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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

L'hilarité métropolitaine est proportionnelle à la compression des corps

Comme tout le monde, je galère un peu dans les transports ces derniers jours. Mais bon, je respecte à 100% le droit de grève, et donc je fais de mon mieux pour aller à bon port, tout en profitant de ce quelques moments de convivialité que nous apportent ces rames bondées, et ces conversations de bistrots qui ont lieu même dans toutes les entreprises de la région parisienne. Car on ne parle que de ça, et j’ai l’impression que ça donne quand même à certains du grain à moudre, ça me fait penser aux conversations sur le Loft parfois. Bref !

Toute à l’heure, j’ai opté pour la ligne 9 pour repartir, ayant entendu que la 10 était vraiment moribonde. Ce matin, j’ai mis une bonne heure trois quart pour aller au taf (je travaille à « Pont de Saint-Cloud), mais j’ai pensé que j’aurais peut-être plus de chance ce soir. Que nenni ! Je suis allé à pied jusque Porte de Saint-Cloud pour choper la 9 donc, et je pensais que la rame arriverait un peu vide. En fait, elle était déjà bien pleine. Arfff. J’ai tout de même réussi à m’infiltrer, et ainsi a commencé ce voyage vers « République ».

Nous étions serrés comme des sardines, mais de stations en stations, c’est devenu tellement blindé que j’étais comprimé contre mes camarades voyageurs. Finalement, l’ambiance était assez bonne, et les gens plutôt polis et patients. On finit même par en rire, ou par échanger quelques clins d’oeil complices, on partage après tout la même galère.

Mais à un moment, c’était à « Ranelagh », j’ai été tellement poussé et compressé contre les gens que je me suis retrouvé penché vers l’avant, et incapable de tenir debout. Incapable de tomber aussi évidemment puisque nous étions tous les uns sur les autres. J’avais l’impression d’être dans une piscine à boules, et complètement immobilisé dans une position très atypique. A côté de moi, une jeune femme asiatique, une petite femme qui portait un chapeau cloche violet en laine, était comprimée entre deux dos masculins. Peu à peu, je voyais son chapeau cloche se coller à son visage, et elle-même disparaître entre les deux types. Elle était incapable de tourner la tête ou de bouger son corps, nous nous sommes regardés dans nos positions réciproques, et c’était parti. J’ai été pris d’un léger pouffement qui s’est rapidement mué en une crise de rire monumentale.

Une dizaine de coreligionnaires n’ont pas résisté à l’appel du zygomatique, et voilà comment nous avons commencé à papoter, tout en rigolant de temps en temps. Il me suffisait de regarder la jeune asiatique écrasée par les deux mecs pour me poiler sans pouvoir m’arrêter. Et puis, une nana au fond a fait une remarque très intéressante : « Vous avez vu, nous sommes un wagon de petits… D’habitude, quand on est autant, on ne voit rien, parce qu’il y a toujours des grands, mais là ça va. » Et elle avait raison, j’étais un des plus grands (et vous savez bien que je suis un nabot), et je voyais tout au fond de la rame, quand j’ai enfin réussi à me redresser. J’ai donc confirmé : « Ah mais vous avez raison, c’est dingue ça. On est petits dans ce wagon !!! ». Et là nous avons eu un jeune homme à lunettes, très normalien en maths, qui a commencé à nous expliquer qu’en effet la loi de répartition de je ne sais quoi et blablabla, les statistiques, le hasard et blablabla. Alors qu’une autre dame a expliqué que nous nous étions sans doute donné le mot « tous les nabots wagon 2 !!! ». Bref, on a ri pendant quelques minutes, et moi plus fort que les autres, parce que c’est tout moi.

Ok ce n’est pas agréable ces transports aléatoires, et je comprends que ça peut apporter beaucoup plus de problèmes à certains. Je n’ai pas non plus envie que ça dure trop longtemps. Mais on ne peut pas dire que ça ne change pas le quotidien, et que ça ne pimente pas un peu les déplacements si banals et mornes que nous effectuons tous les matins et tous les soirs pour aller au boulot. Moi ça m’a fait rire ce soir, c’est déjà ça.

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  • J’aurais bien aimé partager ce moment-là… Hier soir, retour via la ligne 1, version ” sardines en boîte ” aussi mais ambiance plus tendue, limite échange de coups… J’arrive à gérer la promiscuité, mais quand votre voisin s’est fait un Lyonnais chez Paul au déjeuner, (le sandwich, je précise ;-)) là, j’ai beaucoup plus de mal ! On devrait interdire la consommation de rosette les jours de grève ;-)

  • Le coup du wagon de petits ça me l’avait fait un matin sur la ligne 13, enfin pas un wagon entier mais disons un des espaces de compressions entre les carrés de places assises. Je suis de taille exactement moyenne (pour une femme), et je me suis retrouvée la plus grande des sardines de ce lot-là. C’était très étrange comme situation.
    Je me suis dit que c’était ça que vivait les personnes de grande taille et au quotidien, être au dessus sans le faire exprès et ne pas pouvoir se fondre dans la masse. Et j’ai pensé aux photos pour lesquelles j’ai souvent eu le regret de n’avoir pas les quelques centimètres en plus qui me permettraients de prendre avec un angle plus dégagé certains clichés. Je me suis dit que tout compte fait avoir une taille passe-partout était plutôt un atout.

    Au sujet des grêves : ayant la chance d’habiter tout contre Paris et ayant pu louer un “vrai” vélo, depuis le début j’alterne vélo et vélib et ligen 14 ou mes pieds et finalement ça va. Paris intra-muros (je sais que pour les loins banlieusards dont je fus, grêves = véritables galères quotidiennes ou y laisser tous ses congés, mais là je parle pour l’intérieur et la première couronne) présente cette caractéristique formidable d’être une ville à taille humaine. Si tu es sans souci de santé, tu mets peut-être deux heures pour la parcourir d’est en ouest ou à peine moins du nord au sud mais c’est tout à fait faisable à pieds avec de bonnes chaussures.
    Et en plus : C’est beau.
    OK il fait un peu froid.

    Enfin grêve ou pas, le taux de compression ordinaire de la ligne 13 engendre souvent de belles rigolades. Sur des tas de trajets sur une douzaine d’années j’estimerais à 1/3 le taux d’agressivité supérieure à la normale engendrée par l’entassement et à 2/3 celui de bidonnades. .
    Peut-être aussi qu’à une époque (hélas révolue) je n’étais pas la dernière à contribuer à ce dernier. Il faut dire aussi que j’ai précisément la taille qui poussent les messieurs grands à m’assommer (ils croient pouvoir passer au dessus alors qu’en fait non) et que c’est facile si on n’est pas trop KO de faire rire à partir de ça.

  • Euhh tu n’es pas si petit que ca.
    Si mes souvenirs sont bons, tu fais 1m70. C’est une taille normale pour un garçon de ton âge.
    C’est sûr que comparer à Gauthier, tu es petit. Mais Gauthier, c’est une asperge :-)
    Cela fait du bien de rigoler un peu.

  • Quand ça se passe comme ça c’est bien oui. J’ai moi aussi gardé un très bon souvenir du 18 octobre (http://esthernuement.hautetfort.com/archive/2007/10/18/marche-ou-greve.html) malheureusement au fur et à mesure que la grève dure les gens deviennent de plus en plus tendus, et les insultes commencent à pleuvoir, si ce n’est les coups dans certains cas: véridique, un type frustré qui n’avait pu monter dans le métro a tiré le signal d’alarme, mais manque de bol s’est fait courser et rattraper par deux caïds…c’esr pas comme s’il l’avait pas cherché mais bon…)

  • Le parisien est un être très patient, généralement solidaire et cultivé. On peut facilement abusé de sa patience. de sa solidarité et de son savoir académique … De passage à Paris en mars dernier j ai été pris dans une manif de la CGT devant la mairie de Paris. Les discours prononcés semblaient sortir directement du 19e siècle, un peu plus et Karl sortait de la foule pour en ajouter sur la masse opprimée … d’ou l’expression si attachante à Montréal … J’arrive de la vieille France. Celle oû l on mange si bien, celle de la petite ruelle avec sa librairie et son charcutier, celle du 19e arrondissement ou une bannière sur l hotel de ville précise : Tous solidaires des sans papier. Une belle république tout de même … mais au prise avec des problèmes majeurs dont ceux
    de l’imperméabilité des classes sociales et la bureaucratie présente partout …sans parler des privilèges de plusieurs au détriment du simple citoyen solidaire avec son béret et sa baguette sous le bras.
    On aime la France de ce côté ci de la grande marre et on rêve d y retourner en Airbus a380. :salut: :salut:

  • A Bordeaux, on n’a pas de problèmes avec ça (enfin si, à la gare, comme tout le monde, mais chez les étudiants on prend pas le train, on prend le tram). Mais ça fait quand même plaisir de lire quelqu’un qui ne se plaint pas et qui ne râle pas au sujet de cette grève!

    Je n’imagine même pas la galère que les parisiens vivent en ce moment matin et soir pour aller au boulot, mais il est bon aussi de se rappeler qu’aussi impopulaire qu’elle soit, la grève est un droit social important. Autant faire contre mauvaise fortune bon coeur (ouais, je sais, c’est niais) et en profiter pour sympathiser avec ses compagnons d’infortune!

    Marrante, l’histoire des “nabots” du wagon 2!

  • “les nabots du wagon 2″… M’est avis que ce n’est pas dû au hasard, mais qu’il s’agit d’une expérience scientifique de la ReuAhTeuPeu pour optimiser l’espace… Il y a dejà des rames duplex, il aura bientôt des wagons avec mezzanine moij’dis ! :doute:

  • disons que j’ai l’habitude de voyager dans des bus bondés (et je te dis pas la facilité de monter et se faufiler avec à la main une mallette et dans l’autre un étiu à violon) mais je n’avais jamais eu l’occasion d’observer avec cette fraicheur humoristique ce genre de scène! merci pour le partage

  • Moi aussi je prends la ligne 10 lorsqu’elle fonctionne !
    C’est amusant ce que tu racontes sur le wagon des petits !
    Moi je n’ai pas la même vision sympa et solidaire que toi des voyageurs. Il faut dire que j’ai pris mon scooter, et là, c’est du sport !:-)

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