MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Roxane de Bergerac (au Dépôt)

Avant la pièce :

Nous sommes 6, nous arrivons au « Théâtre du Nord-Ouest »… Comme nous sommes en avance, on voit qu’il y a un bar avec des tables et de quoi s’asseoir, donc nous espérons nous payer un café. Et là, personne ne vient… Après une infructueuse tentative d’Olivier, nous apprenons que ce n’est pas un café… Hum hummm ah bon ? Pourtant il y a un type qui sirote son ballon de rouge, et un autre une tasse de café… Bizarre…

Après on se fait accoster par un mec chelou avec un chapelet immense autour du cou, et une caméra DV… « Je peux vous filmer, il me reste 14 minutes ? ». Heuuu… bah oui voyons, pourquoi pas ! Et me voilà le principal interlocuteur de ce ouf qui me parle de n’importe nawak. Il me demande si je fais du théâtre, puis si je suis cinéaste, quel est le dernier film que je suis allé voir, si je connais l’Allemagne (car j’ai évoqué « La vie des autres »). Ensuite cela va de Charybde en Scylla, je parle de Berlin, et il me demande si j’ai visité des musées, du coup je lui parle du musée Juif de Berlin. Et lui de me répondre : « Ah mais les allemands, ils n’aiment pas les juifs hein ? », et ensuite « Vous avez visité Auschwitz ? ». Aaaaaaaaaaah c’est quoi ce connard ??? Nous nous sommes donc barrés illico pour rejoindre notre pièce !

Et là, on commence à réagir aux affiches à droite et à gauche… Aaaaaaaah ! C’est un « théâtre chrétien » !!! Je ne savais même pas que ça existait !!! Y’a que des pièces sur Jeanne d’Arc, des prophètes et des machins spirituels !!! Mein gott !!

On rentre dans le théâtre, et là on hallucine : on se croit dans la backroom du Dépôt !!!!! Tu rajoutes une scène et deux bancs, tu enlèves les cabines, et hop bienvenue au théâtre !

Bon voilà ! Tout ça pour vous expliquer que nous avons été pris d’une soudaine et impétueuse hilarité qui nous a un peu troublé, avant même que la pièce démarre (mon idée évidemment, arf arf). En plus la pièce commence dans un noir complet avec des chants religieux, et trois rangées de bancs qui tremblaient sous les pouffements étouffés d’un H. de Crayencour totalement hystérique.

Mais rapidement, le calme est revenu…

La pièce en elle-même :

« Roxane de Bergerac » est un sacré challenge puisqu’il s’agit d’une seule comédienne et auteure, Véronique Daniel, qui a donc créé cette « suite » de Cyrano. Ce dernier est mort depuis 20 ans, et Roxane, toujours recluse dans son couvent, pense encore à lui. Elle se remémore son ami, les derniers instants, les péripéties qui ont mené à leurs malheurs communs. Elle réfléchit aussi à leur relation, à l’amour et à l’injustice et la dureté des événements. Finalement, était-ce un tel drame cet amour contrarié, ou au contraire le meilleur moyen d’en avoir fait une chose sacrée et éternelle, puisque jamais consommée et toujours sublimée ?

Véronique Daniel soliloque donc pendant une heure, en vers, sur ce thème. On se rend rapidement compte de la structure de son monologue, il s’agit de morceaux originaux de la pièce de Rostand, elle réinterprète ainsi, seule, un florilège des scènes marquantes de « Cyrano de Bergerac ». Et entre ces « souvenirs » du passé, elle nous livre son texte original qui tente de mieux nous faire connaître Roxane, son avis sur la situation présente et passée, et surtout ses regrets.

Cette structure très marquée l’est d’autant plus lorsqu’on connait comme moi la pièce originale quasiment par coeur. Du coup, on pourrait être un peu déçu par le procédé, si elle ne jouait pas avec un talent et une passion qu’on ne peut voir que comme un très bel hommage aux vers de Rostand. A un moment, on se demandait presque à quel point elle n’avait pas été frustrée de ne pas pouvoir jouer le rôle de Cyrano, et elle se donnait donc là l’occasion de le faire. Il faut aussi remarquer sa diction parfaite, et son jeu, certes un peu précieux et « froid », mais qui sert bien son texte.

Le texte créé par Véronique Daniel tient la route tout en étant pas une exceptionnelle réussite pour moi. La différence entre les vers des deux auteurs étant parfois assez flagrante, malgré tout elle offre une vision originale du personnage de Roxane. J’ai surtout aimé ses réflexions sur l’Amour, et sur le fait que cet échec était aussi, comme je l’ai souligné plus haut, une manière de conférer à leurs sentiments et leur « couple » une qualité qui dépasse le temps, la mort et la lassitude amoureuse classique dans laquelle versent tous les amants.

Par contre, pour ceux qui ne connaissent pas parfaitement la pièce de Cyrano, je me demande si c’est très facile à suivre, et si la présence seule de la comédienne suffit à les retenir de sombrer dans la torpeur cadavérique de mes voisins (Chaaaaarles !!). Moi j’ai vraiment trouvé ça pas mal, et l’actrice en particulier m’a convaincu. En outre, les scènes de « Cyrano » sont à mon avis vraiment réussies, et Véronique Daniel parvient à véhiculer une émotion et une truculence épatantes. Quand elle assume ainsi plusieurs rôles en faisant revivre le « passé », on la suit aisément dans son « flashback ». Mais encore une fois c’est valable pour qui connait bien la pièce originale. Et du coup cela relativise la qualité de l’ensemble…

Je suis donc très content d’avoir vu ce spectacle. Il n’est pas parfait, mais il plaira aux aficionados. Il n’est peut-être pas nécessaire de faire souffrir les néophytes, comme je l’ai fait moi-même… Huhuhu. (Désoléééééééé !)

Roxane de Bergerac

PS :
A un moment, elle sort la fameuse dernière lettre de Christian/Cyrano de son corsage, et là c’est mon voisin de droite qui a eut un fou-rire… Il a eut la fugace vision de cela :

Bon la prochaine fois, je me ferai mes trips Cyrana en terre christique tout seul ! :mrgreen:

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  • Alors comme ça, on va au Nord-Ouest (qui, oui, ressemble à s’y méprendre à une backroom) mais MEME PAS POUR ME VOIR – je suis déçu… déçu…

  • Dans un commentaire sur le blog de Méro je vantais ta curiosité tout azimut, mais la je suis baba ça passe les bornes, ça me paraît une expérience théâtrale vraiment zarbi.:joker:

  • Pfffffffffiourffffffffff.
    Zetes kan même grave hein. pour y avoir été plusieurs fois, cela ne m’a jamais fait pensé a une backroom ! Pffff faut arrêter de boire du tata-cola toute la journée mat ! :o) L’originalité de la salle tient surtout du fait que le spectateur entre par la scene et la traverse pour aller s’assoir mais bon… Vrément Vrément Vrément hein…

  • Je me disais bien que j’avais déjà lu cette impression de Nawak…
    Quand même pour que Roxane de Bergerac deviennent Ashley Rockwell au Dépôt, il fallait vraiment être pédé lol (surtout dans un théâtre chrétien lol):rigole:

  • coucou Matoo:) Rien a voir mais rien du tout.. Je viens de lire l’article ”Sex And The City” et plus particulièrement les commentaires.. Bizarre cette vie intra-utérbloggine;-) ton blog est un drole de microcosme.. Bisous.:salut:

  • La grande salle du Théâtre du Nord-Ouest a une histoire. Je crois savoir qu’il s’agissait (avant 1945 et après) d’un cabaret ou d’un café-concert. Edith Piaf aurait chanté à cet endroit.
    Matoo, tu a oublié de dire que le TNO se trouve rue du Faubourg Montmartre, en face de l’ex-Palace.
    Depuis environ dix ans, le TNO (dirigé par Jean-Luc Jeener) consacre le deuxième semestre à l’intégrale d’un auteur. Montherlant en 2006, Shakespeare à partir de juillet 2007.

  • L’intégrale de Shakespeare? Une saison suffit?

    S’il suffit que les murs soient noirs et le plafond bas pour ressembler au Dépôt, ce n’est tout de même pas très difficile… :langue: (Le Reflet rue Champollion, par exemple).

  • “Angels in America”? de Tony Kushner, au Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du Faubourg Montmartre, Paris 9e, en mars 2007 : les 1er, 3, 6, 11, 13, 17, 18, 27.

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