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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Auprès de moi toujours

De Kazuo Ishiguro, j’avais déjà lu « L’Inconsolé » et « Les Vestiges du jour » qui sont deux romans brillants et devenus rapidement des classiques de la Littérature Anglaise (avec les majuscules). L’auteur est né au Japon, mais il s’est affirmé comme un des glorieux représentants de la littérature de son pays d’adoption. On retrouve dans ce roman les qualités d’écriture absolument irréprochable d’Ishiguro. Je ne sais pas comment il fait pour écrire avec un tel niveau d’expression tout en restant dans une narration d’une stupéfiante limpidité et fluidité. Mais là où j’ai été ébahi, c’est simplement dans le sujet. Nous sommes quasiment dans un roman d’anticipation, ce à quoi je ne m’attendais absolument pas.

Imaginez ce gros navet de « The Island » mais avec une vraie histoire, de vrais personnages et une intrigue vraiment intéressante. Voilà ce qu’est « Auprès de moi toujours » : le scénario qu’il aurait fallu greffer à « The Island » pour en faire un chef d’oeuvre. Notons d’ailleurs au passage que c’est Kazuo Ishiguro qui a été le scénariste de « The saddest music in the world ».

Le livre est très agréable à lire, et plutôt facile à parcourir car il a justement la forme d’un scénario, et un narrateur unique. Il s’agit d’une narratrice : Kath, elle raconte son enfance et son adolescence dans une étrange école, Hailsham, dont elle est restée très marquée. Il s’agit d’une école où les enfants sont très bien élevés, et où leurs « gardiens » tendent à leur inculquer des valeurs, mais aussi une bonne culture et un certain sens de leurs futures responsabilités. On apprend par bribes et par expressions étranges disséminées dans le texte que ce ne sont pas exactement des enfants comme les autres. Il s’agit de devenir d’abord « accompagnant », puis de « dons » successifs… Kath était très liée à Ruth et Tommy à Hailsham, alors qu’elle les retrouve à l’âge adulte en tant que « donneurs », elle se remémore leurs parcours, leurs aspirations, et tente de trouver un sens à sa vie.

Il s’agit d’un roman terriblement scotchant, et je tournais les pages avec frénésie à maintes reprises. L’auteur instille dans ses personnages des rapports humains qui posent des questions qui dépassent le simple cadre de l’intrigue, et donne une bien plus grande envergure au roman. Le récit est non seulement brillamment écrit et passionnant, mais en outre l’épaisseur psychologique des trois protagonistes en fait un ouvrage particulièrement touchant. Et il y a cette dimension « anticipative » qui est surprenante au début, mais à laquelle on s’accommode rapidement. L’auteur est original dans sa manière de poser l’intrigue, puisqu’il ne s’agit pas de juger le bien-fondé ou pas du clonage, ni de monter une histoire où des clones veulent échapper à leur destin. Il se focalise plutôt sur ses personnages, et finalement leur éducation dans cette mystérieuse institution aux valeurs peu conformes.

Un de ces très bons romans qui vous restent en tête un certain temps. On y trouve une écriture ciselée et efficace, une histoire bien construite et haletante, des personnages touchants et avec du charisme, une intrigue qui véhicule son action mais aussi pléthore de réflexions et d’« ouvertures ». Bref, c’est du très très bon !

Auprès de moi toujours - Kazuo Ishiguro

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  • c’est sûr que par rapport à the island qui ne s’attache pas assez aux relations des personnages mais plus à l’intrigue et au phénomène du clonage -ouh lala, c’est pas bien le clonage, on leur laisse pas le choix à ces pauvres sacs d’os et d’oragnes.. mais Ô mon dieu, que c’est monstrueux !:shock: – huhu, ce livre doit se démarquer très rapidement.. à voir au prochain détour d’une librairie…:book:

  • tout à fait d’accord avec ta critique. ce livre provoque la réflexion tout en douceur. j’étais assez intriguée au début: on ne sait pas du à quel genre de livre de livre s’attendre et c’est plutôt rare aujourd’hui. en plus c’est très sobre, pas mélo pour un sou.
    bravo Kazuo!

  • mon meilleur souvenir de lecture de l’été! Et je te remercie de pas avoir fait comme certains critiques, c’est à dire dévoiler ce qui se cache exactement derrière les noms de “donneurs” et d'”accompagnants”, bien qu’on le suppute bien vite

  • Bonjour
    j’ai horreur des lectures contraintes et ce livre en est une. Je dois le lire en anglais et j’ai du mal à comprendre le début. Grâce à vous j’ai enfin trouvé la traduction de carer et donor. Mais je ne comprend pas le contexte, en consiste les tâches d “accompagnante” et de “donneur”? Se trouve-t-on donc dans une clinique? Comment retrouve-t-elle ses anciens amis?
    J’espère qu’avec votre aide ce livre me plaira malgré mes quelques difficultés de compréhension.
    Merci d’avance

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