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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Lettres à l'archiduchesse Marie-Christine 1760-1763 : Je meurs d'amour pour toi… (Isabelle de Bourbon-Parme, présentées par Elisabeth Badinter)

Isabelle de Bourbon-Parme… petite-fille de Louis XV du côté de sa maman, et petite-fille de Philippe V d’Espagne du côté du papa. Bref, c’est de la sacrée ascendance ça !! Mais je dois avouer que je la respecte beaucoup plus pour avoir eu l’insigne honneur d’attirer l’attention d’Elisabeth Badinter, illustre femme s’il en est. Cette dernière présente là la correspondance entre Isabelle de Bourbon-Parme et sa belle-soeur, l’archiduchesse Marie-Christine.

Isabelle était apparemment dotée de tous les charmes et de toutes les qualités, une coqueluche de toutes les cours et les salons. Elle épouse le futur empereur Joseph II d’Autriche, et là encore elle fait la conquête de toute sa belle-famille, notamment sa belle-mère Marie-Thérèse qui n’arrête pas de louer les qualités d’Isabelle. La petite Bourbon-Parme, à en lire ses lettres, était surtout une habile stratège et fine psychologue, qui se faisait beaucoup aimer avec un certain machiavélisme. Elle révèle quelques secrets d’entourloupette dans ses missives qui montrent qu’elle n’était pas si innocente et candide.

Mais si Elisabeth Badinter s’y intéresse c’est à la fois parce qu’il s’agissait d’une personne d’une rare intelligence, quelque-chose de pas si commun à l’époque pour une femme, une de ces « princesses philosophes », mais aussi pour cette incroyable correspondance. En effet, Isabelle écrit billets sur billets à sa belle-soeur Marie-Christine et les sentiments qu’elles nourrissent l’une pour l’autre, sont assez explicites. Clairement elles étaient lesbiennes !!

L’intérêt de l’ouvrage réside presque plus dans la large préface d’Elisabeth Badinter que dans les contenus des billets en eux-mêmes. Le texte introductif est bourré de références et d’explications vraiment passionnantes, tandis que les billets sont l’exacte représentation de ce qui serait aujourd’hui une conversation MSN ou bien un échange de SMS. Mais du coup il y a un certain charme à lire cela, et on se retrouve vite terriblement surpris de la liberté des propos, surtout saphiques !! On y trouve aussi quelques traits d’époque qui sont assez choquants maintenant, mais qui apparemment étaient tout à fait courant. Par exemple, elle s’exprime très largement sur son transit intestinal en y mettant des formes « assez » crues.

On y lit avant-tout déclarations sur déclarations, les plus enflammées et passionnées, et on imagine bien les sentiments qu’Isabelle nourrissait pour Marie-Christine (apparemment réciproques). Mais le style, même s’il est assez flamboyant et précieux parfois, n’est pas non plus extraordinaire, et ce n’était pas le but, puisque nous sommes au contraire dans une correspondance superficielle et « jetable ». Il est d’ailleurs drôle de constater que les modes de communication que nous inventons pour le plus grand nombre, existaient finalement il y a déjà quelques temps pour quelques uns.

Vraiment ce n’est pas une lecture impérissable, mais le tout revêt un certain charme. Comme si l’on avait accès aux échanges MSN de deux jeunes femmes mariées et dignes qui s’écrivent des mamours et des remarques plus salaces, mais il y a 250 ans !!

L’avis des copines : [elle] et Tolichou avec plein de citations qui illustrent très bien mes propos !!

Lettres à l'archiduchesse Marie-Christine 1760-1763 : Je meurs d'amour pour toi... (Isabelle de Bourbon-Parme, présentées par Elisabeth Badinter)

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