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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Là-bas

Voilà le type de roman que j’affectionne particulièrement, une bonne histoire de famille un peu trouble et pleine de secrets inavoués… Un mari mort, la femme et l’amante qui vivent dans la maison endeuillée, le frère pédé qui habite à deux pas, un étudiant qui débarque pour faire une thèse. Un cocktail de Peter Cameron à la fois subtil et détonnant, où on sent la révolution des émotions qui secouent les personnages, tout en conservant leur bourgeoise componction.

Omar Razaghi est un jeune thésard, un iranien qui étudie au Kansas, qui a décroché une bourse pour écrire une biographie sur l’auteur d’un unique roman, Jules Gund. Il envoie une lettre aux trois légataires, la femme, l’amante et le frère qui vivent en Uruguay, mais prend les devants et s’engage comme s’ils avaient accepté. Seulement, Omar reçoit une lettre de refus ! Complètement désarçonné et passablement désespéré, poussé par sa petite amie, il débarque dans un coin perdu d’Uruguay pour défendre sa cause et tenter de mieux comprendre les raisons des héritiers. Il fait alors la rencontre de Caroline (une française), la femme de Jules, ainsi qu’Arden l’amante qui vit avec Caroline et sa fille dans la maison de l’écrivain. Le frère de l’auteur décédé, Adam, un vieil homo qui vit avec son jeune ami asiatique Pete, décide de donner un coup de main à Omar pour convaincre les deux femmes.

Le livre possédait toute la matière pour en faire une comédie fracassante à coup de secrets dévoilés et de retournements de situation, mais ce n’est pas du tout l’histoire de Peter Cameron. Le roman est beaucoup plus calme et posé, beaucoup plus réaliste aussi, et m’a conséquemment beaucoup plus touché que n’aurait pu le faire une version plus « américaine ». Les choses se mettent en place assez doucement, et l’auteur s’attarde beaucoup sur ses personnages. Il nous les rend tous extrêmement attachants, même s’ils sont parfois sympathiques ou plutôt antipathiques, jamais caricaturaux. Ainsi on n’a pas vraiment de héros qui brille là-dedans, juste des hommes et des femmes avec un vécu et des souffrances.

Peu à peu, les confidences se font, les secrets se découvrent, pas si énormes que ça d’ailleurs, mais d’une justesse assez troublante. Comment une femme et l’amante peuvent vivre dans une même maison, qui était donc ce Jules Gund pour avoir laissé une empreinte si tangible dans les existences de ces protagonistes ? On comprend rapidement que les trois légataires refusent la publication d’une biographie, mais Omar qui débarque là-dedans va évidemment changer la donne. Car ce personnage majeur du roman n’est pas là par hasard, ce voyage en Uruguay et le contact avec cette singulière famille est la quête initiatique qui le verra changer, mieux se percevoir lui-même, et enfin prendre sa vie en main.

Au final donc, un excellent bouquin qui m’a touché, et dont la sensibilité ne doit pas pouvoir laisser quiconque de marbre. Les dialogues sont ciselés pour dévoiler des bouts de personnalités, des morceaux d’âmes, d’expériences et de sincérités, avec cette qualité qu’on trouve dans les romans américains. Je n’ai pas été étonné d’apprendre que le livre donnera bientôt naissance à un film, d’autant plus réalisé par James Ivory, avec Charlotte Gainsbourg, Anthony Hopkins et Laura Linney… Oooh que je le sens bien !

L’avis des copines : In Cold Blog, Psykokwak.

Là-bas - Peter Cameron

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  • “Une bonne histoire de famille un peu trouble et pleine de secrets inavoués” : tu m’étonnes que tu affectionnes particulièrement ce genre de roman. Tu devrais lire ton blog, c’est exactement ça !

    Bon, blague à part, tu m’as donné envie de le lire. Gagné !

    Des bises,

    Bruno.

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