Voilà un de ces films qui a fait parler de lui par un bon bouche-à-oreilles (et son Ourson d’argent berlinois) et qui se révèle aussi bon que surprenant. Surprenant plus par mon étroitesse d’esprit j’imagine qu’autre chose, car j’ai été plutôt abasourdi par l’image des femmes iraniennes par rapport aux clichés que j’entretenais sur le sujet. Même s’il s’agit d’une jeunesse dorée et d’un milieu très particulier, il n’empêche qu’on nous montre là des femmes qui ne sont pas soumises ou réduites au silence, mais au contraire un éventail de personnages qui étonnent par leur liberté de ton, leur indépendance et leur autorité sur les (leurs) hommes.
Outre cela, le film présente une histoire simple mais rondement menée, comme un étrange mélange entre thriller, comédie de moeurs et récit contemplatif. On ne sait pas bien où le réalisateur va nous mener, et ce mélange des genres en oxymoron est au final des plus agréables. Elly (Taraneh Alidousti), puisque c’est « à propos d’elle », est une jeune institutrice qui est invitée par la maman d’une de ses élèves à passer un week-end entre couples d’amis à la campagne, près de la mer. Et il y a notamment Ahmad (Shahab Hosseyni) qui est en visite alors qu’il vient d’Allemagne, et qu’il est récemment divorcé. Implicitement, la bande d’amis voudrait rapprocher les deux célibataires. Ces joyeux lurons commencent leur week-end en galérant pour trouver une maison délabrée sur la plage, mais tout le monde y met du sien et l’ambiance est chaleureuse, même si Elly reste discrète et mystérieuse. Alors que cette dernière surveille les enfants d’un des couples qui jouent près du rivage, elle disparaît… Accident, fugue, suicide ? On ne sait pas…
Le film présente ces couples modernes comme autant de facettes de cette jeunesse iranienne plutôt à l’aise financièrement, et colle à ce qu’on en connaît tout en cassant pas mal de clichés. C’est-à-dire qu’on y voit des matrones castratrices, comme des femmes indépendantes et rigolardes, mais aussi des épouses discrètes et dévouées. Les hommes sont aussi des maris tendres et compréhensifs, comme plutôt violents et dominateurs selon les couples figurés. Mais je trouve que la différence entre mes clichés et cette réalité là réside aussi dans la manière dont les femmes portent le voile. Il s’agit d’un foulard coloré qui laisse voir quelques mèches de cheveux, évidemment qu’elles ne le quittent pas, mais il a tout d’un ornement et apparaît beaucoup plus comme un élément d’apparat classique et rituel, que comme un instrument sexiste et réducteur.
La réalisation et le jeu des comédiens sont vraiment excellents, et le film a une touche résolument moderne. Je veux dire par là que ce n’est absolument pas chiant ou « arty », mais au contraire tourné et raconté d’une manière simple et universelle. Ainsi on ne peut qu’être touché par cette histoire qui pourrait arriver à n’importe qui dans mon entourage. Et cela fait du bien de voir un film iranien dont on se dit que l’intrigue pourrait être transposée en Bretagne (par exemple) quasiment sans retouche ou adaptation !
Certains moments sont un peu plus lents mais m’ont paru magnifiques, et servant merveilleusement l’intrigue et cette ambiance singulière. En outre, moi qui ai toujours un peu de mal avec les mystères non résolus et laissés à l’appréciation des spectateurs, je n’ai pas été déçu puisqu’à la fin toutes les explications sont données, et on comprend le pourquoi du comment. Cela m’a donné envie de découvrir les autres films de Asghar Farhadi, mais encore faudrait-il pouvoir se les procurer…
Je ne vois pas trop quand ni avec qui y aller, mais n’empêche, le voir, tu donnes envie.
Encore un film que mon mec voudra voir et duquel on sortira totalement anesthésiés sexuellement!
si tu veux sortir du cliché de la femme iranienne soumise, je te recommande ‘Divorces à l’iranienne’, tourné dans un tribunal des divorces à Téhéran: l’un des personnages en particulier est une jeune femme qui a compris que pour arriver à ses fins et faire respecter ses ‘droits’ (non ou mal reconnus dans son pays)dans cet environnement il lui faudrait crier très très très fort (littéralement).
film à la mise en scène plus que puissante, rappelant à certains niveaux les tragédies grecques
je suis un acter iranien ici en France je travaille avec un réalisateur rus mais franchement j’ai pas compris exactement le but du film.malgré ca pour moi c’était vachement attirant.
je suis un acter iranien ici en France je travaille avec un réalisateur rus mais franchement j’ai pas compris exactement le but du film.malgré ca pour moi c’était vachement attirant
Je découvre peu à peu des perles du cinéma iranien, et je suis soufflée par le talent de ses réalisateurs.
J’ai encore plus aimé “Une séparation” que “A propos d’Elly”, c’est dire!