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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

La fille coupée en deux

Je suis plutôt un bon client des films de Chabrol, et malgré les bonnes critiques que j’ai pu en lire, celui-ci ne m’a vraiment pas convaincu. Je crois que c’est avant tout l’histoire et le scénario que je n’ai pas trouvé crédible, et tout un tas de maladresses qui ont peu à peu complètement grevé mon intérêt.

Ludivine Sagnier est une jeune femme très belle qui présente la météo sur une chaîne locale à Lyon. Elle rencontre tour à tour François Berléand, écrivain à succès et peu enclin aux mondanités, et Benoît Magimel, le riche héritier du coin qui est complètement névrosé et outrecuidant. La jeune fille succombe aux charmes de l’écrivain mature, et repousse gentiment les déclarations amoureuses de Magimel, qui déteste cordialement Berléand. Elle est très amoureuse de ce dernier, mais leur relation n’est pas aussi sérieuse qu’elle le voudrait.

A la base, il y avait plutôt un bon cocktail pour moi, des éléments très chabroliens, avec une bonne famille bourgeoise à passer au vitriol, des comédiens et comédiennes que le réalisateur connaît (et dirige) très bien, et le personnage de Ludivine Sagnier qui par sa fragilité et sa candeur avait beaucoup de potentiel. D’ailleurs, j’ai été absolument subjugué par la beauté de l’actrice, et par le jeu de tous les comédiens et comédiennes, Mathilda May, François Berléand, Benoît Magimel, Caroline Sihol. Il n’y a aussi rien à redire (et même au contraire) sur la mise en scène du film, la caméra de Chabrol est toujours aussi efficace, et un redoutable outil de narration et d’expression.

Non, c’est vraiment l’histoire qui ne m’a pas emballé. Le rythme était ou trop rapide ou pas assez, du coup j’ai l’impression que certains moments sont d’une insupportable longueur, tandis que des ellipses viennent décrédibiliser certaines transitions dans la narration. On n’y croit pas en plus, les personnages sont posés trop artificiellement, la sauce ne prend vraiment pas pour moi. Magimel remplit bien son rôle, mais je ne l’ai pas trouvé très bien écrit au final, de même pour Ludivine Sagnier. Pourtant encore une fois, les acteurs et actrices sont excellents, et ont rempli leur part du contrat, c’est juste que ce qu’on leur fait dire, et le fond de l’histoire, sonnent faux.

Une belle déception donc, alors que ça aurait vraiment pu me ravir. A moins que je sois vraiment passé à côté, ce qui est toujours possible, et que je n’aie pas compris le film.

L’avis des copines : Petit-Lu, Orphéus, Julien, Celui qu’il, Vincen-t.

La fille coupée en deux

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  • Entièrement de cet avis : c’est un film bien raté ! J’ai ressenti un certain malaise dès le départ, comme une impression immédiate que “ça n’allait pas le faire” (la scène d’ouverture entre Berléand et Mathilda May est aussi bien écrite et naturelle qu’un épisode moyen des Filles d’à côté) et ensuite ça s’améliore à peine. Ce n’est pourtant pas faute d’aimer l’univers de Chabrol, mais là ça tourne en rond et ça reste plutôt creux… Bof bof. (A la place il faut aller voir Naissance des pieuvres ! ^^)

  • bon… depuis le temps que je te lis… c’est bien la premiere fois que je te laisse un tit commentaire mais je comprends pas comment tu arrives toujours à me faire rire ou à m’interesser et ce, tous les jours!!! c’est pas possible!!! you are not human! merci en tout cas! et bien le bonjour de la Belgique ensoleillée!!! si, si!!! ca arrive! :pompom:

  • Même impression de malaise face à l’histoire, pourtant j’aime bien Sagnier, et j’ai trouvé que Berléand dégageait un charme ambigu assez troublant (alors que c’était pas gagné). Donc, pour les acteurs j’ai été satisfait. Mais cette fin…? C’est tragique ou plutôt positif? On critique la bourgeoisie ou la soif d’ascension? Je ne sais toujours pas quoi en penser… Et certains moments sont bien longuets.

