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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Australia

Ce film de Baz Luhrmann, le réalisateur d’oeuvres qui ont pas mal marqué leur temps comme « Roméo+Juliette » ou « Moulin rouge », était pas mal attendu, et on se doute bien qu’il va encore trouver un moyen de se démarquer dans la forme. Mais là, on arrive à un tel assemblage de styles et de références, que ça finit par ne plus ressembler à grand-chose. J’ai eu toutes les dix minutes un titre ou un genre de film qui convenait parfaitement aux scènes qui se déroulaient, et cela forme rapidement un patchwork, non dénué d’un certain charme, mais pas non plus totalement convaincant.

« Australia » se déroule, comme son nom l’indique, en Australie, et a le mérite de présenter ce pays qu’on ne connaît en réalité que très peu. Un curieux pays, aux antipodes du nôtre, et qui pourtant nous ressemble beaucoup, un endroit finalement très peu peuplé au vu de sa superficie, et qui intègre difficilement les populations autochtones. Le film se déroule un peu avant la seconde guerre mondiale, et en plein conflit. Une lady anglaise, Nicole Kidman, se rend à Darwin pour rejoindre son mari, dont elle vient d’apprendre le décès, et qui passait son temps dans une ferme dans le trou du cul du monde. En fait, son mari a été assassiné car il faisait de l’ombre à un grand éleveur qui est en phase de signer un contrat pour de la fourniture de bétail aux militaires. Nicole Kidman débarque en Australie, et découvre un pays aux moeurs très violents par rapport à ses repères. Elle finit par atterrir dans la ferme et reprend les rênes. Elle convainc surtout Hugh Jackman de l’aider à conduire le troupeau à Darwin, même si le méchant éleveur de les laissera pas faire si facilement… Dans la ferme, elle trouve aussi un enfant métisse dont la mère aborigène travaille là. Le film se focalise pas mal sur le phénomène de ces enfants des « Générations Volées » qui étaient enlevés pour devenir les domestiques de la haute-société australienne. L’enfant ne veut pas partir, et il est protégé par son grand-père, un aborigène traditionnel, dont la magie, le mysticisme et les savoirs lui confèrent bien des pouvoirs.

Il s’agit d’un film saga qui ne s’arrête jamais, et qui couvre quelques années, avec des intrigues très distinctes qui se succèdent. Un peu comme si on nous avait collé une série d’épisodes ou bien les Australia 1, 2 et 3 à la suite. C’est assez troublant dans le sens où j’ai sincèrement cru plusieurs fois que le film allait finir dans 30 secondes, pour découvrir 31 secondes plus tard, qu’on en avait encore certainement pour une heure ! Il y a un certain charme désuet dans la manière de filmer du réalisateur, et on devine bien qu’il a voulu jouer avec un tas de références cinématographiques. Ainsi les décors peints, les scènes manifestement en studios ou certains gimmicks des films des années 50 donnent beaucoup de cachet au film (alors que certains détesteront je suppose), et m’ont plu.

Mais c’est dans la multiplicité des références, dans les ruptures de narration un peu trop cinglantes, et surtout dans la juxtaposition parfois ridicule des genres, que l’on atteint, à mon avis, le point de non retour. Ainsi le film peut se résumer en un western à la « Rio Grande » avec cette conduite de troupeau, les pièges des méchants cowboys, et les chevauchées dans de beaux paysages. Mais surtout j’ai vu dans la relation Kidman/Jackman, une ressemblance frappante (volontaire ?) avec le couple mythique Deborah Kerr/ Stewart Granger des « Mines du Roi Salomon ». Vraiment entre la Lady rouquine qui commence toute sensible et choquée, et termine aventurière dans le pieu du héros, et le baroudeur solitaire au coeur tendre qui lutte aux côtés des autochtones, j’y vois là une belle resucée. Quant à la partie « seconde guerre mondiale », elle évoque avec impressionnants décors à l’appui l’épisode de l’attaque de Darwin par les japonais. Et là, on est carrément dans le film « Pearl Harbor » avec les bombardements, le quiproquo des gonzesses et les intrigues qui se superposent à la guerre.

Finalement, et c’est bien la facette la plus incompatible et ridicule des genres cités : « Crocodile Dundee » !!! Eh oui, nous sommes dans un film australien, alors forcément quand un petit aborigène se met à stopper un troupeau de vaches qui courent vers un précipice simplement en levant la main et en chantonnant, qu’il y a des histoires d’accidents de crocodiles (enfin là j’aurais aussi pu évoquer le chef d’oeuvre : « la vengeance aux deux visages »), et que le grand-père est la caricature vivante de l’aborigène (toujours en repos sur une jambe, et qui trouve son chemin dans le noir ou le désert) mâtinée d’un mutin Droopy. Bah forcément, ça me fait marrer, et je pense à ce film des années 80. Et cette partie « Crocodile Dundee » est vraiment la plus naze et mal gérée, en tout cas beaucoup trop surréaliste et peu crédible.

Outre cela, le film est tout de même une suite assez insoutenable de « happy ends » très très hollywoodiens qui finissent par rendre le tout assez fade et supra convenu.

Par contre, niveau divertissement, il y a du potentiel, et Nicole Kidman est encore une fois merveilleuse. Cela évidemment, ça ne change pas. Hugh Jackman n’est pas mal non plus, mais on lui fait faire des trucs bizarres, genre se pencher sur une branche d’arbre en montrant ses biscotos et en faisant le beau gosse, assez étrange pour un cowboy…

Bref, « Australia » n’est pas une sombre merde, mais est tout de même assez décevant pour Baz Luhrmann, qui avait en plus l’envie de parler un peu de l’histoire de son pays. Or, c’en devient une telle caricature qu’on se demande s’il maintient toujours cette position. De plus, ces mélanges de genres, de rythmes et d’intrigues ne fonctionnent pas très bien, et malgré de bonnes choses, ça n’arrive pas à maintenir l’attention (et le sérieux). Oh c’est un chouette film du dimanche soir de désoeuvrement culturel et moral !

Australia

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    Commencé à le regarder en ligne sur watch-movies.net, me suis endormi (parce que j’étais fatigué. Sinon j’aurais regardé, rien que pour Hugh Jackman -pas Grant Matoo :mrgreen:, relis toi !-) mais je ne vais pas retenter le coup, au vu de ta critique vu comment j’ai accroché au peu (pas du tout ?) que j’ai accroché…

  • Euh… Pardon, mais elle ne vient pas en Australie parce que son mari passe de vie à trépas (ça arrive lors du trajet en voiture avec le Drover), mais parce qu’elle a besoin de renflouer les caisses !

    Faut se laisser aller un peu au cinéma. Ca fait du bien d’en avoir plein les mirettes de temps en temps, quand même !

  • Un film incroyable!!!
    Mélangeant passion,guerre et culture!!!
    J’ai ADORE!!!Rien à dire là-dessus!
    Je trouve que c’est un des premiers films où ENFIN,on n’attend pas que les scènes se succèdent une à une bien tranquillemment dans son canapé…
    Nan,on est pris par l’intrigue,le rythme…
    Le seul truc que je reprocherai,ce sont des scènes trop prévoyantes(Surtout la mort de certains personnages secondaires) et,pour ma part,qu’il n’y ai pas assez eu de culture Australienne.
    Je suis un Fan de mythe,et,franchement,s’il avait un peu plus penché du côté mysthique,je trouve qu’il aurait encore plus réussi…
    N’empêche,il restera mon film préféré malgré ces petits “désagrémments”
    et…je lui donne 5 étoiles!Des films qui vous font voyager,
    franchement,ça manque!!!

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