temps) Ici, direct from troy-du-cul-du-monde, j’en suis réduit à lire vos chroniques, et éventuellement acheter les catalogues sur le ouaibe! Heureusement, on a le cinoche!!!
L’oubli (ou la mémoire) a ses raisons que la raison ne connaît pas.