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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Free Zone

Là où « Terre Promise », le précédent film d’Amos Gitaï m’avait déçu, Free Zone m’a conquis. En effet, à mon avis, le premier manquait d’une narration construite, d’une histoire qui tenait debout, alors même que son sujet était solide et captivant, tandis que le second m’a rapidement embarqué dans son intrigue en proposant un cinéma un peu plus épique et moins prosaïque.

Une très belle chanson vient débuter ce film : « Had Gadia », c’est comme une comptine qui de sa morale toute enfantine donne le ton. Il s’agit d’une succession d’agresseurs qui se retrouvent agressés à leur tour (un agneau est attaqué par un chat, qui est mordu par un chien, le chien est frappé par un bâton et le bâton consumé par le feu etc.), sans fin, comme les attentats se suivent d’un côté ou de l’autre de la frontière. Et au bout d’un moment, on ne sait plus qui est l’opprimé de l’oppresseur, chacun répond oeil pour oeil, dent pour dent, il n’y a plus alors que des coupables, et paradoxalement des innocents des deux côtés.

Natalie Portman (Rebecca) est une américaine (d’un père israélien) qui vient de se séparer de son fiancé. Elle est conduite par Hanah Laszlo (Hannah) qui remplace son mari en tant que chauffeur de taxi (ce dernier a été victime d’un attentat). Hannah doit aller chercher l’argent d’une transaction de son mari avec des palestiniens dans la Free Zone, un endroit particulier entre la Jordanie, l’Irak, l’Arabie Saoudite et la Syrie qui est en paix et sans douane. Hannah emmène Rebecca qui ne veut pas la quitter, et qui a du mal à gérer, sa rupture et ses origines. Elles passent en Jordanie pour rejoindre la Free Zone et rencontre la femme de leur débiteur Leila (Hiam Abbass).

Une forme inattendue qui m’a beaucoup plu : il s’agit d’un road-movie féminin et multiracial et trilingue (arabe, hébreu et anglais), qui affirme haut et fort le rôle des femmes au moyen-orient. On est loin de l’approche documentaire de « Terre Promise », et ce n’est pas non plus « Thelma et Louise », mais la rencontre inopinée de trois femmes d’horizons complètement différents (une israélienne, une américaine, une palestinienne) donnent lieu à des scènes d’une rare intensité. Malgré quelques moments un peu trop verbeux et explicatifs, les dialogues sont percutants et cinglants. Et surtout les trois comédiennes sont excellentes, elles s’amusent à certains moments dans des saynètes d’une grande cocasserie (Hannah Laszlo avec un humour feuje assez irrésistible), pour s’engueuler avec plus ou moins de sérieux dans des palabres sans fin ou échanger des sarcasmes sur fond de dissension politique. J’ai adoré la manière dont il a tourné ces femmes, en plans rapprochés dans des bagnoles qui cahotent sur des routes défoncées. Et des effets qui soulignent les propos sans jamais les trahir, une histoire qui est scandée par une caméra alerte et pénétrante.

La fin du film se termine par cette même chanson « Had Gadia », on comprend alors que le réalisateur n’est pas spécialement optimiste. Mais si les choses doivent changer, on sent aussi qu’il est persuadé que les femmes ont un grand rôle à jouer dans ce processus.

Free Zone

PS :
L’avis des copines : J’adore Flu, on est rarement d’accord, mais je suis fan de leurs critiques (ce qui est possible !). Ils ont adoré Terre Promise et enfoncé Free Zone. ;-)

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