  • Mais ce Chabrol est très bon ! Bien plus abouti que La fleur du Mal, satirique comme Masques, profond comme L’enfer, et toujours bien joué, bien écrit, et très bien mis en scène. La struture dramatique est très inhabituelle, le film déroule son intrigue comme aucun film de Chabrol : ce qui intéressant, c’est qu’on n’est pas dans le polar (où généralement le crime survient au début et où tout le film se construit sur la reconstitution de ce qui s’est passé avant), on n’est pas dans le drame non plus, puisque le film ne tourne pas autour d’une situation déjà acquise ou présentée relativement tôt. On est dans une sorte d’avant-drame : le film est comme une sorte de temps réel qui se dirige vers le drame final. Du coup, passé le drame, le dernier quart d’heure du film est excellent, rarement montré au cinéma : l’action après coup est condensé et la dernière scène se symbolise, et donne son titre au film. Bref, je vais pas faire une analyse, mais moi j’ai beaucoup aimé, et je me suis totalement laissé entraîner dans le film et dans la mise en place très progressive et inéluctable des situations : j’ai trouvé ça au contraire très bien rythmé et écrit, et la construction à la fois mécanique (on est presque dans un drame à la grecque, il y a une machine infernale) et très spontanée (les dialogues sont excellents). Le film comporte plein de reliefs : les relations humaines extrèmement vairiées, toujours ambiguës, le leitmotiv de la fellation, l’omniprésence du sexe dans le quotidien, la passion, la trahison, le symbolisme de Lisbonne et des rayures, des séparations des mondes, des coupures (l’ambivalence du personnage de Ludivine Sagnier est vraiment intéressante), l’humanité donnée au personnage au début ridicule de Magimel ; et puis les situations changent sans cesse de perspective, on est partout à la fois, la caméra bouge tout le temps et avec elle le point de vue, change de milieu : on a trois ou quatre films en un. Antoine a aimé aussi :-)

    Peut-être n’as-tu pas capté les repères donnés par Chabrol et t’es-tu laissé entraîner sur une mauvaise piste, ce qui ne t’a pas fait entrer dans le film ? Je crois que lorsqu’on n’aime pas un Chabrol, c’est qu’on n’a pas vu ce qui faisait sa spécifité, qu’on l’a laissé passer sans faire gaffe à ne pas avoir d’idée préconçue de son cinéma. Chabrol est jamais là où on l’attend, et c’est pour ça qu’on peut souvent être désarçonné devant ses films, ils n’obéissent à aucune règle. Et Chabrol, malgré le fait qu’il sorte un film par an, ne fait pas une série avec déclinaisons toujours identiques sur le même mode : il institue de nouvelles règles à chaque film, et chacun de ses films sont très différents, surtout dans leur structure et l’angle d’attaque de l’intrigue : peut-être est-ce ça qui t’a décontenancé ?

    (Bravo si tu as lu ce commentaire jusqu’au bout ;-) )

  • J’attends toujours les Chabrol avec impatience, mais là, je partage l’opinion majoritaire sur La Fille coupée en deux. En fait, ce qui à mon avis rend le film bancal, c’est que le personnage de Magimel n’est pas crédible. Certains commentaires le décrivent comme névrosé, alors qu’il est clairement psychotique, avec des pertes de contacts avec la réalité. Ce qui en soi est intéressant et que Chabrol a très souvent très bien fait (voir le personnage joué par Huppert dans La Cérémonie). Mais ce psychotique-là me paraît raté, et c’est ce qui destabilise tout le film. Magimel fait ce qu’il peut, et il peut énormément. Mais il ne peut pas faire plus que ce que permet ce personnage mal ficelé. Sagnier est aussi excellente, tout comme Berleand et globalement toute la distribution, mais bon, les acteurs s’époumonent sur un scénario destabilisé par un personnage qui ne fonctionne pas. Dommage, car ç’aurait pu être un très bon film.
    En tout cas, c’est parce que Chabrol prend des risques que ça ne fonctionne pas à tous les coups. Je ne jette pas la pierre, j’ai plutôt envie de dire bravo même si c’est raté.

  • Je partage ton avis sur ce film, ce qui confirme que la mise en scène (très bonne) n’est pas tout. L’histoire assez banale, tirée d’un grand scandale new yorkais du début du siècle, est male écrite, et pauvrement dialoguée, mais surtout elle ne prend pas à cause de l’inconsistance du personnage joué par Magimel, qui est une erreur de casting manifeste en fils de famille et c’est tout à son honneur de sauver les meubles en jouant cet ectoplasme.

  • Plutôt d’accord avec toi même si au final, j’ai malgré tout aimé le film.
    En effet, les mots semblent parfois trop soutenus, trop en dehors de la réalité des personnages. En fait tous les dialogues paraissent basés sur celui de Magimel, dans la bouche duquel ils se fondent bien mieux.

    Par ailleurs, Mathilda May y est superbe, comme rarement ces derniers temps.

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