MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Ne le dis à personne

J’ai lu le bouquin il y a quelques années, à l’époque où c’était le best-seller du moment, et j’en avais gardé un bon souvenir. Il s’agit d’un roman amerloque d’un classique absolu, mais efficace et assez prenant. Je me souviens que j’avais été assez impressionné par les mentions informatiques du bouquin qui étaient très crédibles. Donc déjà le premier point, c’est que ce film de Guillaume Canet bénéficie d’une excellente adaptation.

Et j’ai bien dit « adaptation », car ce n’est pas exactement la trame du bouquin, ni les mêmes personnages, mais l’idée y est, les émotions y sont, et je ne pense pas qu’il en ait trahi son âme. Au contraire, il y a même une belle prouesse à avoir pu ainsi transférer cette intrigue complexe en France, et avoir pris le meilleur du film américain, avec des touches gauloises tout à fait correctes. Cela donne un film plutôt crédible et qui tient la route, qui use de quelques ressorts hollywoodiens, sans toutefois verser dans l’action pure. On aurait pu craindre une adaptation beaucoup plus fade dans la translation classique du best-seller en blockbuster.

Alexandre Beck (François Cluzet) est un pédiatre qui a perdu sa femme, il y a huit ans. Ils se sont faits agresser, et elle a été tuée par un serial killer qui sévissait dans la région. A l’anniversaire de la mort de sa femme, le médecin reçoit un étrange email codé, qui ne pourrait venir que de sa femme. Et à l’heure indiquée, il accède à une webcam dans une ville étrangère, où il reconnaît sa femme, qui le fixe dans la foule. A partir de là tout se précipite, car des cadavres enterrés depuis des années sont découverts à l’endroit où sa femme a été assassinée, et l’enquête est plus ou moins réouverte, avec de forts soupçons sur Beck. Pendant ce temps là, il doit découvrir si oui ou non, sa femme est en vie, quelque part.

Le scénario est haletant, et c’est parfaitement traduit par le rythme du film, et les différentes révélations qui surviennent au fur et à mesure. Mais avant tout, et c’est une qualité du film, l’oeuvre se focalise sur les rapports humains entre les différents protagonistes, et évidemment l’amour qui lie toujours Cluzet et sa femme (excellente Marie-Josée Croze). On a conséquemment quelques moments très mélos, mais plutôt réussis dans le genre. Et puis, Guillaume Canet a su s’entourer d’une pléiade de fabuleux comédiens, et de très très bons seconds rôles (bien écrits). Cela donne beaucoup d’énergie au film, et d’originalité aussi, avec des scènes de comédie surprenantes, et une tonalité très changeante, plans après plans.

J’ai été conquis par ces seconds rôles et par la manière dont ils interviennent, avec une ostensible french touch. Et étrangement, j’y ai vu beaucoup de références « queer ». Je ne sais pas si c’est moi qui me fait des films… Il y a bien la fabuleuse Kristin Scott Thomas en lesbienne bobo, mais le personnage existait aussi dans le bouquin (en version camionneuse !), qui est toujours aussi bonne, quel que soit le rôle. Mais aussi le couple de flics François Berléand-Philippe Lefebvre dans quelques scènes qui valent leur pesant de cacahouètes, et une que j’ai trouvé comiquement cryptogay (et les vierges en plastique de Lourdes !!!!). Et l’héroïne queer qui remporte tous les suffrages, c’est sans conteste : Nathalie Baye. Elle est proprement géniale en avocate superstar et femme dominatrice. Drôle et persuasive, j’ai adoré le personnage.

Donc on va dire que le film remplit bien ses objectifs, et qu’il est doté de quelques bonnes qualités. On y trouve même quelques cascades, vues de Paris sympathiques, une bande-son « clipesque », et quelques adaptations à la vie française qui font sourire, comme l’intégration de « racailleland » au scénario. Mais j’ai tout de même été dérangé par une sorte de maladresse, une préciosité qui m’a agacé à plusieurs reprises. Guillaume Canet fait montre là de ses talents de cinéaste, mais j’ai eu l’impression qu’il voulait presque trop en faire. En effet, il utilise tous les plans possibles, on a une caméra à l’épaule qui a la tachycardie, des plans plan-plan et romanesques, des travellings vertigineux, et puis des filtres différents aussi avec une pellicule qui change selon les ambiances (sépia pour le romantique coucher de soleil, numérique pour la caméra à l’épaule, etc.). Cela pourrait être le book d’un réalisateur qui sort de la Fémis (hu huhu). Et les scènes sont parfois découpées de manière abruptes et pas très bien senties, entre des flash-backs (parfois un peu cul-cul), ou des moments (incongrus) clipés de manière curieuse (même si les musiques sont très bien, mais « too much »), comme pour trop poser le spectateur : alors là vous devez rire, là vous devez pleurer, là vous devez regarder le paysage qu’il est très beau etc.

Ce n’est pas quelque chose qui gâche le film, que je trouve vraiment pas mal du tout. Mais tout de même, il y a une somme, non négligeable, de clichés et de maniérismes qui auraient pu être évités, ou mieux gérés. En tout cas, cela reste une production française qui tient la route, qui rajeunit un peu le genre franco-français tout en tirant le meilleur de notre savoir-faire en la matière.

L’avis des copines : Niklas, Orphéus, Jack, McM, Mathieu, Antoine, Octuple Sentier.

Ne le dis à personne

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  • Un peu de ton avis sur le début du post. Disons qu’ayant aussi lu le bouquin au début, j’étais sur mes gardes pour voir ce qu’allait donner le côté franchouillard… Quand le FBI est remplacé par un Berléand pataud, c’est sûr ca change!!!
    Mais à partir d’un moment, je me suis complètement laissé partir… pour tomber à 200% dans le divertissement.

    J’ai passé un très bon moment de mon côté : plutôt bonne adaptation, quand on sait que l’auteur l’a vendu à Canet pour une broutille alors que les autres acheteurs potentiels n’étaient pas fidèles au bouquin.

  • Ne le dis a personne mais j’ai bien aimé ce film sauf la fin un peu mélo et un guillaume canet sans crédibilité dans son rôle.

    un bon divertissement et une prestation de Nathalie Baye excellente. :roll:

  • Totalement hors-sujet (sorry) :
    Bonjour Matoo, je voulais répondre à ton commentaire chez Gilda et j’ai pensé que tu ne le lirais peut-être pas. Je te réponds donc egalement ici :
    “Matoo > sais-tu qu’en ecrivant sur ton blog un article qui dit que review me c’est pas bien, tu gagneras 50$, et que si le coeur t’en dit tu les fileras à une association qui a besoin de ce fric ?”
    (et j’aurais même dû précisé que tu toucheras cet argent même si tu dis que review me c’est pas bien… du coup, pourquoi s’en priver ?)
    A bientôt.

  • J’ai vu le film hier après avoir lu ton post. Je dois avouer qu’il m’a réconcilié un peu avec le polar à la française. Et même que depuis hier j’aime racailleland. Racaillelandais, racaillelandaises je vous AIME.

  • ah bah je suis pas tout seul à voir le mal là où il n’est pas!! :langue: il me semblait bien que les petits clins d’yeux “queer” n’était pas qu’une déformation de mon imagination!!

  • Salut à tous,

    je tenais a dire que j’ai adorer le film, et plus particulierement la BO.

    Quelqu un pourrai me donner les titres present dans le films?

    Merci par avanec

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