Un Will Self qui sort, c’est toujours un événement pour moi. Je me dis qu’il faudrait vraiment que je me mette à lire en VO, si je veux les découvrir au moment où l’auteur les sort outre-Manche… Mais pour le moment, j’attends les traductions ! J’avais découvert Self par « Vice-Versa » qui m’avait fasciné (deux nouvelles distinctes : une nana qui voit son clitoris se transformer en un véritable pénis pour la première, et un type qui a un con qui apparaît dans le creux de son genou pour la seconde). Il m’avait conquis avec « Les Grands Singes » (que je place dans mes bouquins favoris de chez favoris), et aussi avec « Dorian » qui était un sacré bouquin.
Ce bouquin là, Dr Mukti, a une ampleur moindre à côté de ce que j’ai pu lire de l’auteur. Déjà dans le volume, puisque c’est un roman assez court et finalement elliptique (apparemment la version anglaise est « packagée » avec d’autres nouvelles). Malgré tout on y trouve toutes les qualités littéraires de l’écrivain, qui ne sont pas moindres, ainsi que son talent pour les situations abracadabrantes, et l’étude des méandres de l’esprit humain. D’ailleurs je me demande ce que Mélie pourrait penser d’un tel bouquin, puisqu’il est particulièrement en résonance avec « Les Grands Singes » et traite du milieu psychiatrique. Et surtout on y retrouve le fascinant psychiatre du précédent bouquin : Zack Busner (bon c’était évidemment un singe dans l’autre ouvrage… et pas là ! On trouvait aussi le personnage dans « Théorie quantitative de la démence »).
Shiva Mukti est un psychiatre très pro et consciencieux, d’origine indienne donc, qui travaille dans l’hôpital londonien de St Mungo. Il est assez jaloux de son collègue Zack Busner qui est un psychiatre juif aussi réputé et encensé que controversé. Ce dernier fréquente les plateaux de télévision et est fameux pour son approche singulière de la psychiatrie (notamment de plus aider les malades à vivre avec leurs psychoses, plutôt que de s’en guérir par les médicaments).
L’ouvrage est principalement axé sur les rapports entre ces deux praticiens que tout oppose. Ils restent très corrects et polis, mais se font une guéguerre de grands professeurs en s’envoyant mutuellement des malades pour des secondes opinions. Ces « cas » sont l’occasion pour Will Self de mettre en scène de drôles de zozos, mais surtout de nous faire rapidement comprendre que les psychiatres sont certainement aussi « fous » que leurs patients.
Busner envoie donc « Créosote Man », et Shiva lui répond avec « Rocky ». Ce dernier patient est un tel « piège » pathologique que Busner se retrouve rapidement avec un macchabée sur les mains. Donc quand le Dr Mukti reçoit « Mohammed Kabir » de la part de son confrère sémite, il se méfie… Le roman entre surtout dans l’intimité du Dr Mukti et nous fait voir avec un saisissant réalisme les problèmes que l’homme ressent face à sa culture d’origine. L’auteur aborde alors sous un angle résolument original les problèmes communautaires.
Pas un Will Self à se relever la nuit, mais un opus à se procurer pour les fans, et en attendant un bon gros roman savoureux !
Bonjour. Merci pour l’info. Je ne savais pas et j’ai tellement aimé “Dorian” :)
Dommage qu’il n’ait apparemment pas continué sur la lancée de Dorian
D’accord avec toi Matoo: un “petit” Self, mais d’une part c’est plus une “novella” qu’un vrai roman et d’autre part le sujet, puisque ‘il embrasse les obssessions habituelles de son auteur, est finalement assez attendu. Néannmois un très bon moment (faut pas bouder son plaisir!).
Mais attention: est attendu pour la rentrée littéraire 2006 (ou l’année prochaine?)un nouveau roman annoncé comme super chez d’oeuvre: ouvre l’oeil ptit chat!:lol: