Frédéric Boudet signe là un premier ouvrage, et il s’agit d’un recueil de douze nouvelles que j’ai pris un plaisir fou à découvrir. « L’Olivier » est une maison d’édition qui réserve souvent de bonnes surprises, et notamment dans la mouvance d’une littérature américaine ou anglaise que j’aime tant. Et là j’ai eu le bonheur de lire un auteur, qui comme Gilles Leroy, prend le meilleur de la narration américaine tout en nourrissant une belle plume française bien de chez nous (mais pas aussi « littéraire » que Leroy).
En moyenne une douzaine de pages par nouvelle qui posent vaguement un décor et une situation, mais s’intéressent particulièrement à des personnages en proie des tourments intérieurs. Ces tourments prennent des formes très différentes, et il est difficile de donner un ton ou un thème global au bouquin, mais disons que les relations familiales, filiales même, ainsi que des moments charnières, de ruptures de l’existence, sont des sujets redondants du livre.
L’écriture est incisive et introspective à la fois, j’ai beaucoup aimé cette manière de rentrer dans le personnage, d’explorer ses failles sans pourtant verser dans le pathos à outrance. Ces fils et ces pères qui ont des problèmes pour communiquer, ce monde si particulier de l’enfance et de l’adolescence, un monde intérieur qu’il faut respecter faute de le comprendre, les souvenirs qui construisent l’homme autant qu’ils l’handicapent, et dans tout cela, la mort, l’amour, les disputes, les réconciliations. Je n’ai vraiment pas été insensible à ces propos et il est toujours intéressant de lire la manière dont un homme (un écrivain) se positionne en tant que père ou fils, un peu comme je suis fasciné par la manière dont Michael Cunningham réussit à évoquer la famille, aussi démantelée et déjantée soit-elle.
Frédéric Boudet apporte là son style, sa clairvoyance et en même temps des fêlures qui rendent ses personnages si attachants et ses situations si proches du lecteur. Ce bouquin, pour une première oeuvre, a beaucoup de qualités, tant littéraires que narratives, et j’espère qu’il trouvera un écho dans une industrie littéraire en continuelle surproduction.
oh, je sens que ces “invisibles” ont tout pour me plaire.
merci Matoo (j’ai tendance à moins suivre, hélas, l’Olivier, depuis qu’il avait été racheté par le Seuil et même si Olivier Cohen y est revenu à présent).