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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Une sélection de films primés ou remarqués de la compétition nationale du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, au Forum des Images

Alors que le Festival International du Court-Métrage de Clermont-Ferrand s’est terminé il y a quelques semaines, le Forum des Images proposait de découvrir les oeuvres qui ont émergé. L’un des films primés que je voulais absolument voir passait justement, donc je n’ai pas raté cela. Ce film, qui a eu le prix du Public, a été écrit et réalisé par un blogueur que je suis depuis longtemps. J’avais ainsi suivi la genèse du film, et j’étais plus que curieux de le découvrir achevé au cinéma (avec un bon vieux format 35mm).

Les courts-métrages n’ont pas vraiment de débouchés aujourd’hui, et c’est dommage car ce sont souvent ces films qui innovent, et qui proposent de véritables trouvailles cinématographiques. Ce sont les réalisateurs et auteurs de demain, des oeuvres à petits budgets qui misent sur un talent, une passion, des idées et beaucoup d’implication. Heureusement les festivals sont là pour mettre en exergue ces films courts, et ils donnent au moins une visibilité à certains auteurs, qui est un bon point de départ pour une carrière.

J’ai été plus qu’enchanté par cette sélection, parce qu’en 6 petits films, j’en ai eu plein les mirettes sur des sujets, des manières de filmer, de jouer, des formats, des modes de narration complètement différents. Et chacun de ces films possédait son charme et ses qualités, même si j’ai eu une préférence certaine pour deux d’entre eux.

 « Forbach » de Claire Burger. (Beta SP – 4/3 – 35′)

Ce film a décroché le Grand Prix du festival, et c’est amplement mérité. Il est apparemment basé sur une histoire vraie, et les comédiens sont aussi les protagonistes de l’histoire « réelle ». Donc nous suivons un jeune comédien, Samuel, qui après avoir réussi à Paris, retourne à Forbach voir sa famille, et surtout pour recevoir un hommage de la part de la municipalité. Le comédien, Samuel Theis, joue donc un rôle proche de lui, et c’est sa maman et son frère qui interprètent aussi leurs rôles.

Le format du film, très documentaire, fait un peu penser à une émission du genre strip-tease, d’autant plus dans cette région et en contact avec un milieu très modeste. De même la caméra est très mobile, et intègre parfaitement la vue et les émotions de Samuel. Ce dernier doit gérer sa présence à Forbach, mais aussi un frangin un peu paumé et une mère un peu fofolle et portée sur la bouteille (mais plutôt attendrissante dans le genre). Samuel Theis est très convaincant dans ce rôle, et fait montre d’un certain talent.

Clairement, ce court-métrage est un concentré d’affects en tout genre, et Claire Burger réussit à transmettre tout cela, tous les non-dits, le langage non verbal, les coups d’oeil, les remises en question, les devoirs filiaux, autant grâce à l’histoire qu’à sa manière de filmer. La fin du film surtout tombe comme un couperet, et laisse une certaine amertume. Je reprocherais peut-être à cette oeuvre d’être un brin trop formatée « Fémis ». J’ai eu pas mal d’amis qui sont passés par l’école, j’ai donc vu pas mal de leurs courts, et le ton du récit, le montage ou même l’ambiance étaient un peu trop similaires à des choses déjà vues.

 « Les songes d’Edmée » de Jérômes Lefdup (animation – 2′)
Ce film n’a pas été primé, mais faisait partie des oeuvres qui avaient été retenues par l’équipe du Forum des Images. Il s’agit d’une mise en scène enlevée de photographies stéréoscopiques des années 30 qui figure le personnage Edmée. A priori tout est inventé par l’auteur qui s’amuse à imaginer les relations entre les divers personnages en photo. Le tout est servi avec une excellente bande-son et surtout un commentaire très cocasse. J’ai moi aussi bien rigolé, et je salue l’imagination débordante de son auteur, ainsi que l’originalité du traitement graphique et cinématographique.

« Séance familiale » de Cheng-Chui Kuo (35mm – 1.85 – 28′)
Le film tant attendu… Je n’ai pas été déçu, bien au contraire, ce film est une petite merveille. Tout se passe à Taipei, au sein d’une famille taïwanaise classique. Une équipe de télévision française débarque et leur apprend qu’ils ont été sélectionné pour jouer à un jeu de téléréalité. Le cadreur français devra rester quelques jours chez eux (ils vont communiquer dans un anglais approximatif), et ils pourront gagner une grosse somme d’argent s’ils sont choisis par le public français. La mère est d’abord très réservée, mais le père et la fille acceptent, et toute la famille se prête donc à ce « jeu ».

La caméra qui intimide d’abord les membres de la famille, finit par servir de médiateur, et de réceptacle à des sentiments et des frustrations qui les minent. C’est ainsi qu’on comprend en filigrane qu’ils sont tous rongés par l’absence d’un frère et d’un fils. Encore une fois le dénouement est une grande surprise, et un sacré coup de théâtre.

Le film revêt de grande qualité formelle, et j’ai été hyper sensible à la qualité de l’image, et à la manière de filmer. Il s’agit du court qui possédait de la maîtrise la plus manifeste, techniquement parlant. En plus de cela, la mise en scène et l’oeil du réalisateur ont fait aussi montre d’un même professionnalisme.

Le plus revient encore à l’histoire, qui est vraiment excellente, et aux comédiens et comédiennes, qui en plus d’assurer, possèdent une authenticité vraiment touchante. Le film ne dure que 28′, mais on se retrouve rapidement pris dans la narration et les intrigues qui sont élaborées en quelques plans habiles. Il s’agit vraiment d’une oeuvre d’une qualité globale qu’on ne voit que dans de très rares courts-métrages.

« Dix » de Bif (35mm – 1.85 – 7′)
Voilà un court qui m’a drôlement intéressé, et qui joue de plusieurs techniques pour mieux figurer son propos. Le personnage principal ne peut pas se déplacer autrement que sur des pavés ou des surfaces planes, il est incapable de traverser une ligne ou de marcher sur une bordure. On suit ses pérégrinations chez son psy, mais surtout on entre véritablement dans son esprit, et on se figure plus facilement ce que représente une telle phobie. C’est ainsi que sur un mode tragicomique, semi-gore et ironique, des séquences d’animation nous montrent le héros qui se voit découper vivant selon les lignes indiquées par la bordure des pavés de la rue.

L’image est intéressante et possède une vraie qualité artistique, le sujet aussi tient la route. Ce n’est pas un film qui aurait retenu mon attention autrement, mais ce n’est pas mal. Il a eu le Prix Audi.

Skhizein de Jérémy Clapin (animation – 35mm – 1.85 – 13′)
C’est le parfait petit film d’animation qui retient l’attention par son graphisme original et son style, mais aussi pour son scénario totalement surréaliste et à moitié inquiétant. Le héros, dont la voix est celle de Julien Boisselier, est atteint par la chute d’une gigantesque météorite. Le seul symptôme de cette rencontre est assez handicapant, en effet, il se retrouve décalé de 91cm par rapport à lui-même.

Le film est à la fois très drôle, et en même temps assez sombre, puisque le héros doit vivre avec ce handicap, qui ressemble plus à une sorte de schizophrénie rampante. En tout cas, l’animation est originale et de grande qualité, avec le graphisme des personnages qui a un style très personnel (que j’aime beaucoup). Il a eu le prix du meilleur film d’animation francophone.

« Citizen Versus Kane » de Shaun Severi (20′)
C’est certainement le court qui m’a le moins plu, et c’est pourtant celui qu’on pourrait s’attendre à voir dans un MK2. En effet, c’est assez drôle et simple comme histoire, mais ça n’a justement pas beaucoup d’originalité. On se trouve sur un tournage d’un film, et le réalisateur a une dent contre le comédien principal qui est un alcoolique invétéré. Après une énième dispute, le film est dans un cul de sac, au grand dam du producteur. Mais voilà que l’acteur casse sa pipe dans sa caravane, et le producteur y voit un comédien idéal, puisque ce sont ses initiatives qui gâchaient tout. Il ne dit donc rien à personne, et décide de faire « jouer » le cadavre pour finir le film !!

C’est le prix Canal +, et encore une fois, on a vu des courts-métrages très similaires, donc rien de transcendant. Par contre, c’est assez rigolo en effet, et plutôt bien ficelé, tourné, joué. Mais rien de plus quoi…

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