MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Tony Duvert, toujours un mystère pour moi.

Tony Duvert est mort. Il est de ces écrivains dont j’ai cent fois entendu parler sans jamais mettre le nez dans un de ses bouquins. J’ai appris son décès par Véhesse, et j’ai commenté pour évoquer l’ambigüité majeure de cet auteur, qui serait sans conteste accusé aujourd’hui de prôner la pédophilie. Samantdi fait référence à un excellent article d’Assouline qui en parle aussi, tandis qu’elle se remémore son propre souvenir de l’écrivain. Il y a encore cet article de Libé qui donne quelques pistes. Cela reste très difficile de prendre position…

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  • Ce dont je me souviens, c’est de son écriture incroyablement évocatrice, Poirot-Delpech écrivait : “Un univers est donné. et l’écriture qui va avec. Il y rode la bonne dose de perceptions insolites et de souvenirs indéniables, des teintes de ruisseau, des souffles de printemps triste, des odeurs d’enfance démunie.” et c’est vraiment mon souvenir, ainsi qu’un portrait au vitriol des adultes, de la figure maternelle en particulier.

    Il faut voir que dans les années 1975-1985 (à la louche) on n’avait pas du tout la même vision de la pédophilie qu’aujourd’hui (où c’est une vision d’horreur, le mal). Des types comme Gabriel Matzneff étaient invités à Apostrophes où ils parlaient de leur bouquin sans que cela décroche autre chose qu’un haussement de sourcils au brave Bernard Pivot. Et pourtant, je me souviens de passages explicites et choquants. Idem pour un écrivain comme Patrick Grainville qui mettait en scène un narrateur-professeur qui draguait ses élèves adolescentes et mineures et faisait un récit détaillé de leurs pratiques sexuelles.

    Aujourd’hui ça paraît impensable, au sens strict.

    Mais pour en revenir à Tony Duvert, et contrairement aux deux autres que je cite, il avait une écriture, une voix, “quelque chose que les autres n’ont pas”.

    Tu vois Matoo, il ne te reste plus qu’à le lire (et moi à le relire, pour confronter mes souvenirs à ma réalité du moment)

  • C’est en lisant il y a quelques années le “Rose et le Noir” de Frédéric Martel que j’avais appris ce qu’étaient Arcadie et/ou les assoces pédophiles de l’époque (avec des pancartes et des slogans du genre : “Libérez vos enfants”… arghh). On y comprenait surtout que la vision de l’époque n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui, et je sais qu’il est important de ne pas faire l’amalgame. En tout cas pas avec tous, et c’est bien ce qui est compliqué. On ne peut pas les mettre tous dans le même panier, mais trier le bon grain de l’ivraie est une tâche plus que délicate.

    Tu as raison, il faut que je le lise. :book:

  • J’aime bien ta retenue et le fait que tu ne prennes pas position, pas encore, pas avec ce que tu sais. C’est assez sage plutôt que de jeter des fleurs ou de jeter aux lions comme tant aiment faire.

  • Sans lire aucun des articles consacrés à Duvert, à la notable exception de celui d’Assouline, par qui j’ai appris sa mort, j’ai moi-même consacré une note à Duvert en me gardant de juger cet artiste. Je ne me serais d’ailleurs pas fatigué si Duvert n’était mort comme il est mort, car ce n’est pas le passé de Duvert qui me choque, mais la solitude extrême où il s’était enfermé, dont personne n’a cherché à le tirer, alors qu’il avait eu tant d’amis et de défenseurs jadis…

  • Merci Matoo pour l’info

    Sans toi je ne l’aurais sans doute pas su (silence radio …)
    il dérangeait plus que jamais, les seventies sont décidement très loin
    il n’y a pas à prendre position (sic) c’est de la littérature
    juste à lire

    Après Navarre, Guibert, Dustan, encore un auteur mort
    Que lisent les jeunes pédés aujourd’hui ???
    Philippe Besson, Stephen mcCaulay, Abdellah Taïa pour le meilleur
    what else ???

