MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Leçon de vie

J’achetai une arme à feu. Je n’ai jamais eu d’arme. Un jour, alors que je n’étais qu’un enfant de dix ans dans le Montana, j’ai pris le 22 long rifle à un coup de mon père pour tirer sur une rangée de moineaux qui étaient assis comme des pinces à linge duveteuses sur l’étendoir de ma mère. J’en vis une douzaine sauter en l’air comme s’ils avaient été lancés par un jongleur, et un moineau tomba. La petite goutte de plumes avait l’air si petite sur le sol ; elle frissonnait comme une main de vieille femme quand je la ramassais. Et au moment où je l’emportais pour la montrer à ma mère, je sentis son coeur s’arrêter. J’étais aussi fier que notre chatte jaune quand elle traînait une souris ou un serpent jusqu’à la maison pour prouver ses capacités à la chasse.

« Redonne-lui la vie », me dit ma mère après avoir jeté un coup d’oeil depuis la table à repasser.

L’odeur de tissu roussi dérivait dans la pièce, sombre à mes yeux après le ciel éblouissant du dehors.

J’en restai bouche bée. Je m’attendais à des félicitations.

« Redonne-lui la vie », répéta ma mère, tendant vers moi la base d’argent terni du fer à repasser comme un chevalier aurait tendu son bouclier

Je restai un moment abasourdi.

« Je ne peux pas, murmurai-je, me sentant aussi petit que l’oiseau qui refroidissait dans ma main.

– Bon, eh bien tant que tu n’en seras pas capable, je crois que tu devrais éviter de tirer sur quoi que ce soit à moins d’en avoir besoin pour te nourrir. »

Je ne me suis jamais servi d’un fusil depuis.

Citation extraite de “Shoeless Joe” de W.P. Kinsella. Page 60.

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