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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les Méduses

Je parlais de bonnes surprises du moment, de films qui changent de la routine, eh bien je ne pensais pas que « Les Méduses » me procureraient autant de plaisir. Il a certes reçu la « Caméra d’Or » à Cannes et il est en effet très bien tourné, mais surtout il bénéficie d’un scénario fascinant, de comédiens attachants, et il baigne dans une atmosphère tout à fait unique et féérique.

Le couple de réalisateurs, Etgar Keret et Shira Geffen, a créé un OVNI cinématographique qui a le potentiel pour ravir absolument tous les publics, et dispose de maints niveaux de lecture et d’appréciation. Il s’agit d’une sorte de « Short Cuts » à Tel Aviv, avec le récit de trois femmes qui sont plus ou moins en détresse. Ces trois histoires se déroulent en parallèle, et tous les protagonistes se croisent, se bousculent, se frôlent ou agissent dans les intrigues des autres, discrètement ou pas. C’est une fable, c’est une farce, c’est un drame, c’est une comédie. On y voit du théâtre et la simple réalité à la fois, allégorie ou récit factuel, on alterne entre toutes ces possibilités sans jamais vraiment pouvoir se fixer. Et c’est génial !

Nous avons d’abord un couple de jeunes mariés, dont la femme se casse la jambe alors qu’ils doivent partir en lune de miel. Ils doivent alors se résoudre à passer leur temps dans un hôtel miteux à Tel Aviv, ce qui n’arrange pas leurs relations. L’homme fait connaissance d’une femme écrivain taciturne qui habite la suite au dernier étage. On suit aussi les déboires d’une jeune femme qui se fait larguer par son mec, et trouve par hasard une petite fille muette au bord de la plage, avant de se faire virer de son job. Enfin, on assiste au sort d’une philippine immigrée en Israël qui doit s’occuper d’une vieille femme acariâtre, dont la fille ne peut s’occuper parce qu’elle répète une pièce de théâtre contemporaine.

C’est avant tout un film de femmes, les hommes ne sont vraiment que de pâles figurants, et les actrices figurent ici une palette incroyable d’héroïnes de tout poil. Ces « méduses » sont les trois personnages principaux qui se laissent porter par le courant, et qui ne luttent pas vraiment contre leur sort, et pourtant elles agissent à leur manière.

Au bout de quinze minutes, on se rend compte à quel point le film est casse gueule, et j’ai eu peur que ça tourne mal, mais il s’agit d’un jeu d’équilibriste assez extraordinaire. Dès que l’intrigue devient trop fantastique ou fantasmagorique, il y a une rupture dramatique qui revient ancrer la scène dans la réalité. De même lorsque l’on commence à se faire chier dans des contemplations un peu gratuites, on est cruellement ramené à des tournants majeurs de l’intrigue. En outre, on pourrait se dire que ça ne tient pas sur la longueur, mais le film ne dure qu’1h18, et est donc parfaitement digeste. A peine pourrait-on commencer à regarder l’heure, que la fin pointe son nez. Parfait ! La limite vers le « trop » ou le « mauvais » ou le « pas assez » n’est jamais franchie, et cela donne au film une légèreté, une fragilité et en même temps la finesse d’un travail d’orfèvre.

Au final, ce sont des personnages très attachants et proches de nous qui se détachent de ces histoires universelles et intemporelles, et ces chassés-croisés dans Tel Aviv. Cette ville que je retrouve encore avec un plaisir renouvelé, et qui donne un parfait décor à cette oeuvre. Il faut absolument ne pas rater ce film. On en ressort tout léger, tout vaporeux et « médusé ».

Les Méduses

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  • Matoo, si tu as aimé le film, je te conseille le recueil de nouvelles du co-réalisateur Etgar Keret “Crise d’asthme” paru chez Acte Sud / Babel (poche)
    Olivier

  • Après The Bubble, voilà un deuxième film israélien que j’ai loupé au ciné… Damned. On m’a d’ailleurs conseillé la Visite de la Fanfare, à sortir en France le 19 décembre, d’après les infos d’Arte.

  • J’ai adoré également Les Méduses. C’est un film qui rend étrangement optimiste, alors que des films soit disant mieux maîtrisés m’ont totalement plombé le moral: 4 mois 3 semaines et la Question humaine.

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