    Olivier

  • Il n’était pas très connu mais c’était un époustouflant écrivain, très gênant sans doute. Je ne connais que le Journal d’un Innocent : une bouffée bien anachronique aujourd’hui, le droit des adolescents à jouir de leur corps comme bon leur semble, très dérangeant, très incorrect, daté, et à n’en pas manquer, totalement mis à l’index aujourd’hui. Duvert, c’est cette période des années 70 où tout semblait possible, mais les pires âneries, mais lui, il les décrivait avec un talent et une sensibilité on ne peut plus respectables. Je vous conseille de lire pour vous faire une idée, c’est une langue belle, datée, et ça nous change des délires narcissiques de cette banane de Christine Angot ou des outrages de ce crétin de Houellebecq (dont il est le précurseur, mais ces ânes-là l’ignorent sans doute).

  • Différentes choses à propos de Duvert.

    D’abord l’écrivain et son style. Duvert était un très grand écrivain. Ses livres sont un régal (c’est un jugement personnel bien sûr. Il en a fait un sans ponctuation où j’ai moins accroché et son dernier ouvrage est raté).

    Il y a ensuite ses essais et ses prises de position sur la façon dont on abordait la sexualité dans les années 70, sur l’homosexualité et sur la pédophilie, ce dernier point étant ce dont tout le monde parle aujourd’hui. Sur ces différents points il a eu des positions sans consession et un ton qui tranchait sur l’époque. Si J-L Bory était malgré lui sur la défensive, Duvert était dans l’accusation. Sa démolition de l’encyclopédie Hachette sur la sexualité (“Le Bon Sexe Illustré”)est un régal de polémique. Evidemment, son discours sur la pédophilie est aujourd’hui “illisible” au sens propre, ce qui rend sans doute la lecture de ses livres, aujourd’hui, difficile, gênante ou choquante (par ex “Journal d’un innocent”).

    Enfin sur son “retrait” : Duvert n’a jamais été “dans” la société et peu de gens l’on cotoyé à l’heure de sa notoriété. Il n’existe d’ailleurs quasiment pas de photos de lui (je n’en connais que 3). Il a coupé tous les ponts dès le début des annes 90 et n’a cherché aucun contact. Sa solitude était volontaire.

    On signalera pour l’anecdote un petit ouvrage publié en 83 aux Editions de Minuit, “Nos Plaisirs” signé Pierre-Sébastien Heudaux (P-S Heudaux, pseudo…) parfois attribué à Duvert, parfois à Hervé Guibert, qui est un roman “horrible” bien dans la lignée de Duvert (mais il l’aurait sans doute signé lui-même ?)et qui mérite d’être lu (s’il est encore trouvable).

  • J’ai découvert Tony Duvert à travers son excellent “abécédaire malveillant”, feuilleté à la volée dans la bibliothèque d’un ami.
    Un régal.
    Le Bon Sexe Illustré, ferait hurler au scandale les gens bien pensants du moment (non sans raison, parfois), est un bouquin génial aussi. Démontage en règle de tout un système de valeurs douteuses inculquées aux enfants pour les traumatiser au plus tôt, au cas où les parents ne s’y emploient pas assez… Typique des 70’s dans un autre sens.

  • Ce qui me laisse pantois, c’est que, écrivain qui eut son heure de gloire, son corps a été découvert environ un mois après qu’il ait rendu son dernier souffle… Personnellement, ça me fait froid dans le dos.

  • De lui j’ai adoré “Quand mourut Jonathan”. Je l’ai bien lu 50 fois. Il a été mon désespoir et mon plus grand plaisir en littérature pendant de nombreuses années. J’ai toujours guetté les parutions afin de ne pas louper un de ses livres (je les ai tous lus). Et maintenant je pleure. Comme pour le manque que j’ai de Pierre Gripari, qui n’a pas écrit que de la littérature enfantine

  • I have read TONY DUVERT in English and Spanish. He was a great writer and advocate of gay rights. GAY LITERATURE is, however, progressing a lot… in all languages. I just read, in Spanish, a very interesting and illustrating “testimonial novel”. Its title is YAGRUMA: AMORES PROHIBIDOS EN EPOCAS DE TIRANIA by Francisco Calderon Vallejo. In 854 pages, Calderon Vallejo tells us what it means to be born and live in a homophobic country… in this case Cuba… knowing from his very childhood that he is “different”. I highly recommend this book to all sensitive readers of gay literature. Duvert has died, but new authors that are exploring gay literature in a very successful way are leaving their mark. Calderon Vallejo is one of them. The ISBN for YAGRUMA is 978-0-939193-141. You can buy it through AMAZON or BARNES & NOBLE. Thank you.

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