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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

« Master Class » au théâtre de Paris

« Master Class » est une pièce mythique qui a besoin d’être portée par une sacrée actrice pour endosser le rôle de Maria Callas. C’est une pièce américaine de Terrence McNally, de 1995, et qui a été un grand succès à Broadway. Il s’agit d’un cours de chant donné par Maria Callas alors qu’elle a perdu sa voix, et qu’elle donne de rares “master class” à de chanceux étudiants. Pendant deux heures et demi c’est Marie Laforêt qui a litéralement incarné Maria Callas, et qui a prouvé là son talent de comédienne.

La pièce est une grande réussite à mon avis, d’abord pour son sujet qui est passionnant, à la fois ancien et en même temps proche, et qui réunit tout ce qui passionne : l’art, l’amour, le drame, la destinée d’une femme à l’énorme égo et véhément caractère. Mais il y a ce texte qui est vraiment très beau, et surtout cette veine américaine qui rend le spectacle prenant, émouvant, captivant. Non seulement on est intéressé par le fond, mais la forme est tellement distrayante et bien ficelée que l’on ne peut qu’adhérer au tout. Et évidemment, Marie Laforêt qui éclipse totalement les quelques comédiens-chanteurs qui participent à la pièce…

Marie Laforêt est Maria Callas. Elle paraît ensorcelée et hantée par son personnage, et on ne peut qu’applaudir cette performance. Elle allie une gestuelle, une manière de parler et surtout des intonations qui sont ce qu’on a retenu de la diva, et en même temps elle s’empare du texte pour le faire sien. Ce n’est plus une comédienne mais c’est Maria Callas qui vient nous faire son show, en même temps qu’une émouvante confession, celle de toute une vie.

Le spectacle est étonnant dans la manière dont il s’articule. J’ai été surpris de rire autant dans les manifestations de sublime bitcherie que nous offre la diva. Elle est tellement mauvaise avec les chanteuses et chanteurs, elle se met tout le temps en avant, que ce soit sa personne, son talent ou sa carrière. Et il faut avouer que ses réparties cinglantes et souvent méchantes sont très comiques. De plus, elle prend le public à parti, c’est comme si nous étions les élèves du cour, ce qui renforce encore notre “participation” au spectacle. Et de temps en temps, il y a un décrochage. Là c’est la femme qui parle, qui se souvient, qui revit ses vicissitudes, ses souffrances mais aussi ses grandes joies. Il y a les applaudissements de la Scala, la passion amoureuse d’Onassis, la perte de son enfant, les jalousies, les critiques, sa carrière et sa chute. Bref, elle se révèle et tout s’efface autour d’elle.

Ces moments encore une fois sont très très américains, et peuvent même paraître un peu “too much”, mais je crois que c’est LE personnage avec lequel on peut justement se permettre ce genre de chose. Je n’ai pas du tout été rebuté par la durée de la pièce, et certains moments où on l’entend chanter sont autant de rappels émouvants de l’artiste qu’elle fut.

Le seul souci avec Marie Laforêt c’est qu’elle a de moins en moins de “visage”, que sa bouche est tordue, son mythique regard part en couilles, et que de profil, elle ressemble à Johnny Halliday. Aïe aïe aïe, la chirurgie… Moi ça m’a un peu gâché certains passages, ou alors j’aurais aimé être quelques rangs plus loin. Heureusement son jeu est superbe, et elle fait rapidement oublier ce curieux masque blanc qui lui sert de visage.

Cette pièce est drôle, émouvante et captivante, on y retrouve vraiment ce qui fait la qualité des pièces de Broadway. Et il faut un talent certain pour nous tenir en haleine comme cela plus de deux heures. Mais comment ne pas aimer un spectacle qui présente la vie d’une bitchy diva totale fille à pédés, méchante comme une teigne, fière et talentueuse, déçue par l’amour et dont la vie n’a été que passions et drames. Bah justement, on aime !

Master Classe au théâtre de Paris

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