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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

The Queen

Même de la part d’un Stephen Frears, excellent réalisateur s’il en est, je trouvais que le film jouait sur un terrain drôlement glissant. Il était tellement facile de faire un film qui se vautre dans la caricature et le people, ou bien qui soit trop partisan, ou encore trop politique (ou pas assez). Mais là de manière assez épatante, il s’agit d’un film brillant, palpitant, intéressant et intelligent.

Le film a donc pour personnage central Elisabeth II, ou plus exactement le couple Elisabeth-Tony Blair, durant la période charnière de la mort accidentelle de Diana, en août 1997. Un film éminemment politique donc, et qui non seulement nous familiarise avec les mécanismes de cette monarchie parlementaire, mais aussi avec le caractère de cette charismatique reine, et l’ambiance électrique qui a secoué le pays et la famille royale après ce décès.

On connaît donc tous ces faits d’actualité et de presse people, mais la qualité du film réside vraiment dans le scénario, doté d’une remarquable écriture, dans la mise en scène (Frears !), dans les incroyables comédiens (Helen Mirren en proue) et dans des dialogues ciselés. Mais surtout, et ce dont je ne me doutais pas, ce que j’ai apprécié c’est l’humour terrible qui imprègne chacune des scènes. Ce film distille l’esprit britannique dans tout son flegme et sa légendaire retenue, et c’est absolument désopilant.

La reine ressort grandie de ce film, et vraiment pas parce qu’on met en exergue ses qualités, mais simplement par l’apparente justesse de ce portrait. J’ai beau être anti-royaliste, je suis fasciné par cette femme à la trempe fabuleuse, mais aussi à la froideur qui a certainement fait souffrir sa famille, et elle-même. Le réalisateur met en scène les tourments intérieurs de la reine avec beaucoup de sensibilité, et profite de certaines répliques pour situer les choses avec une troublante acuité. J’adore quand elle reçoit Tony Blair et le remet tout de suite à sa place en expliquant qu’il est le dixième Prime Minister, et que le premier à ce poste était Winston Churchill. Evidemment, ça force le respect. Et on est d’autant plus enclin à croire ses qualités humaines, que Frears en présente aussi le pendant. On voit la vieille Elisabeth inique et glaciale, inhibée et coincée dans son protocole, et ses valeurs de « vieille-Angleterre ».

Et le film n’est pas chiant du tout, ni longuet, alors qu’on n’aurait pu craindre le pire avec un sujet pareil. Mais les comédiens sont talentueux, les intrigues sont à la fois familières et en même temps révélées sous un angle novateur et intéressant. Outre cela, j’ai aimé le lever de rideau sur les relations entre politique, monarchie et presse (les fameux tabloïds anglais). L’auteur met bien en exergue le paradoxe entre le personnage iconifié de Diana (qui n’était pas toute immaculée), et la démagogie du politique (qui n’en pensait pas moins… mais a joué son rôle), en regard de la neutralité mal perçue de la reine (qui finalement a cédé, et a renoué avec son peuple).

Donc une très bonne surprise que ce film anglo-franco-américain, il ne paraît pas comme cela, mais vraiment il est bien ficelé et intéressant. Et encore une fois, je me suis bidonné à toutes les répliques (je suis très anglophile, et hyper sensible à leurs sarcasmes et ironie grinçante). Après, certains personnages sont assez caricaturaux, à part la reine et Blair, et ne sont qu’effleurés (Philippe, Charles et la mère notamment, cette dernière étant présentée comme un peu à l’ouest), mais cela n’est pas dérangeant. Helen Mirren fait montre là de toutes ses qualités de comédienne, et elle est vraiment à saluer. Je suis fan de cette femme depuis 2010 et Caligula ou Gosford Park plus récemment.

L’avis des copines : Octuple sentier, Niklas, Mathieu, Lieux communs.

The Queen

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  • Matoo, avec cette nouvelle photo de toi en bannière de droite, on ose même plus cliquer sur ton profil.

    Ca me fait penser au bébé lion de la campagne de pub pour les vaccinations des nouveaux-nés… C’est mignon mais ce n’est pas crédible. Voyons. :afro:

    Excellent film par ailleurs :)

  • la scène avec le cerf est ridicule. Le prince Philip (facho bouffeur d’homos qui ne pense qu’à la chasse) est aussi caricaturale que Cherie Blair (qui tient de la marchande de poisson, version poufiasse marseillaise). J’ai été déçu par ce film, d’autant que Frears a fait de bons films, et un chef d’oeuvre (Prick up your ears, génialissime, bien mieux que My beautiful laundrett). Je tiens juste à apporter un peu de contradiction à ce déluge de louanges.

  • OUI !!!!!!!!!!!! c’est quoi cette photo!!! Moi j’aime !!!!
    On a l’impression que quelqu’un a marché sur la queue du Rô Matoo, ou bien a oublie de lui donné sa patée/purée :boulet:

  • C’est amusant de voir que ta nouvelle photo inspire plus de commentaires que ton avis sur le film ! :mrgreen:
    Bon, moi je l’aime bien cette photo, parce que ton visage change un peu (les autres, on finit par croire à un montage avec la même tête mais des postures et des habits différents !:rigole:)
    Pour le iflm, c’est vrai que Philip, Cherie Blair et Charles sont très caricaturaux ; mais ils ne sont pas joués par des acteurs aussi talentueux que Helen Mirren ; ensuite cela accentue l’aspect totalement secondaire de ces personnages (j’ai même envie de dire “de ces personnes”). Ce qui m’a tué c’est de voir la reîne prendre toujours conseil auprès de sa vieille peau de mère qu’on s’étonne de ne pas voir sénile. Comme quoi -et c’est un des thèmes importants du films- ces individus, en plus d’être des monarques, sont aussi une famille : on voit la reine Et la reine-mère, mais on voit aussi la mère Et la fille.
    Et je salue Frears pour avoir réussi à faire de Diana l’un des personnages principaux du films… Alors qu’elle est morte et qu’on ne la voit qu’à travers les reportages ou l’impact de son décès. Elle est omniprésente dans ce film.
    Le passage du cer est important parce qu’on rentre presque dans le domaine onirique de la reine, son monde intérieur, ses croyances… En complet décalage avec la réalité, tout en la mettant au même niveau que le peuple britannique et le monde face à Diana. A-t-elle conscience que le charisme qu’elle subit du cerf est comparable à celui que son ex-belle-fille dégage auprès du public ?
    Ouhla ! Encore un trop long commentaire:blah: Promis, je vais faire plus court la prochaine fois:redface:

  • Helen Mirren’s the best… definitely! :cool:

    J’ai adoré le “It’s Ma’am as in ham. Not Ma’aahm as in farm”.
    C’est toute la subtile différence phonétique entre le [ae] et le [a:] :eek:

  • Hmmm, you seem to have liked it more than I did. I thought it was OK, mais j’suis assez d’accord avec Etienne que c’est loin d’être le meilleur film de Stephen Frears. :dodo: En fait, je trouvais les parties “documentaires” – c’est à dire, les extraits de JT, et la fameuse interview Panorama de Diana – beaucoup plus intéressant que “l’intrigue” proprement dite. But I DO love Helen Mirren.:mrgreen:

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