MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Volver

Dans la « Mauvaise Education », nous étions dans un film d’hommes, et dans ses derniers films Almodovar avait un peu délaissé la gente féminine qui a fait toute sa célébrité, mais dans « Volver » (cette fois pas de traduction française…), elles sont de retour ! Il faut chercher les mecs qui se cachent dans le film, et le seul étant un faux-jeton qui tente de violer sa fille, on peut considérer qu’il s’agit d’une oeuvre qui célèbre les femmes, tous les genres de femmes, comme Almodovar sait si bien le faire.

Du typique de chez Almodovar avec trois générations de femmes, dans une Espagne traditionnelle où justement les femmes restent entre elles, s’occupent des plus âgées, et cancanent avec plus ou moins d’acrimonie les unes sur les autres. Penelope Cruz (Raimunda) a quitté son village et sa famille pour Madrid, alors qu’elle attendait un enfant. Elle habite aujourd’hui la capitale avec sa fille Laura et son mari. Sa soeur, Lolas Duenas (Sole), habite aussi dans le coin, tandis que leur mère est morte il y a trois ans. Elles vont rendre visite à leur tante qui est un peu sénile, et qui passe l’arme à gauche quelques jours plus tard.

Et là phénomène surnaturel : la mère (sublime Carmen Maura) apparaît à Lolas Duenas, et vient emménager chez cette dernière, alors que Penelope Cruz l’ignore. Mais dans la même période, le mari disparaît, Penelope Cruz reprend un restaurant avec l’aide de ses voisines (dont une prostituée lesbienne savoureuse), Carmen Maura tente de s’acclimater à son existence post-mortem, et une altruiste et généreuse voisine (excellente Bianca Portillo) de la tante découvre qu’elle a un cancer (et elle cherche aussi sa mère, mais c’est une autre histoire).

Donc vous aurez compris que l’intrigue est toute almodovarienne, avec une kyrielle de personnages, de digressions, d’actions périphériques, de ramifications et de radicelles. Mais le tout est tellement fluide, plaisant, vivant et palpitant que l’on plonge dans cet univers en quelques minutes, et que les deux heures ne se sentent pas du tout. Les actrices sont parfaites, et Penelope Cruz brille au firmament de ce beau casting. Cette dernière montre vraiment ce qu’elle a dans les tripes, et elle démontre tous ses talents de comédienne. Elle est une fascinante héroïne almodovarienne, haute en couleur, à la fois forte et fragile, qui refoule son passé, assume ses devoirs familiaux et qui a le sens du sacrifice. Bref un personnage attachant au possible et qui illumine l’écran.

Le film est un savant dosage d’humour (la scène de l’émission de téléréalité est fabuleuse), de délicatesse, de drames, de notes d’espoir, de valeurs espagnoles traditionnelles etc. Les scènes madrilènes contrastent avec celles de province, dans un village battu par le vent, un vent qui rend les gens fous, avec ses troupeaux de veuves en noir, ses adultères plus ou moins secrets, ses apparitions fantomatiques et ses allées pavées. Les relations entre ces femmes se font et se défont, évoluent et se transforment, mais finalement le lien filial prévaut, et l’amour vainc.

J’ai beaucoup aimé le film, mais je ne le mettrais pas dans mes Almodovar favoris non plus. Malgré ses qualités, j’ai trouvé qu’il manquait un brin de passion et d’une intrigue principale un peu plus flamboyante. Au final, le rythme est un peu tranquille, et le film manque peut-être un peu de retournements de situation ou simplement d’un dénouement tragique. Du coup l’ensemble est extrêmement plaisant et m’a fait passé un bon moment, mais il manque un je ne sais quoi de piment qui m’en aurait laissé un goût inoubliable.

L’avis des copines : Niklas, Orphéus.

Volver

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  • le seul bon point du film, c’est d’ajouter une pierre à l’univers d’Almodovar. La soeur, Sole, ressemble à l’infirmier de Parle avec elle, Penelope C. ressemble à Garcia Bernal dans la mauvaise education, et la voisine cancéreuse à Almodovar lui-même. Ce n’est pas un hasard, c’est très intelligent, mais c’est un filmlonguet, on a tout compris au bout de 40 min. Ca ne devrait pas mériter la palme, reste à voir la concurrence…

  • ce film est d’une incroyable limpidité, et pour cette raison il est parmi ceux que je préfère d’Almodovar. Penelope est bien mais tellement bimbo, celle que je retiens dans ce film c’est Carmen Maura parce qu’elle est l’inverse, si belle avec ses rides, ses bas noirs qui n’arrivent pas au dessus de ses blouses, ses grands yeux… C’est pour moi une immense actrice.

  • La force de cet almodovar ci vient aussi de la limpidité avec laquelle il fait passer un scénario finalement assez complexe dans sa structure…!
    J’halucine comment il spoile le matoo!
    Oui je sais je suis cité dans l’avis des cop’s, alors j’ai pas besoin de ramener ma gueule, mais je voulais enore voir mon gravatar … il est tout neuf mon gravatar :pompom:

  • J’ai découvert Almodovar tard, avec La mauvaise éducation. Et je suis depuis fan. Mais j’ai beaucoup de retard à rattraper.
    J’ai adoré Volver, je ne me suis jamais ennuyé, et j’ai trouvé qu’il était superbe.
    A noter que ce soir, à 00h50, repasse Matador, sur F2.

  • çà donne moyennement envie de le voir; mon petit palmares personnel
    1) La ley del deseo avec une Carmen Maura éblouissante, belle, sensuelle et un Banderas tout à fait suportable
    2) Todo sobre mi Madre
    3) Matador

    et puis une tendresse particulière pour les 3 premiers foutraques, absolument pas maitrisés, filmés dans l’urgence de La movida, trash. un peu moins consensuels que les derniers mais hyper jouissifs:-)

  • je partage complètement ton avis Matoo!:kiss:

    En parlant de bimbo, jadore le plan de la grosse pôtrine de Penelope Cruz en train de faire la vaisselle, prise d’en haut avec les seins, la medaille de la vierge ou un truc religieux et en fond l’eau de la vaisselle. J’adore. DAns le meme genre j’avais adoré dans la Mala Educación le passage où les 2 gosses se branlouillent au ciné, on voit leurs gestes, en ombre chinoise, et au fond, sur leur écran de ciné à eux, des bonnes soeurs
    :mrgreen:

    Mon préféré reste la Mala educación je crois.

    :pompom: il est fort ce Pedro!

    Pour les fans de CArmen Maura, i a La Comunidad d’Alex de la Iglesia ( mes chers voisins en VF). Un film très drôle.

  • J’ai vraiment adoré ce film, tout en beauté et en émotion, c’est un film à la gloire des femmes.
    Dans une des scènes on voit une des actrices qui démoule un gâteau !
    De quel gâteau s’agit-il ?
    Gâteau de riz, crème renversé, ou autre chose ?
    Merci de votre réponse, un énorme pari est en jeu !

    Merci cordialement

  • Comme beaucoup semble-t-il j’ai aimé Volver, sublime interprétation de ces femmes “si typiques d’Almodovar”, mais je trouve également qu’il manque un petit quelque chose pour en faire un Grand film
    peut-être pour cela qu’il a reçu le prix du scenario et non la palme à Cannes ?
    Et tout cas on aimerais voir + souvent des films de cette qualité…
    Claude
    p.s. mon préféré est ‘Talons aiguilles”

  • je me contenterai de faire un commentaire sur le titre de ce film qui marque comme une rupture par rapport aux précédents. Volver signifie “revenir, retourner mais suggère aussi l’idée de recommencer qqchose : volver a hacer algo etc…” Donc, on revient aux femmes, aux origines, à l’Espagne rurale (Almodovar est originaire de la Mancha le pays de Don Quichotte) et dans ce film empreint de nostalgie tt nous parle de cette terre, de ce monde reculé aux portes de Madrid et cependant si loin de l’Espagne des villes. Ces baisers qui claquent sur les joues, ces blouses à fleurs, cet univers de femmes, tout à la fois fortes et fragiles, des femmes qui souffrent, des hommes absents, incapables d’assumer leur rôle. J’ai surtout aimé ces portraits de femmes, différentes, émouvantes ; j’ai aimé cette retenue dans l’expression des sentiments ; Raimunda, Agustina (sublime), Sole et la petite qu’on avait déjà vuee dans le dernier film de Saura (le Septième jour) toutes sont superbes jusqu’à la vieille tante (Chus Lampreave)…

  • :croa:Un film qui se laisse plus que voir , dans lequel on palpite à chaque instant … et où la gente masculine attend j’ens suis sûr l’apparition de la sulfureuse Pénélope …:kiss:

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