Je disais que Robert Silverberg usait parfois de la veine fantastique à dose homéopathique dans ses romans, mais là c’est encore plus discret. C’est pourtant un de ses meilleurs bouquins selon la critique, et en effet c’est certainement le mieux écrit et le plus “fin”.
David Selig est doté d’un pouvoir qui aurait pu lui apporter gloire et fortune : il peut lire les pensées d’autrui. Au contraire, il a un peu une vie de merde, sans amour, sans vie sociale, et un job qui consiste à écrire les devoirs d’étudiants new-yorkais flemmards moyennant quelques dollars. Pour couronner le tout, David sent son pouvoir exponentiellement décliner, et il comprend que dans quelques mois il en sera totalement dépourvu.
Voilà donc un roman de SF des plus surprenants, puisque ce David Selig a beau être télépathe, on a plutôt l’impression de suivre les péripéties d’un bon Woody Allen. Robert Silverberg a clairement écrit là une quasi biographie, en mettant en tout cas beaucoup de lui dans ce liseur de pensées à l’existence bien morne et tourmentée. David Selig raconte comment il a découvert son don, et tous les épisodes de sa vie, enfance, adolescence, rencontres importantes… Et les femmes évidemment, et surtout Toni qu’il perd un peu bêtement, en lui révélant notamment son pouvoir.
Le roman est puissant dans sa faculté à nous faire rentrer dans l’esprit de cet homme qui lit les esprits des autres. Mais surtout, Robert Silverberg donne là un récit assez inhabituel avec beaucoup de mélancolie, d’introspection, de doute et de remise en question, de questionnements philosophiques que le héros formule pour mieux se situer face à son destin et son “habileté”. De la SF sans faire de la SF mais qui finalement donne un sacré roman de SF, voilà c’est un peu ça… Hé hé.
[blog] L’oreille interne (Robert Silverberg) – https://blog.matoo.net/index.php/archives…
Merci pour cette idée de lecture ! Je viens de finir “Les Temps parallèles” du même auteur, l’un des bouquins les plus jubilatoires que j’ai lus !
Ce bouquin fait aimer la SF ! Merci de le faire connaître, c’est une oeuvre qui mérite le détour, et plus encore si on aime Kafka, Beckett et l’entropie…