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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Design contre Design, deux siècles de création.

Ah là là, moi qui loue toujours les qualités du Grand Palais pour ses expositions si didactiques, si pédagogiques, et dans lesquelles on n’a pas besoin de se farcir l’audioguide. Eh bien, voilà qu’il nous sorte une expo « je pose des jolis objets » et sans une once d’explication. 10 euros l’entrée et 5 euros l’audioguide (3 euros si vous téléchargez le podcast vous-même)…

Donc un brin déçu par la qualité de l’expo en tant que démarche pédagogique, surtout sur ce genre de thème « rétrospective » qui avait l’air d’offrir une vraie porte d’entrée à la compréhension du « design d’objets » dans le temps. Or c’est un sujet passionnant et qui méritait une organisation un peu plus savante et recherchée que ces différentes thématiques : les formes, les styles, environnements, l’architecture. Et encore plus lorsqu’on voit le foisonnement d’oeuvres qu’ils font rentrer dans ces catégories, et le désordre chronologique complet dans lequel elles ont été (dé)rangées. Au milieu de ce Grand Magasin, on trouve trois oeuvres majeures, trois réalisations qui ont marqué le « Design » (avec un grand D. mais qui datent dans l’ordre de la visite de 2003, 2004 et 1970… sur deux cents ans ??).

Bon maintenant que j’ai bien craché là-dessus, je peux dire que j’ai malgré tout adoré l’expo. Bah oui, parce que les oeuvres qui sont présentées sont absolument superbes, bourrées de créativité, d’inspirations géniales, de trouvailles, de beauté, d’ingéniosité, de références… artistiques, biomorphiques, humaines, architecturales, sexuelles, etc. Et les objets foisonnent, car si l’expo a le défaut de ne pas être didactique, elle a du coup la qualité de décloisonner complètement les genres, et de permettre au visiteur de véritablement apprécier ce qu’il voit, sans être influencé par un cadre rigide et rigoriste.

Du coup, on voit d’abord une chaise, une table, une applique ou bien une armoire, et on découvre avec stupéfaction que l’un date de 1905 et l’autre de 2003, et que l’on aurait bien eu envie d’inverser les indications. On avance dans un univers très stimulant et qui laisse libre cours à son imagination, il y a des choses drôles (comme cette curieuse chambre-utérus qui au final est parfaitement pensée dans son style dadaïste surréaliste), des objets au « design » magnifique ou parfois plus perturbant. On y retrouve les accointances avec certains artistes comme ces meubles qui semblent tout droit issu du Bauhaus, ou bien de l’esprit de Mondrian. Et que dire de ces meubles de récupération comme des fauteuils en foin, en caddie de supermarché ou bien en débris de papiers, ou encore une surprenante commode faite de tiroirs dépareillés simplement retenus par une sangle.

Bref, il y a énormément de choses à voir, découvrir, ressentir, éprouver dans cette exposition, et ça m’a donné beaucoup de plaisir. Mais j’en ressors aussi inculte qu’à l’entrée, alors que je pensais en apprendre un peu plus sur l’histoire du Design, donc je persiste et signe. Je sais bien que la scénographie est un parti-pris et qu’il a forcément ses qualités et ses défauts, mais pour cet endroit là, je ne pense pas que ce soit la voie la plus « utile » qui a été choisie (j’aurais mieux vu cela au Palais de Tokyo en fait). Donc il suffit de prendre cela pour un (court, car l’expo se parcourt aisément en une petite heure) moment pendant lequel mettre ses sens en éveil, et surtout avoir le privilège d’errer parmi tous les objets d’un magasin de meubles et de déco dont les rayons auraient été frappés par une grande tempête temporelle.

Design contre Design, deux siècles de création. Au Grand Palais.

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