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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Juliet, Naked (Nick Hornby)

Jusqu’à “Vous descendez ?“, j’avais pas mal suivi les bouquins de Hornby avec notamment “Haute Fidélité” (1995) (génial !!), “A propos d’un gamin” (1998) ou “La bonté, mode d’emploi” (2001). Mais j’avais été un peu déçu par “Vous descendez ?” (2005), et donc j’avais perdu l’auteur de vue. “Juliet, Naked” est un heureux retour en force de l’auteur. J’y décelé avec bonheur l’essence même du talent de Hornby : dépeindre des couples improbables et dépressifs sur fond de musique encore plus dépressive. Car lire un roman de Nick Hornby, c’est bien souvent écouter les disques qu’on passe dans le bouquin, et il a une incroyable capacité à faire entendre de la musique par l’écrit.

Le roman démarre par un couple boiteux, c’est un type, Duncan, dont la passion ultime dans la vie est d’être fanatique d’un chanteur has-been des années 80 : Tucker Crowe, et sa petite amie, Annie, qui supporte un voyage aux USA consacré à suivre à la trace le parcours (minable) de cette idole oubliée. Ils rentrent dans leur petite ville balnéaire de Gooleness, dans le nord-est de l’Angleterre, et Annie retourne à son organisation d’exposition au musée local. Duncan est hyper assidu à un site internet de fans du chanteur, et ses contributions font de lui un personnage remarqué de cette communauté. Il reçoit un jour un CD d’une maison de disque qui lui demande son avis de fan, c’est une compilation de démos jamais sorties de l’album mythique de Tucker Crowe : Juliet. L’album va s’appeler “Juliet, Naked”. Duncan est tellement content d’avoir en main avant tout le monde cet album qu’il s’emballe un peu et en pond un billet dithyrambique sur son forum. Annie qui en pense le contraire se fend d’une critique un peu plus franche et acerbe, ce qui agace fortement son petit ami… Ce dernier finit par coucher avec une femme, et le couple se délite rapidement. Entre temps, Annie reçoit un email en réponse à sa critique sur le forum, et c’est Tucker Crowe lui-même qui lui écrit pour la féliciter de la justesse de son texte. Ce dernier vit en ermite avec son fils et la mère de celui-ci, qui vient de le larguer. Annie et Tucker commencent une relation épistolaire intense, tandis qu’ils mènent des existences assez déprimantes.

Le roman fait un peu plus de 300 pages, ce qui n’est pas énorme, mais j’ai à peine brossé le début du commencement de l’intrigue, et c’est aussi une des qualités de Nick Hornby : il raconte plein de choses. Sa narration est dense et riche, pleine de rebondissements, de flash-backs, de descriptions aussi visuelles qu’auditives, et on a l’impression d’avoir lu des milliers de pages alors que pas du tout. Ce qui est marrant c’est que le récit est en effet très riche, mais dans le fond il s’agit tout de même de gens dépressifs avec des vies de merde, qui écoutent des chansons tristes. Du coup ce contraste est frappant mais il en fait tout l’intérêt et l’originalité du bouquin. Il faut préciser aussi que Nick Hornby a aussi un humour et une ironie bien britanniques qui rendent certains passages plus légers et parfois franchement drôles.

Tout cela n’est vraiment pas sans rappeler “Haute Fidélité” et c’est vrai que les échos ne sont vraiment pas anodins, même avec 15 ans d’écart. On y retrouve en tout cas le même humour et dérision, tout en continuant à s’interroger sur la vie de couple, et sur l’après-jeunesse. Les personnages sont très touchants, et j’ai été facilement embarqué dans leur vies un peu mornes, et tellement ordinaires. J’ai, en revanche, été un peu plus décontenancé sur la fin, et sur une mécanique narrative qui s’épuise assez rapidement. En effet, on se demande un peu si l’auteur n’a pas eu du mal à trouver même une fin à son ouvrage. Elle arrive un peu rapidement, parce qu’on tournait autour bien sûr, mais sans que les intrigues soient clairement terminées, en tout cas sans un fil très clair et un chemin bien balisé pour le lecteur. D’où un arrière-goût d’inachevé qui ne me plaît pas trop, mais qui est souvent l’apanage des bouquins dans lesquels on se sent bien !

Juliet, Naked - Nick Hornby

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  • Hello – visite annuelle de par ton blog, et cette coincidence, je sors aussi de lire ce livre.
    D’accord avec tout ce que tu dis – avec peut-être cette réserve sur Nick Hornby que je lis souvent avec plaisir, mais toujours avec frustration, avant d’en être arrivé à cette conclusion: ce type n’est pas un écrivain, pas vraiment – un conteur non plus, mais juste un raconteur. On passe des moments agréables avec lui, on est distrait, quelquefois peut etre ému, surpris, amusé ou déçu – et il en va ainsi jusqu’à la dernière page, où l’on se dit: bon, ok, et pourquoi je me lirais pas un livre maintenant ?

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