Vous connaissez peut-être le bouquin qui a été à l’origine de cette comédie que j’ai donc vue, pour sa dernière représentation, au « Vingtième Théâtre ». Il s’agit d’un livre de psychologie sociale de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois qui avait pour ambition (sorti en 1987) de révéler au public les moyens utilisés pour les manipuler, et ainsi leur permettre de s’en prémunir. Ce bouquin est plus qu’un best-seller pour un ouvrage de cet ordre, avec plus de 200 000 exemplaires vendus. Et le propos de la comédie explore cet intéressant paradigme : le manuel a-t-il vraiment servi aux honnêtes gens, ou bien a-t-il été l’instrument d’apprentissage et de perfectionnement des manipulateurs ? Et l’auteur de ce livre : ange ou démon ?
C’est ainsi que cette pièce de Gérald Garutti figure l’auteur de ce fameux traité, un certain Jean-Robert Jouvois, au seuil de son passage aux Enfers. Car c’est directement dans l’univers du Diable, brillamment incarné par un impeccable, picaresque, magistral et pétulant Jean-Claude Dreyfus, que l’écrivain est balancé après son trépas. Ou plus exactement, d’abord dans les filets d’une innocente vieille dame qui discute aimablement avec notre héros cadavérisé.
Et puis, c’est la dégringolade, il est célébré par Satan qui lui fait comprendre à quel point son bouquin est la bible des manipulateurs et pécheurs de l’enfer. Jean-Robert Jouvois est décontenancé, et défend du début à la fin les intentions louables qui l’ont fait rédiger cette somme. Ils rencontrent alors tous les grands manipulateurs de tous les temps… Salomé, Eve, Molière, Nixon, Corneille, William Shakespeare, Racine, Mitterrand, Freud etc. Ces bousculades infernales donnent lieu à bien des joutes et des rivalités entre manipulateurs, mais qui est le meilleur ?
Je n’ai vraiment rien à dire sur l’histoire qui a été inventée là, sur son originalité, sa vigueur et son ambition. La mise en scène aussi est à l’image du tonus et des talents des comédiens et comédiennes qui endossent plusieurs personnages en un clignement d’oeil. L’enchaînement de saynètes tantôt drolatiques, bouffonnes ou agréablement érudites, fonctionne vraiment bien, et j’ai été globalement sous le charme.
Ma seule déception, et le bémol donc, est dans le texte lui-même, qui ne m’a pas toujours semblé à la hauteur de son propos et de ses protagonistes. Outre cela, la chute qui est censée grandement surprendre et interloquer le spectateur m’a fait l’effet d’un pétard mouillé, parce que j’ai senti le truc dès les premières minutes de la représentation (alors que je n’ai pas lu le bouquin). C’est comme si c’était une petite comédie légère, là où j’attendais un peu plus de piment, de truculence et de sagacité. Je voulais être scotché, et je n’ai été que « content » et diverti, ce qui n’est pas non plus négligeable, c’est vrai !
Je reste tout de même sur une très bonne impression, car j’ai passé un agréable moment, et parce que les comédiens, Jean-Claude Dreyfus en proue, donnent un spectacle qui n’est vraiment pas soporifique. Mais ç’aurait pu être encore mieux, plus fin encore, plus travaillé et perspicace…
et hop, j’ai ma prochaine lecture. Un livre de dingue, tout à fait ce qu’il me faut.
Quand à cette histoire de narval (je suis HS, mais j’assume)
“Selon le musée zoologique de Copenhague, il existe dix exemplaires seulement de cette variété de cétacé.”
Et ça me glace le dos.
A bientôt.
Rendez-vous le 2
A propos Matoo:
Reflets dans un oeil d’or:
ce qui m’a fait rire.
Les deux derniers commentaires > :gne:
:-(
La pièce ne se joue plus !
Me suis précipitée sur les réservations, un peu frustrée maintenant.
La pièce je ne connais pas (et je ne connaitrai a priori jamais), mais le bouquin …. J’ai du l’apprendre par coeur pour l’examen de psychologie sociale de 1ère année de Psy. Mon prof avait été le thésard d’un des deux auteurs (Joule, si je me souviens bien), et ce bouquin (qui venait alors de paraitre, ce qui ne nous rajeunit pas), était alors le top de ce qui était disponible en français pour cette discipline. Bon, il a un peu veilli, mais visiblement les questions éthiques restent toujours d’actualité. Que faire des connaissances établies par les psys ? Ceux-ci sont-ils toujours bienveillants ? (Je suis bien placé pour savoir que non) Peut-on détourner des connaissances établies dans un but louable pour son propre profit ? (Pour devenir le maitre du monde ? vendre des aspirateurs ?)
Dis moi, cher Matoo, la pièce est présentée jusqu’à quand? J’ai très envie de faire le déplacement exprès à la capitale!!
Merci d’avance! :redface:
Samamuse> Comme je le dis dans la première ligne : c’était la dernière !!!! :hum: Désolé donc !
TavéKakaPompéMonPseudoNa!
C’est drôle, j’y étais aussi à la dernière !
J’ai trouvé la pièce sympa, notamment le délire façon jeu télévisé à la fin, par contre je n’ai pas vu les ficelles dont tu parles mais j’avoue que j’étais un peu dans le gaz aussi !
Jean-Claude Dreyfus top en effet, par contre j’ai trouvé celui qui jouait l’auteur pas forcément à la hauteur des autres.
Mais oui, spectacle sympa et qui me donne envie de lire le bouquin même si d’aucuns disent qu’il a un peu vieilli !
froid dans le dos! après avoir lu ta critique littéraire , j’ai d’abord lu Nerval au lieu de Narval!
Le bouquin est vraiment à l’avantage des honnêtes gens. Vous apprenez à vous faire prêter une échelle. Ceux qui savent ce qu’ils veulent n’y apprendront pas grand chose. Le livre est pédagogique. Parfois scolaire. Mais souvent amusant, sur les techniques de sondages, les moyens d’entrer en relation, mais aucun conseil sur les moyens de détourner 100 000 euros !
Oups… cette phrase m’avait échappé! Non seulement j’ail’air d’un con mais je suis blasé d’avoir raté cettze pièce! Grrrr!! :mur: