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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Golden door

Ce film mérite d’être vu, ne serait-ce que parce qu’il propose quelque chose de vraiment différent de ce qu’on voit habituellement sur les écrans. Et c’est un film simple et rafraîchissant, pas un truc intello ou spécialement « arty », il s’agit juste d’une oeuvre toute en finesse et en poésie, une fresque singulière et émouvante. Emmanuele Crialese, qui s’était déjà fait remarquer avec « Respiro », signe là un très beau film qui conte le voyage éprouvant et initiatique d’une famille italienne très pauvre aux Etats-Unis au début du siècle dernier.

Nous sommes donc en Sicile en 1909, dans une zone rurale et reculée ou une famille de paysans crédules et illettrés se décident à émigrer. C’est le père, Salvatore, qui prend cette décision, qui pense qu’aux USA les carottes mesures deux mètres de long, les rivières charrient du lait, les oignons tiennent dans une brouette et des pièces poussent sur les arbres. Il embarque avec lui sa vieille mère, une rebouteuse méfiante et acariâtre, ses deux fils, dont l’un est muet, ainsi que deux jeunes filles du village qui vont se marier avec des italo-américains installés. Ces dernières ont tout conclu par courrier, et elles partent rencontrer et épouser leurs fiancés. Juste avant d’embarquer, ils rencontrent une mystérieuse et charmante jeune femme, Melle Lucy, une anglaise. Elle paraît à la fois très bourgeoise et complètement sans le sou. Elle tente de se rapprocher de la famille, sous l’oeil méfiant de la mère, et celui déjà charmé de Salvatore.

Le film met un peu de temps à démarrer, et nous fait bien comprendre la misère du pays et la situation de la famille de Salvatore. Et dieu sait qu’il est difficile de prendre cette funeste décision de quitter son pays, le réalisateur ne le montre que trop bien, même si les envies d’eldorado donnent des ailes. Les scènes dans cette campagne perdue et reculée se succèdent et nous rapprochent de cette famille sicilienne émigrante typique. La rencontre avec Melle Lucy (géniale Charlotte Gainsbourg) vient donner un peu de piment à cette intrigue qui se veut un témoignage bouleversant et prenant de cette traversée pour l’Amérique. Car dans le voyage en bateau puis à l’arrivée aux services d’immigration, bien des déconvenues et des déceptions attendent les protagonistes de l’histoire.

L’auteur pose un oeil tendre et souvent drôle sur ses personnages auxquels on s’attache très rapidement. Et en plus, il agrémente les idées farfelues de Salvatore par des visions réelles de ce qu’il imagine. Alors le film devient pour quelques minutes poétique et diablement surréaliste, on voit le Salvatore se baigner dans sa rivière de lait et nager au milieu de ses carottes géantes, comme dans ses rêves les plus fous. La réalité est certes plus ardue, et le voyage ne se passe pas sans heurt. Il y a aussi cette loi d’immigration qui refuse les handicapés et simples d’esprit…

Le film n’est pas parfait, et parfois délie son intrigue de manière un peu brouillonne et elliptique, mais on passe indéniablement un très bon moment. Il a un charme pétillant et différent, en même tant qu’il narre une histoire pas forcément très gaie, mais bourrée d’espoir, autant que ces gens en avaient à l’époque.

Golden door

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  • J’ai vraimentr été bluffé par ce film que je n’attendais pas. Je suis surpris que tu n’aies pas parlé du côté visuel du film, qui est stupéfiant. il y a des cadrages, des travellings et de smanières de filmer de sscénes qui leur donnent une puissance incroyable: la marche du début avec le spierres, l’exorcisme, le départ du bateau (incroyable!), les corps balancés pendant le voyage, les files dans les escaliers pendant les tests. Visuellement, on en prend plein les mirettes!:pompom:
    Et puis il y a du bon italien bien brun, bien mal rasé à tous les étages! :lol:
    Et j’ai trouvé très fort que ce soit par le même personnage que le réalisateur arrive à faire passer le rire, l’agacement et le plus d’émotion finalement à la fin.

  • C’est un film imparfait et magnifique qui ne sera pas compris par tous. Il restitue le caractère héroïque de l’émigrant éternel, et trace, de l’intérieur, un parcours déchirant : de l’abandon de la terre nourrice à l’accueil réaliste et brutal du nouveau monde qui examine l’arrivant comme un animal dont il faut jauger le potentiel. Des longueurs, des lourdeurs parfois mais des personnages magnifiques, humains très humains, si déterminés qu’ils forcent l’estime et nous entraînent avec fraternité jusqu’à la “rivière de lait” où les élus se baigneront enfin après toutes les angoisses et beaucoup d’humiliations. Nous les aimons, ils sont le sang neuf et les bras vigoureux dont l’Amérique avait besoin et appelait dans ce temps. America

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