Lorsque j’ai entendu Bernard Werber expliquer sa méthode de rédaction à « géométrie variable » (haïku, nouvelle, roman, cycle), j’ai été surpris. Mais alors quand il a avoué avoir écrit le présent bouquin en trois mois, j’ai été encore plus ébahi ! Eh bien, finalement après l’avoir lu, je comprends un peu mieux de quoi il en retourne. Il faut dire que je n’ai lu que « les Fourmis » de l’auteur, un livre dont l’idée m’avait énormément plu, mais le reste de son oeuvre ne m’avait pas assez accroché pour que je m’y penche plus avant.
Werber est un artisan de l’écriture comme il se décrit lui-même. Il rédige donc avec efficacité, voire « efficience », des récits avec une excellente méthode de « page turner » à l’américaine : phrases incisives, chapitres courts, beaucoup de dialogues et suspense progressif. Le « papillon des étoiles » ne dément pas une des grandes qualités de cet auteur : son imagination. On devine qu’il a eu l’idée du retournement de situation final (je ne spoile rien, il y en a toujours…) ainsi que du voilier solaire, et qu’ensuite il a bouché les trous avec la technique habituelle.
Mais le problème c’est que ça se voit beaucoup. Le bouquin ne fait pas achevé, ou alors vraiment écrit sans trop se fouler sur les détails. En outre, le sujet a une telle ampleur, en temps, en personnages et en actions, qu’il ne parait vraiment pas crédible de le couvrir en si peu de pages. Et du coup, les ellipses sont énormes, les raccourcis scientifiques sont parfois vraiment discutables, et on se pose beaucoup trop de questions. Si le récit avait été purement futuriste, j’aurais été beaucoup plus capable de me projeter dedans, mais là comme l’anticipation est plutôt proche, on ne peut s’empêcher de trouver ça parfois très gonflé.
Yves Kramer est un scientifique qui a inventé la possibilité de se déplacer très rapidement dans l’espace à l’aide d’un « voilier solaire ». Il s’agit d’un vaisseau mu par une voile qui est poussée par les photons. Le vaisseau accélère sans être jamais ralenti par le vide, et atteint donc des vitesses faramineuses. Yves prévoit de pouvoir accéder à une planète voisine et viable en un millier d’années. La Terre vit crises sur crises, entre famines, guerres, pollutions et autres joyeusetés humaines, et le scientifique reçoit l’aide d’un milliardaire magnanime pour construire son « papillon des étoiles ».
Finalement, il faut construire une voile gigantesque et un cylindre immense qui accueille 144 000 pèlerins, qui vivront en autarcie dans une biosphère, et se reproduiront pendant ce millier d’années. Le vaisseau est lancé alors que le projet commence à être menacé par la pression internationale. Et c’est parti !
Toute la première partie me fait inexorablement penser à « Contact », avec le coup du milliardaire et puis la construction pharaonique de ce voilier spatial. Ensuite on pense un peu à « Fondation » avec ce récit qui tend à résumer dix siècles d’évolution de cette nouvelle humanité. Mais donc je n’ai pas été hyper impressionné par l’originalité du récit… et la narration est somme toute très banale. Par contre, la chute est excellente (même si on la sent venir), et le retournement de situation a un certain panache.
Je ne peux pas dire que c’est mauvais. Le bouquin se lit facilement, et avec un certain plaisir. Les personnages sont plutôt attachants et on a envie de savoir comment tout cela va se terminer. Mais tout de même, il manque un peu de piment au récit. Il manque un peu de substance et d’originalité à cette histoire à mon avis. Et toutes ces questions réglées en deux coups de cuillère à pot, comme l’énigme de la fin ou bien la construction d’une nouvelle navette, l’usure à l’intérieur même de la biosphère, le manque de prévision et de gestion de la vie dans le vaisseau etc.
Bon l’idée de départ et la fin tiennent la route, mais entre les deux… On ne peut pas dire que ce soit la réussite littéraire de l’année, et ce malgré les qualités d’écriture intrinsèques de l’auteur.
L’avis des copines : Julie, Lisa.
Non, la réussite de l’année, c’est Christine Angot, Yann Moix, Patrick Poivre d’Arvor, Florian Zeller. :shock:
Ca ferait pas un peu penser à Mars la rouge, de Kim S. Robinson ?
Une chute avec retournement de situation (qui rappelle le “renversement ironique” caractéristique de Pierre Boulle)… un char à voile (comme dans “La planète des singes”)… Il est dans sa période Pierre Boulle, le Bernard ?? :langue:
De quoi Zeller après l’article assassin de Libé au début du mois ?
et j’ai oublié de te remercier, là… décidemment je suis vraiment pas gentille du tout moi…
mais comment tu as fait pour le lire avant tout le monde??:gne:
on s’est vu??!
ah lala …
J’M.
Aurélie: les explications sont là:
http://www.lemague.net/dyn/article.php3?id_article=2420
Je l’ai dévoré hier dans le train.
Au début, j’ai craint moi aussi de voir un pâle clone du cycle de Fondation.
Et j’ai été agréablement surpris sur beaucoup de points.
Tout d’abord, étant un lecteur assidu de Werber, j’ai été ravi de voir, finalement, un peu de pessimisme et de doute, alors qu’il y a souvent un guide omniscient ou éclairé. Là, tout le monde est dans le doute.
En outre le traitement même du thème est surprenant. Je m’attendais, comme dit, à une structure à la “Fondation”. Des péripéties espacées dans le temps, avec des héros qui s’enchaînent et connaissent les exploits de leurs prédécesseurs… Et il n’en fut rien! Et du coup, c’est très surprenant, et (peut-être un peu de naïveté de ma part…), je n’ai pas vu venir la fin.
En bref, un peu court, mais facile à lire, un peu plus acide moins utopiste que les autres :)
Moi j’ai trouvé ce bouquin minable. Un ramassis de bêtises, truffée d’erreurs scientifiques ou techniques grossières (je les retenais au début, mais il y en a tellement que j’ai laissé tombé devant l’ampleur de la tâche…). En plus il y a pas mal de contradictions dans le récit, et séparée parfois de peu de pages (ex : le coup de la gravité d’abord plus faible, puis plus forte, mais finalement plus faible de la nouvelle planète).
Ca fait vraiment bâclé. L’auteur aurait dû le faire relire par un scientifique…
Au début, on se dit que c’est une erreur et que ça arrive, ça donne juste l’impression désolante d’un tour de prestidigitation dont on a percé le secret.
Mais au fil des pages, on se rend compte que l’auteur est juste un scientiste qui ne maîtrise aucunes bases scientifiques (peut être un peu plus en biologie, mais ça n’est pas mon domaine, je ne peux pas me prononcer, bien que j’aie quand même repéré des erreurs) et à partir de là, le récit semble être écrit par un adolescent prétentieux et sûr de lui à tort.
Bon, j’arrête. J’ai lu le livre en entier parce que je suis optimiste et que je laisse toujours une chance de s’améliorer, mais ça ne valait pas le coup. En plus si on ajoute à ça la vision pitoyable que l’auteur montre du monde et de l’humain, il n’y a rien pour rattraper… Ah si, c’est écrit gros et il n’y a pas trop de pages !
:berk: