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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Lettres d’Iwo Jima

Je n’ai malheureusement pas vu le premier volet de ce diptyque de Clint Eastwood, mais ils ne sont pas totalement indissociables. En tout cas, concernant les « Lettres d’Iwo Jima » je ne tarirais pas d’éloges… Quel réalisateur, mais quel réalisateur alors !!!

« Lettres d’Iwo Jima » retrace une bataille entre les américains et les japonais à la fin de la seconde guerre mondiale pour la prise d’une île japonaise. Il s’agissait d’un symbole important pour les nippons, dont les régiments sur place se sont battus jusqu’à la mort, sans jamais capituler même si la situation était d’ores et déjà désespérée. Le premier film « Mémoires de nos pères » montrait le même moment mais vu du côté américain. Là, nous suivons notamment le général Kuribayashi qui avait fait construire une véritable souricière dans l’île afin de se protéger des bombardements. Les lettres de ce dernier ont été à la base de l’intrigue du film.

Cette oeuvre est, malgré la base historique, bien une oeuvre de fiction, et on trouve toute une série de personnages, assez caricaturaux il faut le reconnaître, qui permettent de mettre en scène de manière sincère et émouvante ce drame. Avant tout, Clint Eastwood distille une histoire qui donne le point de vue des « méchants » (pour nous), et il arrive facilement à nous faire comprendre la stupidité de la guerre en général. Et surtout, le message principal est qu’une guerre se joue entre de simples gens qui n’ont rien demandé, et qui n’ont aucune animosité à avoir les uns envers les autres. Les ennemis ont aussi des mères, et ne sont pas des barbares sanguinaires, même si la réalité des combats est aussi meurtrière et terrible des deux côtés.

J’imagine que c’est seulement 60 ans après que l’on peut filmer un sujet pareil, et avec un tel traitement. Et si cela pouvait avoir un impact sur les politiques, mais on peut toujours rêver…

Le film est notable par la caméra de Clint Eastwood, pour la manière avec laquelle il raconte en nous montrant les gens, et en produisant une oeuvre aussi belle qu’effrayante et troublante. L’image est presque désaturée, et il ne reste que quelques éléments colorés, d’ailleurs ce niveau de saturation évolue pendant tout le film selon les périodes, la violence ou les flash-backs. Le personnage principal est donc ce général Kuribayashi qui est magistralement interprété par Ken Watanabe, qu’on avait déjà vu dans « Batman Begins » ou « Mémoires d’une Geisha ». Il incarne avec brio cet homme plutôt américanophile et à la pensée « moderne » (par rapport aux autres), et qui va jusqu’au bout de son devoir. Je retiens aussi le personnage attachant, le soldat que l’on suit jusqu’au bout, un boulanger qui a tout perdu dans cette guerre et qui ne veut pas mourir, Saigo, joué par Kazunari Ninomiya.

Les scènes de guerre sont époustouflantes, et même si je ne suis pas spécialement amateur, je n’ai pas trouvé que c’était trop long ou trop précieux. On se retrouve dans des moments assez singuliers où le temps est suspendu et où une violence inimaginable se délie en quelques minutes. On entendait une sorte de respiration asthmatique dans la salle, et le réalisateur a là encore été bien maître de la situation.

Le côté intéressant du film est aussi ce choc des cultures, qui doit être encore plus saillant lorsqu’on a vu le premier volet. De ce que je connais des japonais (et après en avoir discuté avec la traductrice avec qui je bosse), je comprends que ce film ait été bien perçu par les nippons, comme une oeuvre juste et pas un de ces colifichets hollywoodiens. On y retrouve cette philosophie japonaise qui fait que nous ne partageons pas dans les mêmes valeurs, et sommes issus de civilisations vraiment et foncièrement différentes (l’une n’étant pas meilleure que l’autre à mon avis, juste différente). Mais certaines choses sont communes, et il y a notamment un moment où la rencontre se fait entre les deux mondes, et où on réalise que l’humanité partage bien certaines valeurs.

Clint Eastwood, tu es vraiment un putain de bon réalisateur ! Tu m’épates film après film !

L’avis des copines : Julien (dont les critiques sont aussi concises que brillantes).

Lettres d'Iwo Jima

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  • Ah si un film pouvait “avoir un impact sur les politiques”. Ce film “antimilitariste” vient après de nombreux autres… on se souvient “à l’ouest rien de nouveau”, “les sentiers de la gloire” pour citer deux films qui dénonçaient “la grande guerre” boucherie qui marqua les générations de nos (arrières) et grands parents….

  • Même sensation en sortant et je regrette également de n’avoir vu le premier volet. Ptêt en DVD, mais j’ai peur que l’image telle qu’elle a justement été filmée dans ce second volet ne ressorte pas de la même manière sur une télé.

    Juste un bémol en revanche, je n’ai pas trouvé que les personnages étaient si caricaturaux que ça. Ne serait-ce pas les circonstances qui les rendent ainsi et justement cette différence culturelle ?

  • “Clint Eastwood, tu es vraiment un putain de bon réalisateur ! Tu m’épates film après film !”

    AH OUI ! AH OUI ! AH OUI !
    C’est fou la dimension qu’il est en train de prendre, on pense souvent à lui à travers son parcours d’acteur, pourtant, il y a fort à parier que la grande Histoire du cinéma retiendra que Clint fut un des plus grands et ambitieux réalisateurs de notre époque, on en redemande !

    PS : c’est pas lui qui laisserait passer un bus de 2006 dans le champs d’une caméra qui doit se trouver en 1985 ;-)

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