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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

L'attaque (facile) des diaristes

VS parle de son écrivain fétiche, Renaud Camus, et de la manière dont il reçoit beaucoup de courrier du fait de la publication de journaux intimes. Elle évoque surtout cette manie des lecteurs de juger l’écrivain sur la base des informations qu’il accepte de livrer, et qui reviennent souvent à tendre un bâton.

Pour le critique se pose un problème éthique: peut-on utiliser contre un homme les mauvaises pensées ou actions qu’il expose dans son journal pour porter sur lui un jugement moral? D’une part le procédé est désagréable (puisqu’il consiste à profiter d’aveux librement consentis, d’une confiance accordée), d’autre part le journal est déséquilibré: le journal est toujours un portrait à charge, l’auteur dépeint ses mauvaises actions, ses mauvaises pensées (met-il une joie perverse à se décrire sous son mauvais jour?), ce qui l’attriste, ce qui l’énerve, ce qu’il aime, ce qui le rend joyeux, ou heureux, mais omet systématiquement — ce qui va de soi naturellement — ses bons mouvements ou ses actes de générosité

J’ai plusieurs fois parlé de ce phénomène qui est certainement celui qui m’agace le plus dans le blogging. J’aime souvent raconter des anecdotes où je n’ai pas forcément le beau rôle, où je me remets aussi en question, où même j’étudie mes propres “défaillances”. Et je récupère forcément les commentaires les plus judgemental et patronizing de la place.

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  • Ce n’est pas propre au blogging, c’est comme ça pour n’importe quelle conversation qu’on peut avoir avec quelqu’un, ce qu’on raconte de soi ou pas, ce qu’on nous voit faire et pas…dans ce cas plus personne ne peut juger ou avoir un avis, forcément biaisé et incomplet sur quelqu’un… Si on écrit un blog, faut forcément s’attendre à avoir des réactions par rapport uniquement à ce qu’on écrit et rien d’autre.
    Tu me sembles loin d’être celui qui peut raconter potentiellement des horreurs sur lui-même. Il y a plein de blogs + ou – trash qui servent un peu de défouloir à leurs auteurs, avec + ou – de sérieux, et qui, si on s’en tenait à ce qu’ils écrivent, décriraient leurs auteurs comme des sortes de monstres qu’ils doivent rarement être. Tu en es loin.

  • Je pense aussi que c’est parce que les lecteurs de blogs entre autres ne se rendent pas compte que l’on écrit parfois ce que l’on ressent à un moment T.

    Il m’est arrivé de relire le journal intime que je tenais il y a 7 ans. Et j’ai été choqué. Choqué de ce que la colère, la tristesse et même la joie ont pu me faire écrire à cette époque.

    Ce que nous livrons, ce que nous acceptons de partager n’est qu’une pensée qui finalement est aussi grande qu’une seconde sur toute une vie.

    Mais pour les lecteurs cette pensée est figée.

    Nous écrivons comme on coule du béton. Une couche écrase une autre. La tristesse d’aujourd’hui écrase la haine d’hier qui écrase la joie d’avant-hier. Les lecteurs lisent et figent.

    Je pense que nous sommes aussi coupables. Tout le monde a de mauvaises pensées. Tout le monde peut avoir sa seconde d’immoralité. Mais comme les pensées sont faites pour rester en tête, personne ne s’en offusque.

    Nous, il nous arrive d’écrire ces pensées. On dit que les gens vont trop loin en les mettant en action. Peut-être que nous allons déjà trop loin en les écrivant.

  • A partir du moment où l’on s’expose dans des positions peu avantageuses, le jugement moral vient de fait.

    Se dire que l’effet produit sur sa propre personne puisse servir quelques-uns, ne serait-ce qu’un seul lecteur, le rend tout de suite bien plus supportable.

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