J’avais lu de François Reynaert : « Nos amis les hétéros », il y a déjà quatre ans. Et ce bouquin là vient clore une série de trois romans qui mettent en scène le journaliste Basile Polson (une sorte de Bridget Jones pédé et parisien). Mais ce livre là tranche avec le précédent, auquel j’avais reproché une intrigue très mince et mal fagotée, de par son atmosphère nostalgique assez particulière (il préfère parler de « mélancolie », mais j’ai cru sentir poindre un peu plus) et attachante. Et puis surtout, il débarque avec presque une histoire prenante et qui tient la route. Presque…
Basile est donc un journaliste pédé parisien relativement comblé. Il a son petit copain adorable et parfait, son boulot avec ses hauts et ses bas mais somme toute satisfaisant, et sa meilleure amie Christine FAP à mort qui le soutient depuis la fac. Il reçoit un jour un mail à la « copains d’avant » qui lui propose de participer à une grande sauterie pour célébrer ses étés d’ados (fin années 70, début 80) au camping de Juniac, où il passait tous les ans ses vacances. Ce serait une excellente idée, s’il se souvenait du mec qui l’invite. Or, il n’en a aucune idée… Mais après quelques péripéties, il débarque avec Christine à Juniac, et retrouve ce lieu de ses vertes années. Ce sont des retrouvailles extraordinaires qui ont lieu, mais aussi de troublantes réminiscences qui le rongent.
Je critiquais François Reynaert pour avoir écrit comme une somme de chroniques pour son précédent roman, et là ce n’est pas le cas. Mais il y a encore une sensation étrange de perte de repère et de fil rouge. Entre la description de l’ambiance « mélancolique » de ce retour aux racines, la poursuite de l’intrigue majeure, les saynètes rigolotes, les bons mots (il me fait vraiment rire de temps en temps avec sa gaudriole), et cette intrigue secondaire qui réoriente complètement le roman, je me suis encore perdu en route. Pourtant ce sont des choses classiques en littérature, mais c’était assez maladroit pour que je m’en rende compte, et surtout que je me demande bien où il voulait (encore) en venir.
Malgré cela, j’ai passé un moment génial en lisant cet ouvrage, car il parlera à énormément de monde, et il m’a parlé à moi en particulier. En effet, beaucoup de gens ont certainement passé des années de suite des vacances d’été en camping avec leurs parents. On revient au même endroit, tous les ans, à la même période, et on retrouve les même estivants. Dans mon cas, dans un camp EDF en Corse, et il m’en reste quelques souvenirs dont certains sont ici narrés. Ces moments adolescents sont certainement parmi les plus vifs et les plus passionnels de l’existence. Ces moments aussi agréables et positifs lorsqu’ils reviennent en mémoire, à l’âge adulte, qu’ils étaient parfois douloureux ou doux-amers à l’adolescence.
François Reynaert met tout son talent et toute sa plume (qu’il a bien agile et habile) à nous faire revivre quelques uns des épisodes de jeunesse de Basile (ou François ?). Et cela fonctionne avec une redoutable efficacité, même avec quelques 10 ans d’écart (il parle d’un été 83-84 avec son amie, et moi j’évoque 1992, hé hé hé). On se retrouve dans le tout début des années 80, où les seventies se faisaient encore bien entendre et voir dans les accoutrements et coiffures des uns et des autres. Et surtout il évoque des sentiments et des comportements tellement universels, qu’il n’est pas étonnant que je m’y reconnaisse, et qu’aujourd’hui encore des jeunes de 16 ans puissent y adhérer.
La claque est aussi assez terrible lorsque Basile revoit ses « amis » et que tout le monde a vieilli, a subi des épreuves (maladie, divorce, etc.). Malgré tout, le ton n’est jamais pessimiste ou noir, mais simplement « mélancolique » comme le souligne le titre. C’est la vie quoi… Et on sent bien que Basile a autre chose en lui, et qu’il fouille du regard les gens et les lieux, pour trouver la personne qu’il recherche en réalité, et qui n’est pas (encore) là.
Je n’ai pas lâché le bouquin avant de l’avoir fini, et il m’a vraiment accroché. Mais il reste encore quelques maladresses qui ont gâché le plaisir, et je n’arrive pas à être dithyrambique. Par contre, cela me donne vraiment envie de suivre les prochaines oeuvres de l’auteur…
je verrai sûrement François Reynaert ce WE à la comédie du livre. Il me dédicacera son bouquin et me filera son email comme tous les ans depuis que j’habite Mtp (3!), cette année j’essaierai de lui refourguer en échange l’adresse de ton blog ! quand viens-tu à Montpellier, mattoo ??
what Have I done to deserve this ? (this bloody fucking silence…) il y a une fatwa “parisienne” sur moi ou quoi ?