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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Loin d'elle

Un film à ne pas rater, même s’il a tout ce qu’il faut pour bien vous coller le bourdon, mais c’est indéniablement une très belle oeuvre. Un film qui parle d’amour, et de la maladie d’Alzheimer, et qui le fait avec beaucoup de talent, tant de la part des comédiens que de la réalisatrice, Sarah Polley. Cette dernière est aussi comédienne, et je l’avais appréciée dans « The secret life of words », un film dans lequel on trouvait aussi l’héroïne de « Loin d’elle » : Julie Christie. Merveilleuse actrice qui endosse avec beaucoup de sincérité et d’émotion le personnage atteint de la maladie. Elle a joué dans une kyrielle de films, et rien que « dans » mon blog, elle était dans Troie, Harry Potter ou Neverland.

Fiona et Grant sont mariés depuis 44 ans, et ne se sont jamais quittés. Ils habitent en Ontario, dans les grands espaces glacés canadiens, exactement comme on peut se l’imaginer. Fiona commence à montrer d’inquiétants signes de maladie d’Alzheimer comme des pertes de mémoire, d’aptitude ou des comportements singuliers. Elle décide qu’il est temps qu’elle entre dans une institution adaptée à sa maladie. La séparation est très difficile, car l’administration demande à Grant de ne revenir qu’un mois plus tard. Lorsqu’il revient et qu’il retrouve sa femme, tout va bien, mais les symptômes de Fiona s’aggravent, et elle perd peu à peu le contact avec la réalité. Elle s’amourache notamment d’un autre pensionnaire malade, Aubrey.

Le film est avant tout une oeuvre sur la relation amoureuse des protagonistes principaux plutôt que sur la maladie en elle-même. Et cette relation est figurée de manière extraordinaire, à la fois dans les dialogues mais aussi dans les regards, les attitudes, et une mise en scène particulièrement efficace. L’environnement aussi du couple ainsi que la manière de filmer tout cela m’a vraiment impressionné. La photo des paysages ou bien les plans sur les visages, et les détails de ces incroyables expressions de Julie Christie ou Gordon Pinsent restent des images prégnantes.

On sent que les deux personnages vivent des moments très difficiles. Et c’est toujours cette notion particulière et terrible dans cette maladie de devoir gérer la disparition d’une personne qu’on a connu avant même sa mort. Elle est toujours vivante, mais elle est malgré tout, en tant que personne connue et identifiée, presque morte. Et les jours se suivent sans se ressembler, avec de rares moments de mieux, et plus souvent de diminutions de capacités ou de souvenir. Le film est donc une oeuvre assez difficile et triste, et il met en exergue la souffrance du mari qui perd peu à peu sa femme. La beauté de ce couple âgé est aussi assez troublante, et renforce encore plus l’émotion que l’on ressent à cette séparation « involontaire ».

Il y a bien quelques longueurs, et évidemment ce n’est pas le divertissement tonique par excellence, mais les qualités formelles de la réalisation et son histoire en font un film d’une grande aura. Porté par ses comédiens, il ne peut laisser insensible, et mérite largement son succès.

Loin d

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  • Pour avoir été moi-même confronté à la maladie d’Alzheimer très tôt dans mon entourage, je dois dire que j’ai trouvé ce film particulièrement brillant. Il recréé avec fidélité tout ce que la maladie peut détruire à la fois chez la personne qui l’a porte et chez l’entourage qui la supporte. Pour moi ce film était juste, la mise en scène et les acteurs impecs’ : un moment de cinéma très touchant !

  • Ahhhh, puisque le Matoo vous dit que c’est , allez-y courez-y!
    De plus, le propos est plus vaste que celui de la maladie d’Alheizemer, le film traite aussi de l’évolution d’un couple et de sa gestion quand l’un des deux ne correspond plus à ce qu’il était avant, quand on en était tombé amoureux (ce qui arrive souvent quand on se décatit).

  • Je trouve qu’il y a un peu trop de retenu dans la réalisation. Les émotions ne sont pas toujours au rendez-vous. C’est bien dommage. Certes, cette histoire est touchante, mais pas assez de force pour me faire entrer dans le film.

  • Il m’a semblé que la fin du film sous-entendait que Marian vendait sa précieuse maisons (séquence où il y a des cartons partout) pour payer le séjour d’Aubrey à Meadowlake qui va retrouver Fiona, tandis que Marian part s’installer chez Grant… Une sorte de “happy end” non dévoilé, car ce n’est pas une façon d’être heureux spontanément, mais comme le disait Marian à Grant dans la voiture : “on fait avec ce qu’on a”. Fiona et Aubrey ont dorénavant leur univers à eux, dans lequel il n’y aura bientôt plus de place pour leurs conjoints respectifs qui vont trouver, ensemble, une raison de continuer à vivre.

  • Bonjour,
    Voila un film assez sensible, tres tres loin de spider-man 3 et autres indigestions. Les comédiens sont a la hauteur des paysages, doux, ensommeillés froids, haletants… Le maladie d’alzheimer est montrée ici dans son ensemble et dans son interaction avec les choses simples du quotidien. La relation de couple devient aussi insaisissable que la maladie de fiona,des révirements, des instants de lucidité vont et viennnent a leur gré. Ce qui est formidable, c’est qu’une fois admise dans le centre de soin, elle prends soin d’aubrey car elle voit qu’il est plus souffrant qu’elle…. au grand désespoir de son mari qui comprendra après coup le bienfait de leur rellation.
    Pour conclure, je dirais que c’est un film très beau, loin du pathos qui aurait pu entourer la maladie d’alzheimer, porté par des comédeins tout en finesse (surtout julie christie, extraoridnairement lumineuse).. A voir ++++
    :pompom:

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