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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Mary & Max

Je suis toujours ébahi par ces véritables artistes qui passent plus d’une année à faire un film à base de pâte à modeler, et qui, à l’époque des images de synthèse et du tout « ordinateur », se prennent la tête à modéliser des décors entiers, et à nous servir les 24 images par seconde nécessaire pour donner vie à leur histoire. Pour « Mary & Max » cela va encore plus loin, puisque non seulement les décors et les personnages sont d’une stupéfiante et magnifique beauté et expression, mais en outre le scénario est étonnant, drôle et émouvant. Bref, j’ai été conquis.

Mary est une gamine australienne de 8 ans qui est assez malheureuse dans la vie. En effet, elle n’a pas d’amis, une mère pas très sympathique, mais heureusement beaucoup d’imagination et d’espoir. Elle décide notamment un jour de jeter une bouteille à l’eau et prend un nom au hasard dans l’annuaire. Elle tombe sur un certain Max Horowitz de New York, et elle lui écrit une lettre pour qu’il devienne son ami. Ce dernier est un autiste (atteint du syndrome d’Asperger, tout comme Daniel Tammet) qui vit aussi très seul, et tente de maîtriser ses crises de panique et d’anxiété dès que ses rituels sont troublés. Max répond à Mary, et les deux olibrius vont mener une relation épistolaire sur plus de vingt ans !!!

Ce film est un bijou d’inventions, de drôleries, d’une narration parfois neurasthénique et dépressive, souvent très poétique et pleine d’émotions, qui saisit bien fréquemment le spectateur. Comme souvent avec la pâte à modeler les expressions des visages sont très précises et ciselées, et ces productions artisanales permettent souvent (comme pour celles de Nick Park et Peter Lord) d’incroyables prouesses qui surpassent les images de synthèse, et font que ce genre a un style et des qualités intrinsèques indéniables. Et là je pense qu’Adam Elliot a particulièrement assuré… Les décors sont en effet géniaux, malgré des palettes de couleur très uniformes (noir et blanc pour New York, ou marron pour l’Australie), et on imagine sans peine le travail titanesque pour réaliser tout cela. De même que l’animation des personnages est impeccable, et que la réalisation est tout bonnement analogue à celle d’un « vrai » film.

Et pourtant le film prend son temps avec un récit qui se déroule à la vitesse des échanges de courrier entre les deux héros. La première partie se focalise sur Mary et son histoire, et puis ensuite on découvre Max et sa propre genèse, et c’est seulement après que les échanges épistolaires commencent. Mais je n’ai pas trouvé ça long ou chiant, malgré un rythme vraiment pas enlevé. Je crois que c’est dû à ces deux personnages qui sont si attachants, et dont les histoires fourmillent de tant de névroses et de péripéties que ça pousse vraiment à s’attarder sur eux, et à avoir très rapidement envie d’en découvrir plus, et de connaître la suite de leur relation. Les voix de Toni Collette, Philip Seymour Hoffman (les deux héros), mais aussi Eric Bana en un désopilant (et très sexually confused) Damian Popodopoulos, contribuent aussi à la réussite de cette oeuvre.

C’est tout sauf un blockbuster américain ou même un film d’auteur froid et intello, on est vraiment dans ce que j’aime tant dans le cinéma. Il s’agit d’une oeuvre simple et belle, intelligente et sensible, avec quelques ressorts assez faciles je le consens, mais qui mêle avec une rare alchimie une histoire dense et attachante, un divertissement efficace et une forme plutôt puérile (celle des films pour enfants en pâte à modeler en tout cas) qui se révèle diablement efficace.

L’avis des copines : Le Juif, Julien.

Mary & Max

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