MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Kitchen

Le bonheur, c’est de mener une vie où rien ne vous oblige à prendre conscience de votre solitude.

J’ai relevé cette phrase là en plein milieu du bouquin de Banana Yoshimoto, et je trouve qu’elle résume bien le ton, le fond et la beauté minimaliste du roman. Deux nouvelles ou romans courts composent cet ouvrage, et ces deux récits ont en commun ce même usage de phrases courtes et incisives, le thème du deuil, des personnages féminins plus ou moins prostrés, ainsi qu’une atmosphère délicate et suave. J’ai beaucoup aimé rentrer dans cet univers à la fois si nippon, et qui y déroge en même temps sur pas mal de points. Pas étonnant donc que ce livre ait été un tel phénomène au Japon, et que l’auteur soit rapidement devenue une « star ».

L’héroïne de Kitchen, Mikage, est fascinée par les cuisines et les frigos. Elle leur voue une espèce de culte étrange, mais ça la rassure. Elle perd sa grand-mère qui était le dernier membre de sa famille, et elle n’arrive pas à faire front à sa douleur. Dans le même temps, un camarade de classe, Yûichi, lui propose d’habiter chez lui et sa maman, Eriko. Cette dernière est en fait le père de Yûichi, donc une transsexuelle, et l’héroïne tombe rapidement sous son charme.

Un récit tout en délicatesse et en quiétude. L’auteur écrit des lignes qui ne font pas de bruit, mais dont la douceur touche le lecteur. L’action comme le style est minimaliste, mais pas inintéressante, lassante ou creuse. On est bien dans un monde nippon avec les codes habituels, mais avec des personnages dont les valeurs fantasques et le décalage est d’une frappante singularité, ainsi que d’un charme fou.

Le second récit, vraiment court comme une nouvelle, présente aussi une héroïne aux prises avec les difficultés du deuil. Satsuki vient de perdre son fiancé dans un accident de voiture. Mais l’ironie du sort est encore plus perverse, car le deuil est aussi partagé par Hitoshi, un ami d’enfance. En effet, ce dernier a aussi perdu sa fiancée dans le même accident, puisque c’était l’ami de Satsuki qui raccompagnait la fiancée de Hitoshi ! Les deux amis se retrouvent donc liés par un événement très difficile à assumer, et expriment différemment mais également leur malaise. Ce texte m’a presque plus conquis que le premier car j’aime beaucoup la manière dont la relation entre les deux amis est dépeinte. Le style y est toujours aussi minimaliste et agréable.

Une jolie découverte que cet écrivain, que quasiment tout mon entourage connaissait déjà, et m’avait depuis longtemps conseillé.

L’avis des copineuh : Oli et David.

Banana Yoshimoto - Kitchen

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